Une vivifiante mise en espace qui change des rigides versions concertantes
Photo courtoisie (c) DR
"Cenerentola vien quà, Cenerentola vien là"... La "Cendrillon" de Rossini n'en finit pas de recevoir les honneurs des théâtres, juste hommage à une œuvre bien fort longtemps méconnue mais pleine de charme, d'invention, au livret mi-féerique, mi-vaudevillesque où la matière de Perrault se trouve bizarrement modernisée, vivifiée, voire vitriolée, puisque le texte de Jaccopo Ferreti dépasse toutes les bornes de la cruauté, de la dérision, donnant au lénifiant conte de fées pour enfants sages ou pas, des allures d'authentique drame de la méchanceté.
Pas de citrouille transformée en carrosse, pas de pantoufle de vair, pas de ménagerie à la Walt Disney, ni même de grosse farce dans cette morale cul-cul la praline qui célèbre le triomphe de la bonté!
Il est difficile par contre de rêver partition plus enlevée, plus stimulante, qui laisse aller à quelques transes bienheureuses.
Au Grimaldi Forum, la mise en espace signée par Claudia Blersch (les costumes délirants sont signés Luigi Perego et tous jouent simplement autour de quelques accessoires), met judicieusement l'accent sur la drôlerie, dans une tradition toute italienne, buffa e seriosa à la fois, qui étonne et captive avec une sage folie des rythmes (encore!), des emportements virtuoses, ce sens de l'absurde ou l'enchevêtrement des jeux de scène "cocassement" chorégraphiés.
Mais si la musique s'amuse, un impalpable sérieux sous-jacent apparaît. Cette histoire d'amour, ici encore hésitante, mais que le romantisme galopant saura exploiter jusqu'à la cassure - avec le triomphe final de la bonté et du pardon - annonce déjà les composantes de la morale de la fin de siècle, et ceci, Claudia Blersch le souligne clairement.
On pouvait dès lors se laisser aller à la malice du chant, excellemment rendue par une distribution complice, réussissant ce tour de force de trouver l'accord parfait.
Belle, dense, intense tout autant que vulnérable, Cecila Bartoli vocalise à la perfection. Son timbre, fruité comme aux premiers jours, d'une grande souplesse dans l'aigu, insuffle à la scène finale une émotion et une élégance certaines.
Edgardo Rocha se montre un ténor de charme, vaillant, solide et son Ramiro n'est pas dénué d'une certaine noblesse.
Don Magnifico est un rôle sur lequel on peut vite déraper si on tombe dans la charge - et là elle pointe son nez à plus d'une reprise! - mais le grand Carlos Chausson reste un modèle de truculence dosée de finesse. On est loin des basses grasseyantes souvent distribuées dans ce rôle. Sa composition est de plus absolument irrésistible.
D'une voix plus toujours claire mais mordante quand il le faut, le vétéran Alessandro Corbelli, déploie une belle ligne de chant et se montre vieux beau très "smart" face aux deux sœurs chipies bien caricaturées (un tantinet nymphomanes?) de Sen Guo et Irène Friedli.
Alidoro joue ici l'emploi du démiurge secret, c'est lui qui tire toutes les ficelles de l'action. Il trouve dans Ugo Guagliardo une basse de première valeur.
La poignée de chœur masculin préparée par Stefano Visconti? Complice, parfaite, enjouée, bien en place.
Dans cette optique, la direction de Gianluca Capuano au pupitre des Musiciens du Prince se révèle lente, rêveuse, mélancolique, et nimbe la partition d'une frêle lumière crépusculaire, inspirant à sa phalange des sonorités d'or et d'ombres. Une telle conception se défend fort bien. Tirant avec bonheur vers Donizetti, il évite toujours le vulgaire. Tant mieux...
Pas de citrouille transformée en carrosse, pas de pantoufle de vair, pas de ménagerie à la Walt Disney, ni même de grosse farce dans cette morale cul-cul la praline qui célèbre le triomphe de la bonté!
Il est difficile par contre de rêver partition plus enlevée, plus stimulante, qui laisse aller à quelques transes bienheureuses.
Au Grimaldi Forum, la mise en espace signée par Claudia Blersch (les costumes délirants sont signés Luigi Perego et tous jouent simplement autour de quelques accessoires), met judicieusement l'accent sur la drôlerie, dans une tradition toute italienne, buffa e seriosa à la fois, qui étonne et captive avec une sage folie des rythmes (encore!), des emportements virtuoses, ce sens de l'absurde ou l'enchevêtrement des jeux de scène "cocassement" chorégraphiés.
Mais si la musique s'amuse, un impalpable sérieux sous-jacent apparaît. Cette histoire d'amour, ici encore hésitante, mais que le romantisme galopant saura exploiter jusqu'à la cassure - avec le triomphe final de la bonté et du pardon - annonce déjà les composantes de la morale de la fin de siècle, et ceci, Claudia Blersch le souligne clairement.
On pouvait dès lors se laisser aller à la malice du chant, excellemment rendue par une distribution complice, réussissant ce tour de force de trouver l'accord parfait.
Belle, dense, intense tout autant que vulnérable, Cecila Bartoli vocalise à la perfection. Son timbre, fruité comme aux premiers jours, d'une grande souplesse dans l'aigu, insuffle à la scène finale une émotion et une élégance certaines.
Edgardo Rocha se montre un ténor de charme, vaillant, solide et son Ramiro n'est pas dénué d'une certaine noblesse.
Don Magnifico est un rôle sur lequel on peut vite déraper si on tombe dans la charge - et là elle pointe son nez à plus d'une reprise! - mais le grand Carlos Chausson reste un modèle de truculence dosée de finesse. On est loin des basses grasseyantes souvent distribuées dans ce rôle. Sa composition est de plus absolument irrésistible.
D'une voix plus toujours claire mais mordante quand il le faut, le vétéran Alessandro Corbelli, déploie une belle ligne de chant et se montre vieux beau très "smart" face aux deux sœurs chipies bien caricaturées (un tantinet nymphomanes?) de Sen Guo et Irène Friedli.
Alidoro joue ici l'emploi du démiurge secret, c'est lui qui tire toutes les ficelles de l'action. Il trouve dans Ugo Guagliardo une basse de première valeur.
La poignée de chœur masculin préparée par Stefano Visconti? Complice, parfaite, enjouée, bien en place.
Dans cette optique, la direction de Gianluca Capuano au pupitre des Musiciens du Prince se révèle lente, rêveuse, mélancolique, et nimbe la partition d'une frêle lumière crépusculaire, inspirant à sa phalange des sonorités d'or et d'ombres. Une telle conception se défend fort bien. Tirant avec bonheur vers Donizetti, il évite toujours le vulgaire. Tant mieux...