Régimes amaigrissants: pas sans risques


Par WIM Rédigé le 23/06/2014 (dernière modification le 23/06/2014)

Aujourd’hui, le culte du corps et de son image constitue un fait social et soumet l’individu aux canons de l’esthétique et de la normalisation du corps. La minceur voire la maigreur est érigée en modèle de beauté.


Photo (c) Geralt

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Face à la demande, les pratiques d’amaigrissement se sont considérablement développées, le plus souvent sans suivi médical, et conduisant parfois à de graves excès. Par ailleurs, le surpoids et l’obésité, touchant respectivement 32% et 15% des personnes de plus de 18 ans en France, constituent un problème majeur de santé publique. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) est l'organisme de référence en ce domaine.

Un régime amaigrissant a pour principe d’établir un déficit énergétique (par rapport aux besoins de l’individu) par la diminution des apports alimentaires afin de perdre du poids. Tous les régimes hypocaloriques fonctionnent dès lors que les apports énergétiques sont inférieurs aux dépenses. Toutefois, si la réduction calorique est trop importante et/ou si le régime alimentaire n’est pas équilibré, le patient s’expose inévitablement à des déficits/inadéquations d'apports nutritionnels voire à des risques pour sa santé et une reprise de poids parfois plus sévère.

L’indice de masse corporelle IMC

C'est le rapport du poids (exprimé en Kg) sur le carré de la taille (exprimée en mètre). IMC = poids/taille²
L'interprétation de cette formule est applicable chez l’adulte de 18 à 65 ans.
< 16,5 dénutrition ou famine
16,5 à 18,5 maigreur
18,5 à 25 corpulence normale
25 à 30 surpoids
30 à 35 obésité modérée
35 à 40 obésité sévère
> 40 obésité morbide ou massive

Il permet d’estimer la quantité de masse grasse de l’organisme. Il faut savoir que la composition du poids est constitué de deux grandes familles de masse: la grasse (logée sous la peau ou autour des organes) et la maigre (eau corporelle, organes, muscles). La masse maigre consomme de l’énergie même au repos pour fonctionner: c'est le métabolisme basal.
L’amincissement ne passe pas seulement par une réduction de calories consommées mais aussi par une augmentation de calories dépensées.

Les déséquilibres

Des apports glucidiques très faibles sont à l’origine d’adaptations métaboliques aux dépens des protéines musculaires. De plus, la faible consommation de produits céréaliers et de fruits induit un apport insuffisant en fibres (jusqu’à dix fois inférieurs aux recommandations) à l’origine de troubles digestifs transitoires. De façon répétée, un tel régime constitue un facteur de risque colorectal.

Les régimes hyper-protéinés non hypocaloriques atteignent jusqu’à deux à trois fois les apports nutritionnels conseillés en protéines. Par conséquent, un bilan rénal préalable se justifie chez les sujets à risques d’insuffisance rénale. Ces régimes apportent généralement un excès de sel, facteur d’élévation de la pression artérielle et de risque de maladies cardiovasculaires.

Les régimes très hypocaloriques ne permettent pas de couvrir les besoins en micronutriments. Ils altèrent le statut en fer et réduisent l’efficacité des défenses vis-à-vis du stress oxydatif.

Au-delà des conséquences liées aux déficits d’apports et/ou aux déséquilibres nutritionnels, la répétition de régimes amaigrissants, même équilibrés, diminue la masse maigre et altère le capital osseux (réduction de 1 à 2% de la densité minérale osseuse pour une perte de poids de 10% et augmentation du risque de fracture).

La restriction induite favorise les troubles du comportement alimentaire, d’autant plus que la restriction calorique est importante et est associée à l’éviction de certains aliments ou groupes d’aliments.

Les risques

Les régimes amaigrissants peuvent donc induire des déséquilibres nutritionnels et des inadéquations d'apports. L'ANSES a mis en évidence, sur la base de la littérature scientifique, des risques cliniques, biologiques, comportementaux ou psychologiques liés à la pratique des régimes amaigrissants.

Ces risques concernent notamment des perturbations physiologiques somatiques (d'ordre osseux, musculaire, hépatique et rénal), des modifications profondes du métabolisme énergétique et de la régulation physiologique du comportement alimentaire, ainsi que des perturbations psychologiques (troubles du comportement alimentaire).

D’autres risques ont été identifiés pour les populations spécifiques, notamment dénutrition (personne âgée), troubles hormonaux (adolescente, sportif) et perturbations de la croissance (fœtus, enfant et adolescent). Ainsi, la perte de poids, si elle est marquée et rapide, peut favoriser la perte osseuse chez les femmes proches de la ménopause.

La dépression et la perte de l’estime de soi sont des conséquences psychologiques fréquentes des échecs à répétition des régimes amaigrissants. Les perturbations psychologiques sont souvent à l'origine du "cercle vicieux" d'une reprise de poids, éventuellement plus sévère, à plus ou moins long terme.

Sur le plan comportemental, le syndrome de restriction cognitive, conduisant à la réduction de la ration alimentaire pour atteindre un poids inférieur au poids spontané et s’y maintenir, induit une perturbation du comportement alimentaire qui augmente le risque de reprise de poids, au-delà même du statut pondéral initial.

Les compléments

Le consommateur doit aussi être prudent quant à l’usage injustifié de compléments alimentaires aux allégations prometteuses dont l’efficacité et l’innocuité ne sont pas prouvées.
Par exemple, la p-synéphrine, présente dans l’écorce d’orange amère, entre dans la composition de nombreux compléments alimentaires à visée "minceur" très probablement impliqués dans la survenue d’effets indésirables répertoriés par le dispositif de Nutrivigilance. L’Anses met en garde le consommateur vis-à-vis de ces compléments dont la teneur en p-synéphrine dépasse la dose de 20 mg/j (dose journalière ingérée par les forts consommateurs d’agrumes) et recommande de ne pas l’associer à la caféine et d’éviter sa consommation dans le cadre d’une activité physique.

La bonne stratégie

L’adaptation du régime aux goûts et habitudes de la personne est importante pour assurer l’adhésion sur le long terme. La stratégie à adopter pour perdre du poids et maintenir son poids de forme durablement dans le respect de sa santé consiste à induire un déficit calorique modéré tout en maintenant un régime équilibré, diversifié et adapté à chaque individu. Les aliments "plaisirs" ne doivent pas être exclus mais gérés raisonnablement dans le cadre d’une alimentation santé.
La pratique d’une activité physique régulière est essentielle pour limiter la perte de masse maigre.

Le principal facteur de stabilisation est le commencement d’une activité physique dès le début de la restriction calorique et son maintien après cette phase de restriction. Le retour au poids initial s'accompagne d'une récupération préférentielle de la masse grasse.


La recherche de la perte de poids sans indication médicale formelle comporte des risques.
Toute démarche de perte de poids nécessite une prise en charge spécialisée adaptée, au mieux dans un cadre interdisciplinaire (médecin traitant, diététicien, médecin endocrinologue, médecin nutritionniste, professionnel de l’activité physique, psychologue).
L’évolution des habitudes alimentaires doit être associée à l’introduction, au maintien voire à l’augmentation d’une activité physique régulière.

Séverine OLIVIE
Diététicienne Nutritionniste
Spécialiste en nutrition du sportif
Monaco


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