Picasso, la guerre, la musique et le théâtre

La chronique culturelle de Colette


Par Rédigé le 12/04/2019 (dernière modification le 11/04/2019)

Durant sa longue vie, 1881-1973, Picasso aura été le témoin des nombreux conflits qui ont ébranlé le monde, guerre hispano-cubaine de 1898, en automne 1912 le conflit balkanique lui fournit les coupures de journaux qu’il insère dans certains de ses papiers collés, deux guerres mondiales, guerres de décolonisation et naturellement celle qui ravagea son pays natal de 1936 à 1939.


Son œuvre en a été marquée, c’est ce que s’attachent à montrer 300 pièces, croquis de jeunesse, peintures, archives, photographies, issus de collections françaises et internationales. C’est la première fois qu’un tel ensemble pour ce sujet et cet artiste est proposé. On pense tout naturellement au tableau Guernica mondialement connu. Cet immense tableau de 3,5m sur près de 8m réalisé entre le 1er mai et le 4 juin 1937 se trouve au Musée national centre d’art Reina Sofía à Madrid d’où il ne sort jamais. Cependant, Guernica ouvre l’exposition grâce à une photographie de Dora Maar, sa muse du moment, prise dans l’atelier du 7 de la rue des Grands-Augustins où Picasso le réalisa, commande du gouvernement républicain pour le pavillon espagnol de l'Exposition universelle de Paris de 1937.
Cette exposition, jusqu’au 28 juillet 2019, placée sous le haut patronage de S. Exc. l’ambassadeur d’Espagne en France, est organisée par le musée de l’Armée et le Musée national Picasso-Paris en partenariat avec le musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne et elle bénéficie du soutien du CIC, Crédit industriel et commercial.

Dans le cadre de cette exposition, la musique espagnole est à l’honneur du jeudi 4 avril au 17 juin avec onze concerts.
"L’Heure espagnole" a commencé le 4 avril en la Cathédrale Saint-Louis. Le pianiste Luis Fernando Pérez a alterné des pièces pour piano seul d’Erik Satie et d’autres pour piano et orchestre de compositeurs espagnols avec l’Orchestre symphonique de la Garde républicaine, Asturias, extrait de la Suite espagnole pour orchestre d’Albéniz et le Concierto fantástico, Op.78 du même compositeur. Le clou en était certainement Parade d’Eric Satie, 1917, Jean Cocteau en imagina l’argument de ce ballet dansé par la compagnie des Ballets Russes de Serge de Diaghilev, Pablo Picasso en avait réalisé les décors et les costumes.

Suivra le concert "Nuits dans les jardins d'Espagne"
Le jeudi 11 avril à 20h toujours en la Cathédrale Saint-Louis des Invalides. L’Orchestre de la Musique de l'air sous la direction du lieutenant-colonel Claude Kesmaecker accompagnera le pianiste Michel Beroff.

Au programme:
Pulcinella, Suite de ballet, pour orchestre d’Igor Stravinski, commande de Serge de Diaghilev en 1919.
Concerto pour piano et instruments à vent de Stravinski, composé à Paris en 1923-1924.
España, Rhapsodie pour orchestre d’Emmanuel Chabrier, écrite par le compositeur en 1883 après un voyage en Espagne.
Alborada del Gracioso, pour orchestre de Maurice Ravel, quatrième des cinq pièces de Miroirs pour piano composées entre 1904 et 1906.
Danzas fantásticas, opus 22, danse n°3, Orgía de Joaquín Turina, pour orchestre composé en 1919..
Nuits dans les jardins d'Espagne de manuel de Falla, Impressions symphoniques, pour piano et orchestre. Œuvre achevée en 1915 et dédiée au grand pianiste Ricardo Viñes.

Signalons encore en avril:
Le 12 avril à 12h15 au Grand salon. Guitare espagnole avec Margot Fontana. Au programme: Gerhard, Satie, Tippett, de Falla, et Stravinski.
Le 15 avril à 12h15 au Grand salon. Masterclasse du Cuarteto Quiroga. Œuvre étudiée: quatuor à cordes opus 20 n°2 de Haydn.
Le 15 avril à 20h au Grand salon. Art du Cuarteto Quiroga. Au programme: Turina, Chostakovitch, Ginastera et Halffter.
 Le 17 avril à 20h en la Cathédrale Saint-Louis. Au programme: Stabat Mater de Boccherini, Quintette à cordes n°9 La Musica Notturna delle Strade di Madrid, G453, Concerto en sol majeur G480, pour violon, Stabat Mater, G.532, pour voix et orchestre de Boccherini avec l’Orchestre Pulcinella sous la direction d’Ophélie Gaillard qui sera aussi au violoncelle.

"Picasso et la guerre" jusqu’au 28 juillet 2019
Hôtel national des Invalides
129, rue de Grenelle
75007 Paris
Tél: 01 44 42 38 77
musee-armee.fr

Picasso dramaturge

Il a été peintre, sculpteur, céramiste, quafortiste, aquatintiste, lithographe, lino-graveur notamment mais on l’oublie parfois il a aussi écrit et beaucoup. C’est ainsi qu’on lui doit de nombreux poèmes et trois pièces de théâtre "Les Quatre petites Filles" "Le désir attrapé par la queue" et "L’enterrement du comte d'Orgaz" publié à Barcelone, en 1970 et dont le titre rappelle le célèbre tableau du Greco. "Le désir attrapé par la queue", d’inspiration surréaliste et écrit entre le 14 et le 17 janvier 1941, fait référence à l’Occupation. Le nom de quelques personnages donne le ton, Gros Pied, Les Deux Toutous, L’Angoisse grasse ou L'Angoisse maigre, on n’est pas loin du théâtre de l’absurde qui fleurira dès les années 50.

La première était privée, le 19 mars 1944, au domicile parisien du couple Leiris, au 4e étage du 53 bis, quai des Grands-Augustins. Avec dans les rôles principaux Michel Leiris, Raymond Queneau, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre et Dora Maar, la mise en scène était due à Albert Camus. Devant un auditoire choisi, Jacques Lacan, Cécile Éluard, Jean-Louis Barrault, Georges Braque, Maria Casarès notamment.
Le 16 juin 1944, ils reprendront la pièce chez Picasso, rue des Grands-Augustins et le photographe Brassaï immortalisera l’événement. La première officielle aura lieu en juillet 1967 lors de la 4e édition du festival de la Libre expression à Saint-Tropez.

Du 13 avril au 14 juillet, "Le désir attrapé par la queue" sera représenté les samedis et dimanches à 12h30, 14h30 et 16h30, sauf le samedi 27 avril. Dans la salle Turenne de l’Hôtel national des Invalides dans une mise en scène du comédien-auteur Thierry Harcourt.


Picasso et la guerre.m4a  (922.08 Ko)






Autres articles dans la même rubrique ou dossier: