SIDA: un virus tabou mis au clair


Par Rédigé le 11/12/2018 (dernière modification le 11/12/2018)

Le virus de l'immunodéficience humaine plus connu sous le nom de VIH ou de sida contamine des milliers de personnes chaque année. Souvent sujet tabou, des professionnels de la santé et des associations essayent de sensibiliser de plus en plus les jeunes pour leur permettre d'en parler librement. Le docteur Isabelle Rayet, médecin au Centre hospitalier d'Albi dans le Tarn éclaircit le sujet.


Dr. Isabelle Rayet. Photo (c) Olesya

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Qu'est-ce le VIH?
Le VIH est une maladie sexuellement transmissible qui se transmet par contact avec le sang ou par les relations sexuelles. C'est un virus qui a été découvert il y a une vingtaine d'années maintenant, dans les années 80, et qui depuis est dépisté de plus en plus souvent pour essayer de prévenir ces transmissions.

Les traitements sont-ils pesants? Peut-il être fatal à son détenteur?
Je m'occupe essentiellement de la prévention mais ce que je peux vous dire c'est que les traitements s'améliorent et qu'il existe désormais des médicaments combinés. Un comprimé contient plusieurs molécules ce qui permet d'alléger énormément les traitements curatifs du VIH qui sont maintenant beaucoup mieux supportés. Cela reste exceptionnel de mourir du VIH, une personne peut mourir que s'il y a un dépistage tardif avec de fortes contaminations.

A quel moment de la prise de risque peut on se faire dépister?
Lorsqu'il y a une prise de risque le dépistage doit se faire dans les six semaines suivantes pour avoir un test fiable. Ceci dit si la personne a pris un risque et qu'elle a la possibilité de venir faire un dépistage dans un service d'urgence ou un centre de dépistage, il faut qu'elle vienne dans les 48 heures pour pouvoir prendre le traitement post-exposition.

Pouvons-nous prendre un médicament pour stopper le processus d'infection et dans quel délai?
Il y a deux types de traitements, le traitement post-exposition (TPE) dont le délai de prise est 48 heures après la prise de risque et il existe également depuis 2016 le traitement pré-exposition que l'on peut donner en préventif pour les personnes qui ont de nombreux rapports protégés avec de multiples partenaires et qui peuvent parfois avoir un rapport à risque sans le vouloir.

Dans la région du Tarn, qu'est ce qui est mis en place pour aider la recherche contre le VIH?
Dans la recherche pure, c'est en majorité dans les centres de recherche. Le Tarn étant en périphérie des grandes villes où se trouve la recherche notre mission est plus préventive. Nos missions sont dictées par les agences régionales de la santé qui reçoivent les directives des ministères et qui nous demandent chaque année d'adapter les missions en fonction des épidémies.

Comment est abordé le sujet? Quelle prévention est effectuée pour sensibiliser les personnes dans la région?
La prévention se passe de la même façon partout sur le territoire national, à savoir d'une part informer les publics cibles c'est à dire les jeunes dans les écoles, les lycées en particulier, et aller discuter avec eux en collaboration avec les Centres de planification et d’éducation familiale. Les publics cibles sont aussi tous les clubs libertins, nous essayons de viser au niveau du Tarn les clubs libertins qui existent pour pouvoir faire des actions ciblées en collaboration avec les associations. Au moment de ces sorties nous réalisons des interventions, de la distribution de matériel, des informations sous forme de plaquettes et nous réalisons des tests rapides d'orientation diagnostique qui permettent de détecter à la fois le VIH mais également parfois les hépatites ou la syphilis chez ces personnes là.

Vous avez mentionné au téléphone une intervention cette année dans les établissements pénitentiaires, est ce qu'une intervention est faite dans les écoles également pour sensibiliser les plus jeunes?
Les jeunes sont très réceptifs à l'information et désormais ils ne sont plus les plus touchés par le VIH. Dans les établissements pénitentiaires il y a tous les ans des séances d'éducation à la santé et à la prévention du VIH qui sont réalisées par les personnels soignants et médicaux.

Le nombre de personnes venant effectuer un dépistage augmente t-il chaque année?
Le nombre de personnes dépistées augmente petit à petit depuis que je suis sur ce service, c'est à dire depuis 2012, sûrement par le bouche à oreille et les informations délivrées. Nous sommes actuellement à peu près à 1.300 personnes dépistées par an, je pense qu'il va augmenter avec toutes les actions que nous allons faire à l'extérieur et qui vont être développées.

Lorsqu'une personne est diagnostiquée séropositive comment l'accompagnez-vous?
Nous sommes formés pour amener ce diagnostique petit à petit et nous réalisons des consultations en collaboration avec les infectiologues de l'hôpital. Il y en a toujours un de présent le jour où la personne vient chercher ses résultats pour qu'elle puisse être accompagnée vers la consultation en infectiologie avec la collaboration d'une psychologue si besoin ainsi que d'une assistante sociale.







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