Photo (c) Stéphanie Larcier
Vous êtes conductrice de train à la SNCF depuis 11 ans maintenant, d’où vous vient cette fascination pour les trains?
Je vais vous décevoir, cette passion pour les trains m’est venue de mon père qui travaillait en tant que machiniste, nous sommes un peu du milieu dans la famille. Depuis toute petite je me suis toujours dit que je serai soit laborantine soit conductrice de train. Après des études en biochimie écourtées à cause d’un stage qui s’était mal passé, je me suis orientée vers ma deuxième passion, les trains. J’avais déjà eu l’occasion de faire de l’accompagnement en cabine de conduite, et ce métier m’avait toujours inspirée. J’ai donc postulé dans le groupe SNCF. Après une série de tests, d’examens médicaux, d’entretiens, j’ai intégré l’école des conducteurs de train du groupe. En juillet 1999, j’ai donc débuté cette formation d’un an. J’y ai appris la conduite mais aussi les mécanismes d’un train, les procédures de sécurité et la réglementation relative au transport ferroviaire de passagers. Je travaille depuis maintenant 17 ans sur la ligne du RER D, en banlieue parisienne.
Cela n’a pas été trop difficile d’évoluer dans un métier plutôt masculin?
Les débuts ont été compliqués, j’avais droit à des remarques sexistes, des blagues pas très drôles de la part des hommes. Et puis au fur et à mesure, j’ai su me faire accepter. Je me souviens que nous étions 5 femmes conductrices pour 600 conducteurs au total sur ma zone, c’est à dire Paris Sud-Est. A l’époque je crois que le pourcentage était de 1,8% sur la France entière. Nous n’étions donc pas mal loties.
Vous êtes maman? Est-ce compliqué de conjuguer vie familiale et un métier où les horaires varient?
Quand je suis tombée enceinte, j’ai dû négocier les conditions de ma "descente de machine", on appelle cela comme ça dans le jargon lorsqu’un conducteur ne va plus conduire pendant un temps. Il faut savoir que le salaire d’un conducteur de train dépend beaucoup des primes, et si on ne roule pas, forcément, il n’y a pas de primes. Ce fut donc compliqué d’autant que le conducteur d’établissement de l’époque mettait des choses en place pour les hommes et pas pour les femmes. Par exemple, les femmes n’avaient pas le droit de venir au dépôt. A la naissance de ma fille en 2003, il a fallu s’organiser avec le papa qui est lui aussi conducteur. Nous avons aménagé nos horaires et c’est le temps partiel qui nous a sauvé. Les enfants sont maintenant habitués à nos horaires décalés.
Rencontrez-vous des difficultés ou au contraire des facilités au quotidiens lorsque vous êtes en contact direct avec les voyageurs?
Je vais vous étonner mais je rencontre plutôt des facilités, je crois que ça a calmé certains. Les voyageurs ne sont pas habitués à voir une femme aux commandes d’un train, du coup, certains venaient m’aider si des jeunes devenaient un peu trop perturbateurs. Cela ne m’empêche pas d’avoir peur dans certaines situations. Un soir, assez tard, j’étais en gare de Grigny Centre et le signal d’alarme a été déclenché. J’ai dû descendre pour aller voir ce qu’il se passe et un individu m’a agressé verbalement. Des voyageurs sont venus m’aider et tout est rentré dans l’ordre. Je dirais que cela fait partie du quotidien.
Vous avez suivi vos envies, où avez-vous puisé votre élan?
J’étais jeune, fougueuse et sans responsabilité. A 19 ans, on se pose moins de questions, on fonce. Aujourd’hui si je devais changer de voie professionnelle cela serait plus compliqué.
Au lendemain de la journée de la femme, que pensez-vous de la place de la femme dans notre société actuelle? Est-ce difficile de nos jours pour une femme de suivre ses envies, de changer de voie professionnelle…?
Je pense que pour ma part, je n’ai pas vraiment subi la différence de traitement hommes femmes, à part au début. A la SNCF, nous avons de la chance, ils ne font pas de différence et les rémunérations sont équivalentes, pas de problème avec le temps de travail non plus notamment avec mon temps partiel, c’est plutôt rare dans une entreprise. Nous avons organisé il y a quelques temps les "girls days", il s’agissait de féminiser la conduite de train et d’expliquer aux jeunes femmes qui ne trouvaient pas leur voie que ce métier est aussi un métier de femmes.
Il a fallu du temps pour faire accepter les femmes conductrices. A l’époque, lors des tests psychologiques, nous avions droit à des questions assez particulières, je me souviens de la psychologue qui m’avait demandé si travailler au milieu d’hommes n’allaient pas me titiller! Nous avons fait remonter les infos, les plaintes et la SNCF, a, au bout d’un certain temps signée les accords de mixité. Aujourd’hui, heureusement ce n’est plus le cas, et cela ne serait pas toléré par les adjoints, les syndicats...
De façon plus global, concernant la place de la femme dans la société, il y a encore du chemin à faire, malheureusement c’est une réalité.
Je vais vous décevoir, cette passion pour les trains m’est venue de mon père qui travaillait en tant que machiniste, nous sommes un peu du milieu dans la famille. Depuis toute petite je me suis toujours dit que je serai soit laborantine soit conductrice de train. Après des études en biochimie écourtées à cause d’un stage qui s’était mal passé, je me suis orientée vers ma deuxième passion, les trains. J’avais déjà eu l’occasion de faire de l’accompagnement en cabine de conduite, et ce métier m’avait toujours inspirée. J’ai donc postulé dans le groupe SNCF. Après une série de tests, d’examens médicaux, d’entretiens, j’ai intégré l’école des conducteurs de train du groupe. En juillet 1999, j’ai donc débuté cette formation d’un an. J’y ai appris la conduite mais aussi les mécanismes d’un train, les procédures de sécurité et la réglementation relative au transport ferroviaire de passagers. Je travaille depuis maintenant 17 ans sur la ligne du RER D, en banlieue parisienne.
Cela n’a pas été trop difficile d’évoluer dans un métier plutôt masculin?
Les débuts ont été compliqués, j’avais droit à des remarques sexistes, des blagues pas très drôles de la part des hommes. Et puis au fur et à mesure, j’ai su me faire accepter. Je me souviens que nous étions 5 femmes conductrices pour 600 conducteurs au total sur ma zone, c’est à dire Paris Sud-Est. A l’époque je crois que le pourcentage était de 1,8% sur la France entière. Nous n’étions donc pas mal loties.
Vous êtes maman? Est-ce compliqué de conjuguer vie familiale et un métier où les horaires varient?
Quand je suis tombée enceinte, j’ai dû négocier les conditions de ma "descente de machine", on appelle cela comme ça dans le jargon lorsqu’un conducteur ne va plus conduire pendant un temps. Il faut savoir que le salaire d’un conducteur de train dépend beaucoup des primes, et si on ne roule pas, forcément, il n’y a pas de primes. Ce fut donc compliqué d’autant que le conducteur d’établissement de l’époque mettait des choses en place pour les hommes et pas pour les femmes. Par exemple, les femmes n’avaient pas le droit de venir au dépôt. A la naissance de ma fille en 2003, il a fallu s’organiser avec le papa qui est lui aussi conducteur. Nous avons aménagé nos horaires et c’est le temps partiel qui nous a sauvé. Les enfants sont maintenant habitués à nos horaires décalés.
Rencontrez-vous des difficultés ou au contraire des facilités au quotidiens lorsque vous êtes en contact direct avec les voyageurs?
Je vais vous étonner mais je rencontre plutôt des facilités, je crois que ça a calmé certains. Les voyageurs ne sont pas habitués à voir une femme aux commandes d’un train, du coup, certains venaient m’aider si des jeunes devenaient un peu trop perturbateurs. Cela ne m’empêche pas d’avoir peur dans certaines situations. Un soir, assez tard, j’étais en gare de Grigny Centre et le signal d’alarme a été déclenché. J’ai dû descendre pour aller voir ce qu’il se passe et un individu m’a agressé verbalement. Des voyageurs sont venus m’aider et tout est rentré dans l’ordre. Je dirais que cela fait partie du quotidien.
Vous avez suivi vos envies, où avez-vous puisé votre élan?
J’étais jeune, fougueuse et sans responsabilité. A 19 ans, on se pose moins de questions, on fonce. Aujourd’hui si je devais changer de voie professionnelle cela serait plus compliqué.
Au lendemain de la journée de la femme, que pensez-vous de la place de la femme dans notre société actuelle? Est-ce difficile de nos jours pour une femme de suivre ses envies, de changer de voie professionnelle…?
Je pense que pour ma part, je n’ai pas vraiment subi la différence de traitement hommes femmes, à part au début. A la SNCF, nous avons de la chance, ils ne font pas de différence et les rémunérations sont équivalentes, pas de problème avec le temps de travail non plus notamment avec mon temps partiel, c’est plutôt rare dans une entreprise. Nous avons organisé il y a quelques temps les "girls days", il s’agissait de féminiser la conduite de train et d’expliquer aux jeunes femmes qui ne trouvaient pas leur voie que ce métier est aussi un métier de femmes.
Il a fallu du temps pour faire accepter les femmes conductrices. A l’époque, lors des tests psychologiques, nous avions droit à des questions assez particulières, je me souviens de la psychologue qui m’avait demandé si travailler au milieu d’hommes n’allaient pas me titiller! Nous avons fait remonter les infos, les plaintes et la SNCF, a, au bout d’un certain temps signée les accords de mixité. Aujourd’hui, heureusement ce n’est plus le cas, et cela ne serait pas toléré par les adjoints, les syndicats...
De façon plus global, concernant la place de la femme dans la société, il y a encore du chemin à faire, malheureusement c’est une réalité.