Sépulture: les Français se tournent vers l’incinération


Par Rédigé le 01/11/2015 (dernière modification le 01/11/2015)

Les habitudes des Français évoluent. Ils sont maintenant 34% à opter pour l’incinération alors qu’ils n’étaient que 1% en 1979. Cet essor devrait placer la crémation à part égale avec l’inhumation à l’horizon 2030.


Dernier au revoir (c) Cécile Domergue

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Selon un sondage IFOP - Pompes funèbres réalisé en 2010, plus d’un Français sur deux souhaiterait être incinéré. Ce constat marque une évolution de la société française largement devancée en la matière par ses voisins nordiques avec des taux d’incinération qui atteignent 90% à Londres et 95% à Copenhague.

L’acte de brûler un corps post mortem suivi du recueil des cendres dans une urne est légal en France depuis 1889. L’Église catholique a cependant maintenu un interdit concernant cette pratique jusqu’en 1963. Ce dernier a été levé et la crémation est tolérée si cette dernière n’est pas pratiquée pour des motifs allant à l’encontre de la foi chrétienne.
L’incinération s’est initialement développée dans les territoires à prédominance protestante. Dans un second temps, les familles chrétiennes, décomplexées par la tolérance de leur Église se sont progressivement tournées vers ce mode de sépulture, ce d’autant plus qu’une cérémonie religieuse pouvait y être associée.

Comment expliquer la progression de l’incinération en France

Dans un rapport du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vies publié en 2009, la diminution des pratiques religieuses est mise en avant comme favorisant la montée en puissance de la crémation. Mais il n’y a pas que ça, l’incinération s’impose comme le témoin d’une mutation profonde des mentalités. A une période où les aînés partent en maison de retraite plutôt que de vivre au milieu d’une famille multi-générationnelle, la notion de pesanteur de l’individu vieillissant devient de plus en plus prégnante. L’idée de ne pas "peser" sur ceux qui restent s’immisce peu à peu dans les esprits.
Ne pas peser signifie pour certains ne pas coûter, pour d’autres ne pas imposer l’entretien d’une sépulture à la descendance avec toute la ritualisation que cela implique. D’autres ont des convictions écologiques qui les conduisent à opter pour la crémation afin de ne pas peser sur la planète et les générations futures en termes de pollution ou de place utilisée.
Avec l’incinération, les rituels demeurent, les adieux sont possibles mais la temporalité et les contraintes sont allégées. Un ensemble qui explique la forte croissance de ce secteur d’activité.

Le marché de l’incinération: un secteur en plein développement

En 2012, près de 80% des crémations réalisées en France ont eu lieu sans être accompagnée d’une cérémonie dans un lieu de culte. Les professionnels du secteur ont été conduits à offrir une prise en charge globale tournée vers le défunt et ses proches.
C’est ainsi que se sont développés: les cérémonies civiles, les maisons funéraires (permettant aux proches d’honorer le défunt), les columbariums (sites accueillant les urnes cinéraires) et les jardins du souvenir qui sont un lieu d’accueil pour les cendres des défunts.
Les columbarium et jardins du souvenir se sont développés du fait d’une demande exponentielle d’incinération mais également du fait de la loi du 19 décembre 2008 qui modifie les dispositions concernant les cendres des défunts après la crémation. La loi stipule que "les urnes ne peuvent plus être conservées par les familles au domicile. Le partage des cendres n’est plus permis".

Vidéo archive de l'interview de Jean Ruellan, directeur des relations publiques aux Pompes funèbres générales






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