Il est dix 12 heures piles au quartier Funu Buholo 4 dans la populeuse commune de Kadutu. La température dans le container qui sert de bureau au commissariat de police marque 29° Celsius. Une épaisse fumée de poussière couvre tout le quartier. Une odeur nauséabonde s’échappe de caniveaux utilisés comme trous perdus par certaines familles. Nous sommes bien en saison sèche.
A la source aménagée à cet endroit, des centaines de femmes, des jeunes filles et des jeunes garçons sont là depuis quatre heures pour certaines et certains et pas une seule goutte d’eau dans leurs récipients. Il faut avoir du biceps pour puiser ou débourser de l’argent pour accès à la source.
En effet, des jeunes délinquants font la loi à cette source d’eau. Ils brutalisent et bousculent tout le monde sans ménagement. Face aux cris de détresse de la population de ce quartier dans lequel l’eau du robinet ne coule plus depuis des mois, l’autorité communale y a même placé des policiers pour assurer la sécurité de la population mais en vain.
Quand je débarque un dimanche, c’est la pagaille et l’anarchie les plus totales. Chimène, 15 ans est là depuis 5 heures trente mais elle n’arrive pas à puiser. « Je rate des leçons à l’école à cause du manque d’eau. Comme on n’a pas un grand garçon chez-nous, il faut passer par les garçons du voisinage pour pouvoir puiser. Quand ils ne sont pas là comme aujourd’hui, c’est pratiquement impossible d’avoir l’eau, » déclare-t-elle. Le directeur d'une école primaire proche de la source affirme que le manque d’eau est à la base de l’absentéisme de certains élèves qui souffrent des maladies des mains sales. C’est grâce à l’Unicef que nous avons des latrines propres cette année, nous dit ce directeur dont l’école n’est pas connectée au réseau de distribution d’eau depuis des années.
Un élu local s’implique
Le député provincial Jean-Pierre Mukubaganyi s’est engagé à venir en aide à la population de ces quartiers en panne sèche d’eau. « Comme les jeunes délinquants commençaient à exagérer jusqu’à violer des filles et des femmes et à faire payer l’accès à cette source publique d’eau, j’ai pensé qu’il fallait faire quelque chose pour soulager tant soit peu la souffrance de certains de mes électeurs qui habitent ces quartiers. J’ai pris en charge les frais de gardiennage et d’entretien de la source. Comme ça personne ne pourra faire payer l’accès à l’eau de la source, » a annoncé cet élu dans les médias locaux.
Du côté de la REGIDESO, service publique en charge de la distribution d’eau, le problème des coupures est liées à la vétusté du réseau qui date de l’époque coloniale alors que la ville n’était habitée que par moins de 100.000 habitants. Aujourd’hui, Bukavu compte pas moins de 500.000 habitants. Nous essayons tant bien que mal à desservir tout le monde mais en ce début de saison sèche, il faut s’attendre à des perturbations dans la distribution. Nous avons toujours dénoncé la pratique qui consiste à cultiver au bord de la rivière Murhundu de laquelle nous tirons l’eau distribuée en ville. Nous connaissons aussi le phénomène des constructions anarchiques qui vont jusqu’à casser des tuyaux de la Regideso. Tout ceci contribue à ce que vous avez appelé panne sèche à Bukavu, nous avoue le directeur provincial de la Regideso M Baudouin Mirindi.
Demi-terrain
L’accès à une eau de qualité étant l’un des droits de la population, les autorités congolaises avaient placé cette problématique dans les priorités lors des élections de 2006. Trois ans après, on n’est loin du compte. Il y a une semaine, une panne sèche a failli conduire à une mutinerie. La section Droit de l’Homme de la Monuc est venue à la rescousse des prisonniers en distribuant des bouteilles d’eau minérale. Quant aux jeunes gens, ils ont une nouvelle façon de faire face au manque d’eau. Ils appellent cela ‘Demi-terrain‘. « On se lave les parties visibles et sensibles du corps avec le peu d’eau qu’on a. Les règles d’hygiène seront respectées à la fin de la panne sèche », conclut Charles M, étudiant.
A la source aménagée à cet endroit, des centaines de femmes, des jeunes filles et des jeunes garçons sont là depuis quatre heures pour certaines et certains et pas une seule goutte d’eau dans leurs récipients. Il faut avoir du biceps pour puiser ou débourser de l’argent pour accès à la source.
En effet, des jeunes délinquants font la loi à cette source d’eau. Ils brutalisent et bousculent tout le monde sans ménagement. Face aux cris de détresse de la population de ce quartier dans lequel l’eau du robinet ne coule plus depuis des mois, l’autorité communale y a même placé des policiers pour assurer la sécurité de la population mais en vain.
Quand je débarque un dimanche, c’est la pagaille et l’anarchie les plus totales. Chimène, 15 ans est là depuis 5 heures trente mais elle n’arrive pas à puiser. « Je rate des leçons à l’école à cause du manque d’eau. Comme on n’a pas un grand garçon chez-nous, il faut passer par les garçons du voisinage pour pouvoir puiser. Quand ils ne sont pas là comme aujourd’hui, c’est pratiquement impossible d’avoir l’eau, » déclare-t-elle. Le directeur d'une école primaire proche de la source affirme que le manque d’eau est à la base de l’absentéisme de certains élèves qui souffrent des maladies des mains sales. C’est grâce à l’Unicef que nous avons des latrines propres cette année, nous dit ce directeur dont l’école n’est pas connectée au réseau de distribution d’eau depuis des années.
Un élu local s’implique
Le député provincial Jean-Pierre Mukubaganyi s’est engagé à venir en aide à la population de ces quartiers en panne sèche d’eau. « Comme les jeunes délinquants commençaient à exagérer jusqu’à violer des filles et des femmes et à faire payer l’accès à cette source publique d’eau, j’ai pensé qu’il fallait faire quelque chose pour soulager tant soit peu la souffrance de certains de mes électeurs qui habitent ces quartiers. J’ai pris en charge les frais de gardiennage et d’entretien de la source. Comme ça personne ne pourra faire payer l’accès à l’eau de la source, » a annoncé cet élu dans les médias locaux.
Du côté de la REGIDESO, service publique en charge de la distribution d’eau, le problème des coupures est liées à la vétusté du réseau qui date de l’époque coloniale alors que la ville n’était habitée que par moins de 100.000 habitants. Aujourd’hui, Bukavu compte pas moins de 500.000 habitants. Nous essayons tant bien que mal à desservir tout le monde mais en ce début de saison sèche, il faut s’attendre à des perturbations dans la distribution. Nous avons toujours dénoncé la pratique qui consiste à cultiver au bord de la rivière Murhundu de laquelle nous tirons l’eau distribuée en ville. Nous connaissons aussi le phénomène des constructions anarchiques qui vont jusqu’à casser des tuyaux de la Regideso. Tout ceci contribue à ce que vous avez appelé panne sèche à Bukavu, nous avoue le directeur provincial de la Regideso M Baudouin Mirindi.
Demi-terrain
L’accès à une eau de qualité étant l’un des droits de la population, les autorités congolaises avaient placé cette problématique dans les priorités lors des élections de 2006. Trois ans après, on n’est loin du compte. Il y a une semaine, une panne sèche a failli conduire à une mutinerie. La section Droit de l’Homme de la Monuc est venue à la rescousse des prisonniers en distribuant des bouteilles d’eau minérale. Quant aux jeunes gens, ils ont une nouvelle façon de faire face au manque d’eau. Ils appellent cela ‘Demi-terrain‘. « On se lave les parties visibles et sensibles du corps avec le peu d’eau qu’on a. Les règles d’hygiène seront respectées à la fin de la panne sèche », conclut Charles M, étudiant.