Photo (c) Magharebia
Premier changement, dès que je pose ma fatigue dans le siège de l'avion affrété par notre compagnie nationale - alors que les T.O. ne vendent plus de séjours en Tunisie jusqu’au 14 février prochain -, direction Tunis : la femme assise à ma droite me dit dans un français impeccable (à souligner d'ailleurs que les Tunisiens parlent français en utilisant passé simple et imparfait du subjonctif sans qu'aucun de ces temps ne soit abscons pour eux) : "je suis heureuse de voir une Française qui se rend en Tunisie mais..." désignant d'un air résigné les rangées vides des sièges de l'avion "quel gâchis, il n'y a personne". Peinarde (je m'étais procurée tous les quotidiens et hebdomadaires de France et de Navarre) bien décidée à lire et lire encore sur, dans et à propos de cette RÉVOLUTION.... Je me tourne vers elle et, par politesse, lui demande "gâchis ? Vous parlez du départ de Ben Ali ? Car si je fais un raccourci c'est ainsi que nous devons présenter la chose non ?" Aussitôt, avec cette habitude qui caractérise ceux qui ont dû vivre des dizaines d'années dans une ambiance délétère où la liberté d'expression se réduisait à son plus simple appareil et se résumait en trois lettres: "s'exprimer = NON", ma voisine jette un œil inquiet derrière elle puis me souffle : "je suis désolée je me suis mal exprimée : ce régime était une bombe à retardement qui a explosé au visage de ceux qui l'ont fabriqué. Je parlais de notre économie basée sur le tourisme : et là que plus personne ne vienne c'est du gâchis ! Je pense malgré moi que l'on ne fait pas de couscous sans rouler de la semoule. Ou plutôt d'omelette sans casser des oeufs !" Mais les images de ces jeunes Tunisiens qui se sont battus remontent à ma mémoire. Je questionne ma voisine sur le clan Trabelsi et Ben Ali. La voix de la sagesse passe dans ses mots frappés au coin du bon sens "on aurait mieux fait d'écrire la liste de ce qu'ils ne contrôlaient pas ! Mais l'article aurait été court !"
Et voici Wassila (nous sommes devenues potes) qui m'adresse ce sourire éblouissant, celui-là même qui semble prendre naissance dans le coeur des Tunisiens lorsqu'ils vous offrent ces cadeaux-sourires "mais nous avons montré ce dont nous étions capables, nous le gentil peuple du Monde Arabe ! Et ne vous trompez pas : cette révolution PERSONNE ne nous la volera." Wassila n'est pas voilée, elle me dit être bien en accord avec sa religion musulmane et son identité arabe. Je la regarde mieux. Je vois une femme douce et forte qui me demande aussi de l'excuser : "pardon si je pleure quand nous arriverons au sol, c'est que je suis si émue, jamais ne n'aurai pensé vivre de tels moments". Je la rassure en lui répliquant une phrase sortie de ma pochette surprise et... qui me surprend moi-même : "Ne vous inquiétez pas, je crois que lorsque les racines fleurissent cela peut surement faire souffrir."
Nous nous quittons sans échanger nos noms ou nos adresses, comme si nous ne voulions ni l'une ni l'autre rompre l'espace qui nous a contenues autour de mots entre une Française et une Tunisienne à propos de la Révolution...
Deuxième changement : le parking de l'aéroport est gratuit ! "C'était tout pour le clan Ben Ali, maintenant c'est pour le peuple !" explique le chauffeur. Je ne sais pour quelle obscure raison je pense aux 100 euros que va me ponctionner la société française en charge du parking de l'aéroport de Saint-Exupéry à Lyon ! C'est pour le peuple français ?
Et voici Wassila (nous sommes devenues potes) qui m'adresse ce sourire éblouissant, celui-là même qui semble prendre naissance dans le coeur des Tunisiens lorsqu'ils vous offrent ces cadeaux-sourires "mais nous avons montré ce dont nous étions capables, nous le gentil peuple du Monde Arabe ! Et ne vous trompez pas : cette révolution PERSONNE ne nous la volera." Wassila n'est pas voilée, elle me dit être bien en accord avec sa religion musulmane et son identité arabe. Je la regarde mieux. Je vois une femme douce et forte qui me demande aussi de l'excuser : "pardon si je pleure quand nous arriverons au sol, c'est que je suis si émue, jamais ne n'aurai pensé vivre de tels moments". Je la rassure en lui répliquant une phrase sortie de ma pochette surprise et... qui me surprend moi-même : "Ne vous inquiétez pas, je crois que lorsque les racines fleurissent cela peut surement faire souffrir."
Nous nous quittons sans échanger nos noms ou nos adresses, comme si nous ne voulions ni l'une ni l'autre rompre l'espace qui nous a contenues autour de mots entre une Française et une Tunisienne à propos de la Révolution...
Deuxième changement : le parking de l'aéroport est gratuit ! "C'était tout pour le clan Ben Ali, maintenant c'est pour le peuple !" explique le chauffeur. Je ne sais pour quelle obscure raison je pense aux 100 euros que va me ponctionner la société française en charge du parking de l'aéroport de Saint-Exupéry à Lyon ! C'est pour le peuple français ?