Ambassadeur des pôles, un titre sur mesure
C'est vraisemblablement à la suite du conseil des Ministres du 24 janvier que Ségolène Royal sera officiellement démise de ses fonctions d'Ambassadrice chargée de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique. (c) Christian Larivière
Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit rappel est de rigueur. Le titre d’ambassadeur n’est pas exclusivement réservé aux pôles. En effet, à ce jour, notre pays compte 21 ambassadeurs thématiques. Tous sont rattachés au ministère des Affaires étrangères et ont des prérogatives spécifiques à leur domaine.
Le poste d’ambassadeur des pôles est d’ailleurs assez récent. Créé en 2009, par le président Nicolas Sarkozy, il était destiné à l’ancien Premier ministre Michel Rocard. Ce dernier avait longtemps défendu l’ouverture d'une négociation internationale sur l'Arctique. Michel Rocard a occupé cette fonction jusqu'à son décès en 2016. Personne n’a pris son relai avant l’arrivée d’Emmanuel Macron à la présidence. Fraîchement élu, en juillet 2017, il décide de nommer Ségolène Royal. Une nomination pansement pour l’ancienne ministre qui n’avait obtenu aucun poste au gouvernement.
Mais l’environnement, ce n’est pas la priorité de tous. 2 ans après sa nomination, il est reproché à Mme Royal d’avoir en quelque sorte profité de ce titre.
Le poste d’ambassadeur des pôles est d’ailleurs assez récent. Créé en 2009, par le président Nicolas Sarkozy, il était destiné à l’ancien Premier ministre Michel Rocard. Ce dernier avait longtemps défendu l’ouverture d'une négociation internationale sur l'Arctique. Michel Rocard a occupé cette fonction jusqu'à son décès en 2016. Personne n’a pris son relai avant l’arrivée d’Emmanuel Macron à la présidence. Fraîchement élu, en juillet 2017, il décide de nommer Ségolène Royal. Une nomination pansement pour l’ancienne ministre qui n’avait obtenu aucun poste au gouvernement.
Mais l’environnement, ce n’est pas la priorité de tous. 2 ans après sa nomination, il est reproché à Mme Royal d’avoir en quelque sorte profité de ce titre.
Le bénévolat sous enveloppe
Officiellement, Ségolène Royal ne touche aucune rémunération pour l’exercice de sa fonction d’ambassadrice. Cependant, en l’espèce, le bénévolat semble avoir des limites. Le Quai d’Orsay ne s’en cache pas, des moyens sont attribués à ces ambassadeurs pour qu’ils puissent remplir leurs missions. Cependant pas de chiffres ni d’informations exactes. Il faut donc creuser.
D’après les informations de la cellule investigation de Radio France, ce statut permet à Mme Royal de bénéficier du soutien de trois collaborateurs ainsi que d’une enveloppe de 100 000 euros de frais de mission par an. Une révélation que l’ambassadrice n’a pas manqué de contester arguant qu’elle ne dispose de "même pas la moitié". Pourtant, en janvier 2018, une estimation quasi-similaire à celle de Radio France avait été révélée par le Monde.
Mais dans l’affaire Royale, certaines révélations sont vérifiables, notamment celle de l’absence d’investissement. Car oui, être ambassadrice des pôles ça implique d’assister à certains rendez-vous annuels de manière à faire entendre la voix de la France. Pourtant, à aucun moment, Mme Royal n’a jugé nécessaire de faire des déplacements.
D’après les informations de la cellule investigation de Radio France, ce statut permet à Mme Royal de bénéficier du soutien de trois collaborateurs ainsi que d’une enveloppe de 100 000 euros de frais de mission par an. Une révélation que l’ambassadrice n’a pas manqué de contester arguant qu’elle ne dispose de "même pas la moitié". Pourtant, en janvier 2018, une estimation quasi-similaire à celle de Radio France avait été révélée par le Monde.
Mais dans l’affaire Royale, certaines révélations sont vérifiables, notamment celle de l’absence d’investissement. Car oui, être ambassadrice des pôles ça implique d’assister à certains rendez-vous annuels de manière à faire entendre la voix de la France. Pourtant, à aucun moment, Mme Royal n’a jugé nécessaire de faire des déplacements.
Une ambassadrice aux abonnés absents
Contrairement à son prédécesseur, depuis sa nomination, Ségolène Royal ne s’est, en effet, rendue à aucune des réunions du conseil de l’Arctique. D’après elle, il y a de bonnes raisons à ces absences.
Pour se justifier, l’ex ministre joue plusieurs cartes. D’abord celle de la protection de l’environnement. Ainsi, le 4 octobre dernier, elle explique sur l’antenne de BFM qu’elle a décidée "en toute conscience" de ne pas se rendre aux réunions, car elle fait "attention au coût de ses déplacements et au bilan carbone". Attitude remarquable mais très critiquée suite à une révélation faite dans l’émission Quotidien. En septembre, l’équipe de Yann Barthès a en effet indiqué que Mme Royal avait fait en juillet 2018 un aller-retour sur une journée en Islande en avion privé, afin d’inaugurer un navire de la compagnie Ponant, spécialisée dans les croisières de luxe en Arctique. Cette dernière a affirmé que "ce n’est pas aux frais de l’Etat", et le bilan carbone dans tout ça ?
À cet argument climatique, s’ajoute la carte de la compétence. Ségolène Royal considère en effet qu’elle n’a pas réellement sa place, ni son mot à dire, estimant que "les diplomates expérimentés qui sont sur place ont plus leur mission à faire".
Un comportement qui ne plaît pas et qui a poussé certains députés à demander une audition de l’ambassadrice, car selon eux, et selon les journalistes de Radio France, ce titre n’aurait servi qu’à défendre les "intérêts Royal".
Pour se justifier, l’ex ministre joue plusieurs cartes. D’abord celle de la protection de l’environnement. Ainsi, le 4 octobre dernier, elle explique sur l’antenne de BFM qu’elle a décidée "en toute conscience" de ne pas se rendre aux réunions, car elle fait "attention au coût de ses déplacements et au bilan carbone". Attitude remarquable mais très critiquée suite à une révélation faite dans l’émission Quotidien. En septembre, l’équipe de Yann Barthès a en effet indiqué que Mme Royal avait fait en juillet 2018 un aller-retour sur une journée en Islande en avion privé, afin d’inaugurer un navire de la compagnie Ponant, spécialisée dans les croisières de luxe en Arctique. Cette dernière a affirmé que "ce n’est pas aux frais de l’Etat", et le bilan carbone dans tout ça ?
À cet argument climatique, s’ajoute la carte de la compétence. Ségolène Royal considère en effet qu’elle n’a pas réellement sa place, ni son mot à dire, estimant que "les diplomates expérimentés qui sont sur place ont plus leur mission à faire".
Un comportement qui ne plaît pas et qui a poussé certains députés à demander une audition de l’ambassadrice, car selon eux, et selon les journalistes de Radio France, ce titre n’aurait servi qu’à défendre les "intérêts Royal".
Des moyens utilisés à mauvais escient
Selon Sylvain Tronchet, journaliste à la cellule investigation de Radio France, Ségolène Royal "utilisait le personnel mis à sa disposition par le Quai d'Orsay pour assurer sa promotion ou ses activités politiques". Après enquête, la radio publique a révélé que son assistante personnelle et son conseiller en communication attachés à son cabinet d’ambassadrice l’ont, ensemble ou séparément, accompagnés à plusieurs reprises lors d’événements sans rapport avec son activité d’ambassadrice. Ces derniers auraient participé à la promotion de son dernier ouvrage "Ce que je peux enfin vous dire" et se seraient investis dans les projets de sa fondation "Désirs d’avenir pour la planète".
Après la parution de l’enquête, Ségolène Royal n’a pas manqué de nier les faits. Sur l’antenne de France Inter elle indique que ses "collaborateurs travaillent 35 heures au service de la mission au service des pôles". Le reste est fait sur leur temps libre. Là aussi disons que le doute plane. Mais pas pour longtemps. Le Parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête préliminaire concernant l'usage fait par Ségolène Royal des moyens mis à sa disposition en tant qu'ambassadrice des pôles. Il devrait donc apporter quelques éclaircissements.
Après la parution de l’enquête, Ségolène Royal n’a pas manqué de nier les faits. Sur l’antenne de France Inter elle indique que ses "collaborateurs travaillent 35 heures au service de la mission au service des pôles". Le reste est fait sur leur temps libre. Là aussi disons que le doute plane. Mais pas pour longtemps. Le Parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête préliminaire concernant l'usage fait par Ségolène Royal des moyens mis à sa disposition en tant qu'ambassadrice des pôles. Il devrait donc apporter quelques éclaircissements.
Licenciement confirmé pour non-respect du droit de réserve
Mais le sort de Ségolène Royal est déjà fixé. Le gouvernement n’a pas attendu les résultats de l’enquête du PNF pour prendre sa décision quant à son avenir d’ambassadrice. C’est d’ailleurs elle-même qui en a fait l’annonce. "Je comprends par cette lettre que le président de la République va mettre fin à mes fonctions à un prochain Conseil des ministres puisque je n'ai pas l'intention de renoncer à ma liberté d'opinion et d'expression garantis par la Constitution" a-t-elle écrit sur un post Tweeter en date du 14 janvier.
D’après elle, et pour le gouvernement, c’est surtout le non-respect de son droit de réserve qui a conduit à ce licenciement. Il y a une chose qui est sûre, c’est que Ségolène Royal n’y est pas allée de main morte avec Emmanuel Macron et son gouvernement. Sur la réforme des retraites, elle parle de "l'orgueil du pouvoir", d’une réforme "mal préparée et injuste" ou encore de "la brutalité du gouvernement, la volonté du chef de l'État de casser le modèle social français". Et lorsque qu’Emmanuel Macron annonce qu’il renonce à sa pension de retraite de président, plutôt que de saluer ce geste, elle se demande si "la vraie question, c’est de savoir s’il renonce à retourner après l’Élysée dans le monde du business mondialisé avec les énormes retraites chapeaux qui vont avec".
En bref autant de mots et d’actes qui ont conduit Mme Royal des pôles vers le pôle. Mais pas de quoi l’effrayer, la revanche se fera peut-être dans les urnes lors du prochain combat présidentiel. Affaire à suivre !
D’après elle, et pour le gouvernement, c’est surtout le non-respect de son droit de réserve qui a conduit à ce licenciement. Il y a une chose qui est sûre, c’est que Ségolène Royal n’y est pas allée de main morte avec Emmanuel Macron et son gouvernement. Sur la réforme des retraites, elle parle de "l'orgueil du pouvoir", d’une réforme "mal préparée et injuste" ou encore de "la brutalité du gouvernement, la volonté du chef de l'État de casser le modèle social français". Et lorsque qu’Emmanuel Macron annonce qu’il renonce à sa pension de retraite de président, plutôt que de saluer ce geste, elle se demande si "la vraie question, c’est de savoir s’il renonce à retourner après l’Élysée dans le monde du business mondialisé avec les énormes retraites chapeaux qui vont avec".
En bref autant de mots et d’actes qui ont conduit Mme Royal des pôles vers le pôle. Mais pas de quoi l’effrayer, la revanche se fera peut-être dans les urnes lors du prochain combat présidentiel. Affaire à suivre !