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Par Ange Philippe Mattei Rédigé le 14/04/2014 (dernière modification le 13/04/2014)

Chaque année, plus de 300 millions de tonnes de plastique soit plus de 8400 kilos par seconde sont produites dans le monde. Et 10% finissent dans les océans!


Un continent plus que dangereux

Le "7e continent" est une immense plaque d’ordures - mesurant six fois la France - évoluant dans cinq grand bassins océaniques, au sein du Pacifique Nord, mais aussi du Pacifique Sud, de l'Atlantique Nord et Sud et de l'océan Indien. En réalité, il s’agit plus d’une soupe de déchets, constituée de détritus épars. Cette pollution, invisible depuis l’espace, se trouve dans tous les océans de la planète.
Après une première mission dans le Pacifique l'année dernière (mai 2013), l’Expédition 7e continent partira du 5 au 25 mai de Martinique vers la mer des Sargasses, dans l’Atlantique Nord, pour traquer ces objets polluants sur les océans et afin de sensibiliser l'opinion publique à la réalité du phénomène. Une dizaine d'explorateurs vont embarquer à bord d'un catamaran et mettre le cap donc sur l'Atlantique Nord. L'objectif: repérer et cartographier les zones polluées, localiser le gyre, phénomène de courants océaniques qui concentrent les déchets sur l'eau, et transmettre les coordonnées afin d'amener un bateau spécialisé sur les zones concernées.

La plaque de déchets la plus importante a été découverte par pur hasard par le navigateur Charles Moore en 1997. Dès lors des expéditions sont menées dans cette zone de 3,4 millions de km2 où on dénombre 334.271 fragments de plastique par km2 en moyenne, avec des pics à 969.777 fragments par km2.
La masse de plastique y est six fois plus élevée que celle du plancton, pour un poids estimé de plusieurs dizaines de milliers de tonnes à plusieurs millions, selon différentes études, dont les modes de calcul et résultats divergent.
C’est une multitude de micro-plastiques - dont le diamètre est souvent inférieur à 5 mm - qui se trouve en suspension à la surface et jusqu'à 30 mètres de profondeur.


De l'Atlantique à la Méditerrannée

Dans cette zone, d'une taille comparable à celle de sa voisine du Pacifique, les eaux renferment jusqu'à 200.000 débris par km2, en Méditerranée cette fois. Si aucun gyre permanent n'y existe, des tourbillons ponctuels et les importants rejets des États côtiers entraînent aussi une accumulation de détritus.
En 2011, l'expédition MED (Méditerranée en danger) évalue à une moyenne de 115.000 particules par km2 les déchets qui contaminent la mer.
Là le poids total de ces plastiques est moins impressionnant: 600 tonnes, à raison d'une moyenne de 1,8 mg par déchet. Mais le risque, c'est de voir ces quantités augmenter considérablement avec le temps, la Méditerranée étant quasi-fermée.

Aggravation à craindre

Les déchets qui peuplent les océans proviennent en effet à 85% des terres, portés par le vent ou les rivières. Quant au reste, il tombe des navires de commerce.
Il y a quelques décennies, les débris flottants étaient détruits par les micro-organismes, mais cela n'est plus le cas avec l'arrivée des plastiques - essentiellement du polyéthylène, du polypropylène et du PET - qui constituent 90% des déchets maritimes. Or, ces quantités ne cessent d'augmenter.

Une preuve de l'aggravation du phénomène vient d'être apportée par une nouvelle étude de l'université de Californie à San Diego, elle sera publiée le 9 mai 2014. Selon les scientifiques, la concentration de micro-plastiques a été multipliée par 100 au cours des 40 dernières années, or les plastiques mettent des centaines d'années à se dégrader.
Lorsqu’ils se fractionnent en petits morceaux, ce phénomène ne fait en réalité qu'empirer les choses. Devenu réduit, le plastique constitue une grave menace pour la biodiversité: il peut ainsi être ingéré par les poissons, les oiseaux et autres organismes marins, occasionnant blessures et étouffements. Sans compter que ces déchets génèrent des substances toxiques dans les océans et peuvent créer un déséquilibre des écosystèmes.

Le nettoyage de cet océan de déchets et de plastique est impossible! Cependant est-ce que cela est totalement néfaste? Peut y avoir un petit espoir? Le plastique, s'il s'avère donc largement néfaste, aurait néanmoins un effet, positif cette fois, en ce qui concerne les micro-organismes.
Dans les océans, le phytoplancton coule vers le fond. Mais dans les gyres où se trouvent les plaques de déchets, il se fixe sur des petites particules de plastique, qui le maintient à la surface. Il est donc plus exposé au rayonnement solaire, ce qui augmente le taux de photosynthèse.
L'hypothèse sur laquelle travaillent les chercheurs est celle d'une plus forte absorption du dioxyde de carbone (CO2) de l'atmosphère. Une lueur d'espoir en effet, car l'énergie solaire permet à ces micro-organismes de réaliser la photosynthèse nécessaire à leur développement en se nourrissant de dioxyde de carbone.

Une maigre consolation toutefois. La présence de ces déchets a favorisé le développement d’une araignée d’eau, Halobates sericeus.
Cet insecte a trouvé dans cette nappe plastique solide le terrain propice à sa reproduction. Selon l’étude, il est en train de proliférer dans le Pacifique Nord. Il s’agit d’un mets de qualité pour les crabes, les poissons ou les oiseaux de mer, mais hélas c’est aussi un prédateur pour le zooplancton et les œufs de poissons.
Si la densité de micro-plastiques continue à augmenter, les espèces qui lui sont associées pourraient elles aussi se multiplier au risque de déséquilibrer l’ensemble de l’écosystème du Pacifique et des milliers de poissons, oiseaux et autres mammifères marins mourront. Alors agissons!

Le même phénomène existe dans toutes les mers du globe.
Cette pollution dont on connait peu les conséquences environnementales s’étend sur l’ensemble des océans.





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