Transporté à l’Auditorium Rainier III pour d’évidentes raisons techniques, le premier concert d’été du Philarmonique de Monte-Carlo a trouvé son public des grands soirs dans une ambiance caniculaire et orageuse comme pas deux, la rareté, l’originalité des deux œuvres présentées ajoutant une dose de survoltage assez réjouissante.
Plaisir donc de redécouvrir le Concerto pour violon d’Aram Katchaturian, partition la plus célèbre du compositeur après sa fameuse Danse du Sabre… On sait que Katchaturian, qui est un peu à l’Arménie ce que Ravel est à la France, avait mieux à offrir que cette musique un peu simplette et bruyante. Pour preuve ce Concerto de 1940, créé par David Oïstrakh, dont les mouvements rapides se situent dans la veine 'motorique' d’un Prokofiev, et qui offre en outre l’une des thématiques les plus suavement nostalgiques du Maître. On retrouve ici en effet toutes ses qualités de verve, de virtuosité, de lyrisme et un développement symphonique élaboré.
Dès les premières notes, Arabella Steinbacher n’y va pas par quatre chemins et empoigne à plein archet la redoutable partition. Elégance de la respiration, franchise des attaques, virtuosité sans limites, on dirait par moment que la jolie munichoise jongle sans vergogne avec l’œuvre dans un enthousiasme généreux et habilement dosé. Pour l’andante sostenuto, l’Artiste invente une nouvelle 'valse triste', comme pour mieux laisser éclater le climat ensoleillé et les mille couleurs qui irisent la fête débridée du dernier mouvement. Aux petits oignons pour sa soliste, Orchestre et Chef tissent le plus chatoyant des écrins.
Après l’entracte, la question restait posée. Romantique, Saint-Saëns ? Lui qui prônait, avant Stravinsky, la non-expressivité de l’œuvre musicale a dû, dans son paradis de notes et de doubles-croches, sauter de surprises en surprises, en entendant sa Troisième Symphonie avec orgue interprétée avec une telle chaleur, une telle fougue, un tel lyrisme.
A cette symphonie, dédiée à la mémoire de Frantz Liszt, Kazuki Yamada fait surgir çà et là des échos de Beethoven et Mendelssohn, des bribes de Wagner, de telle sorte qu’on dirait que le chef laisse au diable les principes pour nous en donner une lecture originale et exaltante. Comme un malicieux ou complice regard d’Outre-Rhin porté ironiquement sur notre Camille national. C’est purement et simplement somptueux le chef arrivant même à ce tout de force de donner au deuxième mouvement, assez vide d’inspiration à notre goût, un relief particulier.
L’irruption de l’orgue surprend, comme à l’accoutumée. Olivier Vernet nous emmène alors de belle manière vers la lumière, vers ce que la vie recèle de positif, même sous la coupe du Destin. L’orchestration elle-même est plus lumineuse, vivante avec son joli piano perlé à quatre mains, malgré le poids, la solidité religieuse de l’orgue. Saint-Saëns en fait un instrument de puissance émancipatrice, laïc, enfin débarrassé de ses oripeaux religieux. Comme le fera plus tard un Widor, pour ne citer que lui.
Deux bis offerts d’abord par la violoniste puis par le chef ne pouvaient que séduire l’auditoire pour mieux le renvoyer dans ses pénates. Avec regrets, mais la tête pleine de musique et de bonheur.
Plaisir donc de redécouvrir le Concerto pour violon d’Aram Katchaturian, partition la plus célèbre du compositeur après sa fameuse Danse du Sabre… On sait que Katchaturian, qui est un peu à l’Arménie ce que Ravel est à la France, avait mieux à offrir que cette musique un peu simplette et bruyante. Pour preuve ce Concerto de 1940, créé par David Oïstrakh, dont les mouvements rapides se situent dans la veine 'motorique' d’un Prokofiev, et qui offre en outre l’une des thématiques les plus suavement nostalgiques du Maître. On retrouve ici en effet toutes ses qualités de verve, de virtuosité, de lyrisme et un développement symphonique élaboré.
Dès les premières notes, Arabella Steinbacher n’y va pas par quatre chemins et empoigne à plein archet la redoutable partition. Elégance de la respiration, franchise des attaques, virtuosité sans limites, on dirait par moment que la jolie munichoise jongle sans vergogne avec l’œuvre dans un enthousiasme généreux et habilement dosé. Pour l’andante sostenuto, l’Artiste invente une nouvelle 'valse triste', comme pour mieux laisser éclater le climat ensoleillé et les mille couleurs qui irisent la fête débridée du dernier mouvement. Aux petits oignons pour sa soliste, Orchestre et Chef tissent le plus chatoyant des écrins.
Après l’entracte, la question restait posée. Romantique, Saint-Saëns ? Lui qui prônait, avant Stravinsky, la non-expressivité de l’œuvre musicale a dû, dans son paradis de notes et de doubles-croches, sauter de surprises en surprises, en entendant sa Troisième Symphonie avec orgue interprétée avec une telle chaleur, une telle fougue, un tel lyrisme.
A cette symphonie, dédiée à la mémoire de Frantz Liszt, Kazuki Yamada fait surgir çà et là des échos de Beethoven et Mendelssohn, des bribes de Wagner, de telle sorte qu’on dirait que le chef laisse au diable les principes pour nous en donner une lecture originale et exaltante. Comme un malicieux ou complice regard d’Outre-Rhin porté ironiquement sur notre Camille national. C’est purement et simplement somptueux le chef arrivant même à ce tout de force de donner au deuxième mouvement, assez vide d’inspiration à notre goût, un relief particulier.
L’irruption de l’orgue surprend, comme à l’accoutumée. Olivier Vernet nous emmène alors de belle manière vers la lumière, vers ce que la vie recèle de positif, même sous la coupe du Destin. L’orchestration elle-même est plus lumineuse, vivante avec son joli piano perlé à quatre mains, malgré le poids, la solidité religieuse de l’orgue. Saint-Saëns en fait un instrument de puissance émancipatrice, laïc, enfin débarrassé de ses oripeaux religieux. Comme le fera plus tard un Widor, pour ne citer que lui.
Deux bis offerts d’abord par la violoniste puis par le chef ne pouvaient que séduire l’auditoire pour mieux le renvoyer dans ses pénates. Avec regrets, mais la tête pleine de musique et de bonheur.