Reynaldo Hahn mourait il y a 75 ans


Par Rédigé le 29/01/2022 (dernière modification le 28/01/2022)

Compositeur prolifique, il a abordé tous les genres et connu le plus grand succès de son vivant puis il a sombré dans un certain oubli. Il s’est éteint à Paris le 28 janvier 1947.


"Je n'écris jamais une note sans me dire que des gens qui ne sont pas encore nés vont l'écouter et la juger"
Il avait cependant déclaré "Je n'écris jamais une note sans me dire que des gens qui ne sont pas encore nés vont l'écouter et la juger". Il fut également pianiste, chanteur, chef d'orchestre, conférencier, critique musical, écrivain, directeur de l’Opéra de Paris en 1945, élu la même année au fauteuil 2 de l'Académie des beaux-arts section composition musicale, commandeur de la Légion d'Honneur.

Il naît le 9 août 1874 à Caracas, où son père Karl, devenu Carlos, Hahn Dellevie, juif allemand, était venu de Hambourg en 1849 pour faire fortune. Il s’y enrichit et sera aussi consul général de Belgique. Il épouse le 22 mai 1853 María Elena Echenagucia Ellis d’origine espagnole et fervente catholique. Ils eurent douze enfants dont neuf survécurent, cinq garçons et quatre filles. Reynaldo était le benjamin, il fut baptisé. Carlos Hahn était amateur d’art et particulièrement de musique, il organisait chez lui des réunions artistiques et littéraires auxquelles participait la bonne société caracassienne. La presse locale parlait déjà des dons du tout jeune Reynaldo, le petit "Nano" comme on l’appelait, qui y assistait. Fin 1878, la famille Hahn s’embarque pour l’Europe et s’installe à Paris en février 1879, rue du Cirque où elle a un train de vie fastueux. Dès l’année suivante, on retrouve Reynaldo Hahn chantant des airs d’Offenbach en s’accompagnant au piano chez la princesse Mathilde, nièce de Napoléon Ier. A dix ans, il entre au Conservatoire de Paris pour étudier le solfège et le piano. Deux ans plus tard, il y ajoute la composition avec Jules Massenet. Il parle allemand et espagnol, pratique l’anglais appris avec une nurse et naturellement très vite le français. Il fréquente les salons parisiens où il rencontre tous ceux qui animent la vie culturelle et il fait connaître ses créations en les chantant et les interprétant lui-même. A 17 ans, il compose sa première oeuvre lyrique, "L’Ile du rêve", tirée du "Mariage de Loti" et créée à l’Opéra-Comique le 25 mars 1898.

Le 22 mai 1894, dans l’hôtel particulier de Madeleine Lemaire, artiste peintre et salonnière célèbre, il fait la connaissance de Marcel Proust de trois ans son aîné. Leur liaison durera deux ans et se transformera en une fidèle amitié qui prendra fin avec la mort de l’écrivain en 1922. Il devient Français en 1912 et sera mobilisé en 1914. Doté d’une belle voix de baryton, il ne se produit pas publiquement, elle est l’expression de sa passion pour le théâtre lyrique. Il n'était pas seulement un compositeur distingué, il était aussi un pianiste virtuose et un chef d'orchestre apprécié, spécialisé dans la musique de Mozart. A partir de 1909, il est critique musical au Journal de l'Université des Annales, puis au Figaro, à Femina qui donnera son nom en 1922 au prix littéraire. Reynaldo fut aussi un écrivain, il publie plusieurs livres "Du chant", "La grande Sarah", "Journal d'un musicien", ou "L’oreille au guet" entre autres. Il fréquentait les artistes, les gens de lettres aussi bien que les danseurs des Ballets Russes, et surtout Vaslav Nijinski, pour qui il composera avec Jean Cocteau, le ballet, "Le Dieu bleu" créé au Théâtre du Châtelet, le 13 mai 1912.

Il a excellé dans tous les genres

Il a composé des dizaines de mélodies sur des vers de poètes célèbres, Hugo, Verlaine, Gautier ou Musset notamment mais aussi sur des thèmes variés. Des dizaines d’opéras et d’opérettes qu’on lui doit ne survivent vraiment que les trois actes de "Ciboulette" de 1923 que Claude Autant-Lara filma en 1933. Cette opérette a été représentée en 2013 et 2015 à l’Opéra Comique. Sacha Guitry lui demanda la musique de deux de ses comédies "Mozart" en 1925 et "O mon bel inconnu" en 1933. Il a écrit des musiques de films, "Sapho" en 1934 tiré du roman d'Alphonse Daudet réalisé par Léonce Perret avec Marie Marquet, la même année "La dame aux camélias" d’Abel Gance d'après la pièce d'Alexandre Dumas fils avec Yvonne Printemps et Pierre Fresnay.

Ce fut donc une personnalité importante de son époque et un grand artiste, on comprend mal l’oubli dans lequel il est tombé et encore moins la sorte de mépris que certains lui réservent, l’accusant sans doute de légèreté. L'Association Reynaldo Hahn qui a été créée quelques mois après la disparition du compositeur s’efforce cependant d'y remédier. Un colloque "Reynaldo Hahn, un éclectique en musique" s’est tenu à Venise les 11et 12 mai 2011. Le Venezuela s’enorgueillit de ce compositeur né sur son sol et un festival Reynaldo Hahn avait lieu ces dernières années à Caracas.

En 1946, on lui avait détecté une tumeur au cerveau et le 28 janvier 1947, il meurt dans son appartement près de l'Église de la Madeleine où ont eu lieu ses funérailles. Il repose au cimetière du Père Lachaise, 85e division, dans le caveau familial au côté de sa famille, les tombes d’Alphonse Daudet et de Marcel Proust se trouvent tout près.

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