Denis Sassou N'Gasso avec John Kerry, lors du sommet USA-Afrique en 2014. Image du domaine public.
L'opposition congolaise a tenu un dialogue à Brazzaville du 26 au 29 juillet 2015. Celui-ci a réuni 630 délégués. Deux points essentiels étaient à l’ordre du jour des discussions: le respect de l'ordre constitutionnel et la gouvernance électorale. Dans les conclusions remises au chef de l’État à l'issue de ce dialogue, les participants demandent au gouvernement de prendre les dispositions prévues par la constitution, pour l'organisation de l'élection présidentielle; la mise en place en place d'un calendrier électoral, ainsi que la transparence du processus électoral.
La résistance à l’oppression est un droit naturel dont l’usage ne nécessite aucun protocole
En outre, si le président de la République venait à faire un passage en force, les opposants au changement de la constitution appellent les Congolais à "une résistance héroïque". Aussi, s’accordent-ils sur l’usage et la mutualisation de tous les moyens constitutionnels à leur disposition afin d'empêcher ce "coup d’État constitutionnel". A cet effet, ils rappellent que la constitution congolaise du 20 janvier 2002 reconnaît le droit à tout citoyen de résister à toute forme de dictature ou d’oppression. Mabio Mavoungou Zinga, député frondeur du Rassemblement pour la démocratie et le progrès social (RDPS, parti de la majorité présidentiel), affirme ainsi que: "La résistance à l’oppression est un droit naturel dont l’usage ne nécessite aucun protocole".
A la différence de Sibiti, le dialogue de Brazzaville était marqué par la présence de plusieurs leaders de l’opposition congolaise réunis au sein du Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (FROCARD) et de certains membres de la majorité présidentielle opposés au changement de la constitution. Il s'agissait de Guy Brice Parfait Kolelas, actuel ministre de la fonction publique; Claudine Munari, ministre du commerce; André Okombi Salissa, membre du Parti Congolais du Travail (PCT, parti au pouvoir).
Pour rappel, deux semaines auparavant, un dialogue avait été convoqué par Denis Sassou N’Guesso à Sibiti. Pour l’opposition, les conclusions les plus inquiétantes de ce dialogue sont relatives à l’abrogation de la limitation du nombre de mandats présidentiels actuellement fixé à deux; et la réduction de l'âge permettant d'accéder à la magistrature suprême (30 au lieu de 40 ans) sans limitation portant sur l’âge maximal (actuellement fixé à 70 ans). La majorité entend organiser un référendum, en vue d'intégrer ces changements dans la constitution ou de la changer complètement. Ces conclusions ont été boudées par l'opposition, qui y voit une manipulation du président de la République, dans le but de "s'éterniser au pouvoir". En effet, Denis Sassou N’Guesso, âgé de 72 ans, arrive au terme de son second mandat sous l’actuelle constitution et ne peut briguer un autre mandat présidentiel selon cette dernière.
L'organisation et les conclusions de ces deux dialogues témoignent d'un manque de consensus entre l’opposition et la majorité présidentielle. Ce manque de consensus s’étend aussi à la représentativité des participants à ces deux dialogues. Tous les regards sont à présent rivés sur le chef de l'État, qui, selon la constitution, était encore garant des institutions de la République jusqu'au 16 août 2016. Un avis d’une cour constitutionnelle jusqu’alors muette serait-il édifiant?
L'organisation et les conclusions de ces deux dialogues témoignent d'un manque de consensus entre l’opposition et la majorité présidentielle. Ce manque de consensus s’étend aussi à la représentativité des participants à ces deux dialogues. Tous les regards sont à présent rivés sur le chef de l'État, qui, selon la constitution, était encore garant des institutions de la République jusqu'au 16 août 2016. Un avis d’une cour constitutionnelle jusqu’alors muette serait-il édifiant?