Un scrutin historique
Norbert Hofer en 2014. Photo (c) Franz Johann Morgenbesser
Le dimanche 24 avril 2016 fera date dans l'histoire politique autrichienne. Avant même le second tour de l'élection présidentielle, qui se tiendra le 22 mai 2016, on sait déjà que ni le SPÖ (sociaux-démocrates), ni l'ÖVP (chrétiens conservateurs) n'obtiendront la présidence du pays et ce alors qu'ils se partageaient le poste depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
C'est en effet le FPÖ - un parti fondé par d'anciens nazis en 1955 - et son candidat Norbert Hofer qui sont arrivés largement en tête avec un score de 35,1%.
C'est en effet le FPÖ - un parti fondé par d'anciens nazis en 1955 - et son candidat Norbert Hofer qui sont arrivés largement en tête avec un score de 35,1%.
Une classe politique perçue comme dépassée et trop âgée
Celui-ci a su profiter du contexte particulier de l'arrivée massive des migrants et de la peur, ressentie notamment par une partie de l’électorat populaire, face à l'incapacité du gouvernement actuel à contrôler les flux migratoires.
Issu d'une famille bourgeoise et technicien supérieur dans l'aviation, Monsieur Hofer a su aussi jouer de sa relative jeunesse - 45 ans - pour se démarquer des autres candidats (les cinq autres avaient entre 64 et 82 ans) et incarner un certain renouvellement d'une classe politique de plus en plus dénigrée par les citoyens autrichiens. Ainsi, d'après un sondage Public Opinion Strategies, 30% de ses électeurs ont affirmé avoir voté pour lui parce qu'il était "jeune et dynamique" et que les autres candidats étaient "trop vieux".
Pourtant, malgré son âge avancé de 72 ans, le candidat écologiste, Alexander van der Bellen, constitue l'autre grande surprise de ce scrutin. Avec 21,3% des suffrages, il arrive deuxième en ayant réussi à réunir autour de sa candidature un électorat jeune et politisé à la recherche d'un changement complet du système politique actuel.
Issu d'une famille bourgeoise et technicien supérieur dans l'aviation, Monsieur Hofer a su aussi jouer de sa relative jeunesse - 45 ans - pour se démarquer des autres candidats (les cinq autres avaient entre 64 et 82 ans) et incarner un certain renouvellement d'une classe politique de plus en plus dénigrée par les citoyens autrichiens. Ainsi, d'après un sondage Public Opinion Strategies, 30% de ses électeurs ont affirmé avoir voté pour lui parce qu'il était "jeune et dynamique" et que les autres candidats étaient "trop vieux".
Pourtant, malgré son âge avancé de 72 ans, le candidat écologiste, Alexander van der Bellen, constitue l'autre grande surprise de ce scrutin. Avec 21,3% des suffrages, il arrive deuxième en ayant réussi à réunir autour de sa candidature un électorat jeune et politisé à la recherche d'un changement complet du système politique actuel.
La fin d'un système?
De fait, bien que diamétralement opposés dans leurs idées et programmes, les deux candidats qui s'affronteront dans un mois ont su profiter du profond désaveu des deux grands partis dominants que sont le SPÖ et l'ÖVP. Habituées à recueillir traditionnellement pour ce scrutin présidentiel environ 80% des voix, les deux formations ont subi une défaite historique puisque leurs candidats respectifs ont obtenu chacun seulement 11% des suffrages. Il n'y a plus un seul Land où le candidat du SPÖ ou de l'ÖVP n'est pas arrivé en tête, une première et même la candidate indépendante, Irmgard Griss a fait mieux en décrochant la troisième place (18,5% des voix).
Alors que les deux partis forment depuis 2008 la coalition gouvernementale au pouvoir, les mandats du chancelier actuel, Werner Faymann (SPÖ) et du vice chancelier, Reinhold Mitterlehner (ÖVP) qui courent théoriquement jusque 2018 sont en danger. Et ce d'autant plus si Norbert Hofer l'emporte puisque celui-ci a menacé de révoquer le gouvernement en cas de victoire, comme la Constitution l'y autorise théoriquement.
Alors que les deux partis forment depuis 2008 la coalition gouvernementale au pouvoir, les mandats du chancelier actuel, Werner Faymann (SPÖ) et du vice chancelier, Reinhold Mitterlehner (ÖVP) qui courent théoriquement jusque 2018 sont en danger. Et ce d'autant plus si Norbert Hofer l'emporte puisque celui-ci a menacé de révoquer le gouvernement en cas de victoire, comme la Constitution l'y autorise théoriquement.
Un futur politique plein d'incertitudes
Le second tour s'annonce donc particulièrement tendu entre Norbert Hofer et Alexander van der Bellen, d'autant que ce dernier a annoncé que s'il était élu président, il ne nommerait jamais chancelier le numéro un du FPÖ, Heinz-Christiant Strache, même si ce dernier arrivait en tête des prochaines législatives et alors que les sondages donnent le parti largement en tête en cas d'élections anticipées.
En outre, aucun candidat ou parti n'a encore appelé à reporter ses suffrages sur le candidat écologiste, ce qui rend l'issue du scrutin particulièrement incertaine même si le candidat d'extrême droite part quand même favori, au vu de son avance confortable. On imagine ainsi mal les chrétiens conservateurs appeler à faire barrage au FPÖ, eux qui ont déjà gouverné avec l'extrême droite entre 2000 et 2006 - brisant alors un tabou en Europe.
L'autre clé du scrutin résidera dans la participation – de 68% au premier tour – puisque si 72% des employés et ouvriers ont voté pour Norbert Hofer, une grande partie d'entre eux n'avait pas fait le déplacement le 24 avril 2016. Comme explique Christophe Hofinger de l'institut de sondages SORA: "la mobilisation des abstentionnistes décidera de la victoire d'un camp ou d'un autre".
Enfin, dernière interrogation des observateurs politiques autrichiens: quel impact ce scrutin aura t-il sur la démocratie du pays et son fonctionnement? Ira t-on vers une démocratie "non libérale" sur le modèle hongrois ou polonais – une crainte ravivée par les termes de Monsieur Hofer, déclarant "Vous serez surpris de tout ce qu'il est possible de faire"- Ou alors l'Autriche s'engage t-elle dans une période d'instabilité électorale, avec élections à répétition comme ce fut longtemps le cas chez son voisin italien?
Une chose est sûre, comme l'explique le quotidien autrichien de référence, Die Presse, "Rien ne restera en l'état. Le temps est venu de passer à autre chose".
En outre, aucun candidat ou parti n'a encore appelé à reporter ses suffrages sur le candidat écologiste, ce qui rend l'issue du scrutin particulièrement incertaine même si le candidat d'extrême droite part quand même favori, au vu de son avance confortable. On imagine ainsi mal les chrétiens conservateurs appeler à faire barrage au FPÖ, eux qui ont déjà gouverné avec l'extrême droite entre 2000 et 2006 - brisant alors un tabou en Europe.
L'autre clé du scrutin résidera dans la participation – de 68% au premier tour – puisque si 72% des employés et ouvriers ont voté pour Norbert Hofer, une grande partie d'entre eux n'avait pas fait le déplacement le 24 avril 2016. Comme explique Christophe Hofinger de l'institut de sondages SORA: "la mobilisation des abstentionnistes décidera de la victoire d'un camp ou d'un autre".
Enfin, dernière interrogation des observateurs politiques autrichiens: quel impact ce scrutin aura t-il sur la démocratie du pays et son fonctionnement? Ira t-on vers une démocratie "non libérale" sur le modèle hongrois ou polonais – une crainte ravivée par les termes de Monsieur Hofer, déclarant "Vous serez surpris de tout ce qu'il est possible de faire"- Ou alors l'Autriche s'engage t-elle dans une période d'instabilité électorale, avec élections à répétition comme ce fut longtemps le cas chez son voisin italien?
Une chose est sûre, comme l'explique le quotidien autrichien de référence, Die Presse, "Rien ne restera en l'état. Le temps est venu de passer à autre chose".