Un champion de patinage s'est envolé



Médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014, le patineur artistique Kazakh Denis Ten, s'est éteint le 19 juillet 2018 à Almaty après avoir été poignardé pour le vol de sa voiture.


Denis Ten. Photo (c) Deerstop

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La nouvelle a choqué son pays, le Kazakstan, mais aussi toute la communauté du patinage dans le monde. Le patineur olympique de 25 ans a été poignardé mortellement alors qu'il finissait de déjeuner avec un ami dans le centre ville de la capitale économique du Kazakhstan, à 9h du matin. Ce dernier "a surpris deux personnes non identifiées qui tentaient de voler des rétroviseurs de son automobile" a indiqué le parquet. "A la suite de la bagarre (avec eux), Denis a été poignardé", a-t-il précisé, ajoutant que Denis Ten est décédé à l’hôpital des suites de ses blessures à la cuisse, où il a perdu environ 3 litres de sang. Le Conseil olympique d'Asie (COA) ainsi que la Fédération internationale de patinage (ISU) a exprimé le lendemain leur sentiments sur le "choc et l'immense tristesse de cette perte: Le monde du patinage pleure la disparition de Denis Ten du Kazakhstan, un de leurs athlètes les plus chers, qui a été poignardé dans un acte de violence brutal et insensé le 19 juillet".

Denis Ten a non seulement écrit l'histoire du sport en devenant le premier patineur kazakh à remporter une médaille olympique, la bronze en 2014 et des médailles aux Championnats du monde de patinage artistique de l'ISU, mais il a placé le Kazakhstan sur la carte du patinage artistique. Plus que cela, Denis a inspiré de nombreux autres patineurs du monde entier. Il était un jeune homme brillant, non seulement un patineur à succès, mais aussi un musicien et auteur-compositeur talentueux, photographe et écrivain, un étudiant intelligent plein de centres d'intérêts. Il a poursuivi de nombreux projets et a organisé son propre spectacle de patinage "Denis Ten and Friends". La dernière édition vient d'avoir lieu il y a quelques semaines. Denis a participé à deux projets de films et a fait partie de l'équipe qui a présenté une candidature pour les Jeux olympiques d'hiver de 2022 dans sa ville natale, Almaty (les Jeux ont finalement été attribués à Beijing). Il était un excellent patineur et "performer" et il a quitté la glace dans le monde des médias, de la société et de la politique sportive. Il a donné des interviews réfléchies et était toujours prêt à faire une blague et à partager son sourire généreux. En même temps, "il était une personne volontaire et il n'a jamais abandonné", a publié l'ISU sur son site internet.


Denis, plus qu'un athlète

Comme beaucoup de ses amis et proches, patineurs de haut niveau, champions du monde et olympique, Denis, était plus qu'un athlète, c'était un artiste. Un passionnée de son sport, un génie technique dans sa discipline, le patinage homme individuel. C'était également un travailleur acharné, généreux et unique, qui savait transmettre aux juges et au public des émotions hors du commun qui se complétaient avec un touché de glace (c'est-à-dire une maitrise du mouvement sur glace) exceptionnelle. Il a commencé à patiner sur une patinoire en plein air à Almaty en hiver et il a ensuite pratiqué sur une patinoire intérieure dans un centre commercial. En 2003, il s'est rendu à Omsk, dans le sud-ouest de la Sibérie, en Russie, pour une compétition de patinage qu'il a remportée. Le juge en chef, Alexander Kogan, l'a invité à une autre compétition à Odintsovo, dans la région de Moscou, Denis rencontra l'entraîneur Elena Buianova (Vodorezova) et commença à s'entraîner avec elle au CSKA Moscou. Il participa à des compétitions internationales au cours de la saison 2006-2007, à l'âge de 13 ans. C'était la première année où il était admissible à la compétition de niveau junior de l'ISU. Le 5 octobre 2006, il a fait ses débuts sur le circuit de Grand prix junior (JGP) qui regroupe les plus grosse compétitions internationale de patinage et permet des qualifications aux championnats d'Europe et du monde par les fédérations. Au fur et à mesure de sa carrière, il s'entrainera en Russie, puis aux États-Unis, en Floride pour perfectionner son talent. Il se révèle aux yeux du monde à l'âge de 15 ans, le 26 mars 2009 à Los Angeles pendant les championnats du monde. en Californie. Le jeune patineur a stupéfié la foule, la presse et les juges avec une performance magique qui l'a catapulté du 17e après le programme court, à la huitième place au classement général après le programme libre. C'était de loin le meilleur classement jamais obtenu par un patineur du Kazakhstan aux championnats du monde. Cependant, établir ce genre de record n'était pas nouveau pour Ten, qui était déjà devenu le premier patineur du Kazakhstan à remporter un Junior grand prix (à l'automne 2008). Ten a ce jour là, déplacé dix milliers de spectateurs au Staples Center et à la télévision avec son magnifique programme libre "Rachmaninov" qui présentait des sauts parfaits, un jeu de jambes rapide, des tours élégants et une expression au-delà de son âge. À la fin, il tomba à genoux et embrassa la glace pendant que la foule se levait pour lui faire une ovation debout.

Plus tard, la consécration se fera avec, une médaille d'argent aux championnats du monde de 2013, une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Sotchi, puis une autre médaille de bronze aux championnats du monde de 2015. Lors d'une de ses dernières interviews, il déclarait: "L'athlète est un personnage qui vit sur un script, qu'il choisit lui-même. Quand j'ai commencé à faire du sport, ma première motivation était le désir de développement personnel. Quand j'ai commencé à avoir des dispositions techniques mes pensées se sont tournées sur les résultats. (...) C'est juste arrivé que je sois le premier patineur du Kazakhstan à remporter une médaille aux championnats du monde et aux Jeux olympiques. C'est le mérite de mes parents et d'une équipe fantastique d'entraîneurs qui ont travaillé avec moi, mais en même temps c'est une série d'événements uniques qui ont fait de moi ce que je suis. Difficile de dire que c'était ma mission, que j'avais tout prévu pour relancer le patinage artistique au Kazakhstan. Je n'ai pas eu un tel but. Mais une fois qu'il s'est avéré, j'ai pris cette responsabilité, c'est devenu ma motivation pour continuer ma carrière".

Hommages et faits

Ainsi, Denis Ten est rentré dans l'histoire de son pays comme le premier athlète en patinage à remporter une médaille olympique et à monter sur des podiums internationaux. Il était surnommé "le petit prince du Kazakhstan". "C'est difficile de comprendre et d'accepter ces nouvelles vraiment terribles sur la mort de Denis Ten", a déclaré le président du COA Cheikh Ahmad Al Fahad Al Sabah dans un communiqué. Sa mort est en effet abondamment commentée sur les réseaux sociaux tels que Instagram, Twitter et Facebook. La vice-championne olympique de patinage, la prodige Russe Evgenia Medvedeva a par exemple déclaré sur son compte Instagram: "Denis me paraissait être le plus drôle, et le plus non conventionnel et l'une des personne les plus créatifs du monde du patinage artistique. C'est impossible à croire, je ne veux pas et je ne pourrai pas y croire. Je suis désolée pour tous les proches de Denis. N'oubliez jamais son sourire". De même pour le champion olympique de Vancouver 2010, le patineur américain Evan Lysacek: "Je suis rempli d'horreur et de tristesse d'apprendre le meurtre insensé de mon ami incroyablement talentueux et partenaire d'entrainement. Denis était une âme rare et spéciale; l'un des jeunes hommes les plus bienveillants que j'ai jamais connus; un trésor pour le monde du patinage et pour son pays du Kazakhstan, où il a fait d'énormes progrès dans la promotion du sport, du patinage et de la positivité. Il était idolâtré par tant et aimé de tous ceux qui le connaissaient. Mes pensées et mes prières accompagnent sa famille, qui a vécu toutes les étapes de sa carrière de patineur avec lui. Je ne peux pas m'empêcher de voir sa mère assise dans les gradins de la patinoire jour après jour, observant avec une telle fierté dans les yeux, que son fils pratiquait ce qu'il aimait. Mon cœur pèse si lourd pour elle et pour tous ceux qui ont eu la chance de connaître Denis. Une vie d'excellence coupée à court. Repose en paix, mon cher ami".

Pendant les funérailles du patineur au palaIs des sports de sa ville natale, des milliers de femmes se sont réunies pour lui rendre un dernier hommage. Certains ont ramené des fleurs, tandis que d'autres, ont brandi des pancartes marqués d'un "Pardonne-nous, nous n'avons pas pu te sauver". La dernière chanson que Denis avait écrit et composé avant sa mort, intitulé "Elle ne sera pas mienne", accompagnait la cérémonie.







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