Quid des bibliothèques en 2019


Par Rédigé le 07/01/2019 (dernière modification le 06/01/2019)

Il est bien loin le temps des bibliothèques aux boiseries anciennes et surveillées par des employées revêches tolérant à peine le bruit des mouches. Les établissements de lecture publique ont désormais évolué et poussé leurs murs pour faire une place de choix aux multimédias et aux activités en tous genre. Évolution chronologique ou nécessaire adaptation au lectorat? Sandrine Margaillan, responsable de la médiathèque de Chatte revient sur l'évolution de ces lieux emblématiques d'accès à la culture.


Donner le goût de lire aux plus jeunes. Photo (c) Frédérique Gelas

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"Il y a une sorte de paradoxe. D'un côté on a pris conscience dans les années 90 que les bibliothèques françaises étaient très en retard, ce qui a entraîné leur fort développement et l'émergence de beaucoup d'établissements sur le territoire, de l'autre côté cette prise de conscience n'a pas été suffisante de la part de certains professionnels pour qui le métier est resté le même", introduit la médiathécaire avant de préciser: "Ils en sont restés au fait de proposer une offre de livres à un lectorat. Une sélection rigoureuse et un vrai travail intellectuel de mise en valeur, sauf que ça ne suffit plus".

Si en 2016, 40% des Français déclaraient avoir fréquenté au moins une bibliothèque municipale dans les 12 derniers mois (données d'activité des bibliothèques municipales et intercommunales publiée en 2016), le nombre d'abonnements au sein des 16.000 établissements de lecture publique que compte le territoire souffrait alors d'un léger recul. Une tendance à interpréter sachant que la plus grosse part des usagers est composée des 15-24 ans (53%), et que cette tranche est également celle connaissant la plus forte croissance (+14% par rapport à 2005). Un phénomène explicable par une démarche de sensibilisation du jeune public (actions ciblées, partenariat avec des structures de petite enfance, des écoles), par une modernisation des locaux les rendant attractifs, par une mobilisation et des investissements réalisés par les collectivités territoriales et l'État.


Donner envie de venir: le nerf de la guerre

La médiathèque de Chatte, reconnue comme particulièrement dynamique dans le secteur, a développé de nombreuses activités qui drainent toujours plus de public. "Mon objectif ultime est de faire de cette bibliothèque un lieu de sociabilité et de sociabilisation. Sociabilité pour que des gens prennent plaisir à venir, s'y rencontrer et échanger, sociabilisation pour des gens qui y rentrent pour la première fois et trouvent dans cet équipement un lieu de détente, de proposition culturelle, mais aussi des outils d'orientation (professionnelle, touristique, culturelle...)".

Au programme de cette année 2019: ateliers numériques, club lecture mensuel, mercredis dédiés aux loisirs créatifs pour les enfants, spectacles à thème, rencontres-dédicaces avec des auteurs, participation à des évènements culturels locaux (salon du livre, prix littéraires...). De quoi réjouir les 534 abonnés, tout autant que les visiteurs occasionnels.

Les jeunes lisent de moins en moins, idée reçue ou réalité?

"Une partie des jeunes ne lisent plus car leur entourage ne lit plus. On ne peut pas demander à un adolescent dont toute la famille est connectée à des tablettes, des smartphones, de lire son livre. Les parents eux-mêmes ne le font plus car ils ont d'excellentes raisons: pas le temps, pas envie". La facilité d'accès aux nouvelles technologies a légitimé Internet en tant que source première d'informations auprès des adolescents qui y cherchent quotidiennement les réponses à toutes leurs interrogations. "Ils pensent que les réponses qu'ils trouvent sont les bonnes, il ne savent pas filtrer, ni utiliser les mots-clefs. Ils se contentent du premier site qu'ils trouvent".

Interrogée sur le niveau de ses jeunes lecteurs, Sandrine Margaillan ne mâche pas ses mots: "La baisse de niveau est énorme et cela est lié au niveau scolaire: dans l'éducation on nivelle tout par le bas. Leur vocabulaire est très appauvri ce qui ne leur permet plus d'apprécier les grandes œuvres. Un point reste toutefois positif: j'ai un bon lectorat adolescent, et ce malgré l'état des centres de documentation en France".







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