Protection Hygiénique : Quid de la gratuité en France



Alors que les députés écossais ont voté mardi 24 novembre dernier en faveur d’un accès gratuit aux protections périodiques afin de lutter contre la précarité menstruelle, le président Emmanuel Macron a évoqué le sort des femmes "qui sont à la rue" et ne peuvent pas "acheter de quoi se protéger et de quoi être dignes", dans un entretien à Brut, vendredi 4 décembre courant.


Protection Hygiénique : Quid de la gratuité en France. (c) Sarah Barreiros.
Emmanuel Macron a promis pour 2021 "une réponse très concrète" au problème de la précarité menstruelle, ceci dans un entretien au média en ligne Brut, le vendredi 4 décembre. En effet, le 24 novembre dernier, l'Ecosse a définitivement voté en faveur de la gratuité des protections périodiques pour ses citoyennes, et on peut donc se demander si cette avancée contre la précarité menstruelle va bientôt s'étendre à d'autres pays, et notamment en France. Le président qui était interrogé sur la "gratuité des protections périodiques comme voté en Ecosse" a déclaré :"J'ai demandé qu'on avance, je veux qu'avec les associations compétentes et pour toutes les femmes qui sont dans cette situation, on puisse avoir une réponse", a-t-il déclaré. "Parce que, quand on voit des femmes qui sont dans la très grande précarité, qui sont à la rue, elles vivent tout ce que vit un homme, l'épuisement physique, la réduction de la durée de vie, les maladies qu'on contracte, l'humiliation, et elles vivent en plus deux choses: en effet la précarité menstruelle, le fait d'avoir des règles dans la rue et de ne pas pouvoir acheter de quoi se protéger et de quoi être digne dans la journée, et puis le viol", a détaillé le chef de l'Etat.

L’Ecosse prend donc un peu d’avance sur le reste de la planète en matière de droits des femmes. Le gouvernement écossais, qui soutenait déjà un programme d’accès aux produits menstruels gratuits dans les écoles, inscrit ainsi cette mesure dans le marbre et l’étend à toute la société. Comme le révèle la BBC, les autorités locales ont désormais l’obligation légale de veiller à ce que des articles gratuits tels que les tampons et les serviettes hygiéniques soient mis à la disposition de "toute personne qui en a besoin". Pour la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, il s’agit d’une mesure "importante pour les femmes et les jeunes filles". Sur Twitter, elle a déclaré être "fière de voter pour cette législation révolutionnaire, qui fait de l’Écosse le premier pays au monde à fournir des protections gratuites à tous ceux qui en ont besoin". Une décision devrait donc être prise pendant les premiers mois de l'année 2021 afin de savoir si, après l'Ecosse, la France va elle aussi garantir à toutes l'accès aux protections périodiques. Le président a rappelé, avec raison, que les femmes dans les situations les plus précaires, et notamment dans la rue, doivent faire face aux mêmes difficultés que les hommes dans leur situation avec en plus les règles à gérer.

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Prise de conscience

Depuis 2015-2016, la prise de conscience collective est visible et des associations comme Règles élémentaires ou Dons solidaires portent de véritables campagnes de communication et de collectes de produits d’hygiène auprès du grand public et au profit des plus précaires. Ces mouvements ont permis de renforcer également l’action politique sur le sujet. Le 28 mai 2019, à l’occasion de la journée mondiale pour l’hygiène menstruelle des femmes, Marlène Schiappa, à l’époque secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité femmes-hommes, a réuni plusieurs ministres, parlementaires, associations et industriels afin de mettre en place une politique pour lutter contre la précarité menstruelle. 
Le 17 octobre suivant, en France, la sénatrice LREM Patricia Schillinger avait recommandé d'expérimenter la gratuité des protections périodiques avec un rapport remis à la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa. L’objectif:  lutter contre le "fléau" de la précarité menstruelle qui touche les femmes précaires, incarcérées et de nombreuses collégiennes et étudiantes lorsqu'elles ont leurs règles. Ce texte comporte les conclusions de la mission qui lui avait été confiée en mai, à l'occasion de la "Journée mondiale de l'hygiène menstruelle".
"La gestion de l'hygiène féminine et l'accès à des protections périodiques relèvent des droits humains: de la dignité, de l'égalité entre les femmes et les hommes, de l'accès à l'éducation, de la santé des femmes", a-t-elle estimé. La sénatrice préconise ainsi d'expérimenter pendant un an la mise à disposition gratuite de serviettes hygiéniques et de tampons dans les lieux fréquentés par les personnes précaires et accompagnées (centres d'accueil de jour, hôtels sociaux, centres communaux d'actions sociales), dans les prisons et les établissements d'enseignement (collèges, lycées et universités).


Dans ces derniers, différents moyens pourraient être testés: près de l'infirmerie, dans les toilettes des filles ou dans les locaux de la vie scolaire. "La libre distribution, sans demande préalable et sans contrôle, est la clé du succès", a insisté Mme Schillinger, espérant que "dans quelques années on trouve cela aussi naturel qu'avoir du papier et du savon" dans les toilettes.
Au cours de sa vie, une femme qui a ses règles utilise 10.000 protections périodiques en sachant que les règles se produisent en moyenne 500 fois. Selon une étude Ifop commandée en 2019 par Dons solidaires, citée dans le rapport de Patricia Schilinger, une sur dix renonce à changer de protection périodique aussi souvent que nécessaire par manque d'argent. Un comportement qui n'est malheureusement pas dénué de risque pour la santé des femmes. En France, 1,7 million de femmes manquent de protection périodique et plus d’une femme sur trois ne change pas suffisamment de protection ou a recours à l’utilisation de protections de fortune. Outre des répercussions évidentes sur la santé de ces femmes, qui peuvent s’avérer très graves, ce manque de protection périodique a également des conséquences sur la vie étudiante et professionnelle des femmes concernées. 
En parallèle à la recherche de réponses législatives afin de permettre un accès gratuit ou à frais limité aux protections périodiques, d'autres solutions connaissent un succès important depuis quelques mois. Après les coupes menstruelles qui ont répondus aux scandales sanitaires des protections de mauvaises qualité, ce sont maintenant les sous vêtements spécialement conçus pour ces périodes qui semblent avoir la reconnaissance des femmes. La culotte menstruelle est devenu un objet classique dans la lingerie féminine. Ces culottes permettent de lutter efficacement contre différents problèmes de surconsommation, les risques liés à l'utilisation des protections (un tiers des femmes connaissent des allergies à l'un ou plusieurs composant des protections hygiéniques jetables) mais aussi la quantité de protections à acheter.  Les multiples couches de tissus qui composent la culotte permet une protection bien plus longue, dans les meilleures conditions de confort et de sécurité sanitaire. 





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