Quand il était chanteur...


Par Philippe Petit Rédigé le 03/01/2016 (dernière modification le 03/01/2016)

Michel Delpech, que l’on savait hospitalisé depuis plusieurs mois pour soigner un cancer de la gorge et de la langue, s’est éteint samedi 2 janvier 2016 des suites de la maladie. Il avait soixante neuf ans.


Faire front et communiquer

Décès Michel Delpech.mp3  (224.69 Ko)

Le célèbre interprète de "Chez Laurette" avait choisi de communiquer sur l’affection qui le touchait depuis fin 2012. En novembre 2013, il avait ainsi publié un ouvrage intitulé "J’ai osé Dieu" dans lequel il confiait non seulement sa foi en la médecine, mais également envers le Tout-Puissant. "Il m'a fallu quelques jours pour accepter cette épreuve, mais elle n'a en aucun cas ébranlé ma croyance, ni ma confiance en Dieu. Ce cancer est une épreuve supplémentaire qu'il faut vaincre", écrivait-il alors.

Après un lourd traitement de chimiothérapie, Michel Delpech avait fait son retour médiatique au printemps 2014, certes affaibli, mais tenant à rassurer son public. "Aujourd'hui, ça va bien. J'ai encore quelques séquelles. Il faudra encore un peu de temps pour que tout revienne dans l'ordre" avait-il confié d’une voix encore mal assurée. Fin 2014, l’artiste revenu dans la lumière avec la sortie du disque pour enfants Dolly Bibble, avait même annoncé sa guérison au journal Le Parisien: "Je vais mieux, je peux même dire que je suis guéri, même s'il faut toujours attendre cinq ans de rémission pour en être totalement certain".

Mais au début de 2015, c’est la rechute. Ce "re-cancer", comme il le nomme lui-même le renvoie à l’hôpital. Il n’en sortira malheureusement pas.


Chanteur populaire, international et engagé

Né en 1946 dans une famille modeste, Michel Delpech a été bercé par la chanson populaire française des années cinquante. Alors qu’il essaye de percer dans la musique, il participe en 1966 à la comédie musicale "Copains Clopant" qui le rend populaire grâce à la chanson "Chez Laurette".

Vient alors le temps des succès, y compris à l’étranger avec des titres comme "Wight is Wight" en hommage au festival de l'île de Wight où Paul chantait "Yesterday" en hommage aux Beatles. En France, Michel Delpech enchaîne les tubes. Entre 1970 et 1977, "Pour un flirt", "Les Divorcés", "Que Marianne était jolie", "Le Chasseur", "Quand j’étais chanteur", ou "Le Loir-et-Cher" sont des succès considérables. Mais derrière des chansons aux accents de légèreté se cache souvent un auteur engagé qui affirme ses positions par rapport à la société, notamment avec des titres comme "Fais un bébé" ou "Nous n'habitons plus ensemble" qui sortent à une époque où l’opinion publique française est partagée au sujet de la famille et du divorce. Au fil des trois décennies suivantes, Michel Delpech continuera à faire des disques et des tournées, toujours suivi par un public fidèle.

Quêtes spirituelles

Extrêmement sensible, souvent en proie au doute, Michel Delpech se sera souvent tourné vers la spiritualité au cours de sa vie. En témoigne son dernier ouvrage "Vivre!" écrit au début de 2015 sur son lit d’hôpital. Dans cette poignante biographie publiée au mois de mars, le chanteur parle de sa foi et écrit sa nouvelle bataille contre le cancer, choisissant aussi de continuer à évoquer publiquement le mal qui le ronge.

En juin dernier, il avait tenu à adresser un message d’adieu à son public par la voix de son ami Michel Drucker. "Les médecins lui ont dit: vous ne serez plus là en septembre (…) Si je vous en parle c’est qu’il m’a demandé de le faire" avait alors annoncé celui qui lui rendait visite chaque semaine.

Face à la maladie, Michel Delpech a toujours fait montre d’un courage exemplaire. Au mois d’avril, dans sa dernière interview accordée au journal Gala, il s’exprimait avec ces mots: "J'ai toujours eu en moi un esprit de battant (…) Il faut savoir résister à la tentation du renoncement (…) Grâce à la volonté, la ténacité et l'opiniâtreté, on peut réussir à surmonter l’infranchissable!". Mais s’il clamait "Je veux vivre!", il se faisait aussi plus philosophe en annonçant "Mais seul le grand patron peut décider…". Le grand patron vient de décider… Alors, salut Michel et souviens-toi: t’as eu une vie d’dingue, quand t’étais chanteur!

Vidéo archive (1976): Quand j'étais chanteur, par Michel Delpech

Grimé en vieil homme, le chanteur est assis dans un rocking-chair pour interpréter sa chanson devenue emblématique.





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