Une rue de la Havane
Récemment sortait «Che», le film en deux épisodes de Steven Soderbergh, relatant la vie d'Ernesto Guevara, l'un des instigateurs de cette révolution qui occupa plusieurs postes importants avant de tomber en disgrâce et d'être exécuté le 9 octobre 1967 à La Higuera en Bolivie.
Tout cela nous ramène aux premiers temps de la révolution cubaine qui avait suscité la curiosité et beaucoup d'espoir dans le monde, ils ont fait l'objet d'un reportage que son auteur Jean-Paul Sartre avait confié à France-Soir, pour lui donner une plus large audience. Le quotidien annonçait "Un grand reportage à Cuba de Jean-Paul Sartre sur Fidel Castro". France-Soir précisait aussi qu'il n'était pas toujours d'accord avec les opinions émises mais exprimait sa fierté d'accueillir un aussi grand écrivain. Ouragan sur le sucre, tel est le titre donné par Sartre, est repris dans le numéro 649 d'avril-juin 2008 de la revue politique et littéraire Les Temps modernes, fondée en octobre 1945 par lui-même et Simone de Beauvoir. Le voyage fait à l'invitation de Carlos Franqui, directeur de la revue Revolución, fut effectué du 22 février au 20 mars 1960 en compagnie de Simone de Beauvoir. Claude Lanzmann, actuel directeur des Temps modernes, avait à l'époque rédigé pour le journal les titres et intertitres et réparti le texte en seize articles qui seront publiés du 28 juin au 15 juillet, les lettres de lecteurs parurent le 16 juillet. C'est donc le texte intégral du reportage qui figure dans ce numéro des Temps modernes, assorti de quelques notes et suivi d'un appendice qui aurait pu devenir un livre sur Cuba qui n'a jamais été écrit. Ce n'était d'ailleurs pas le premier voyage de Sartre dans cette île, il y était déjà allé en 1949 en revenant d'Haïti.
Il évoque tout au long de ces pages avec beaucoup de précision l'histoire récente de l'île, la corruption, la misère, la suprématie de la canne à sucre, les 45% d'illettrés, les 30% de chômeurs, l'invasion du marché américain. Il relate minutieusement les conditions de l'arrivée au pouvoir de Castro, l'attaque de la caserne Moncada le 26 juilet 1952, les combats dans la sierra, nous brosse un portrait de Fidel, il parle de la réforme agraire et de la redistribution des terres, des coopératives, des jeunes ministres dont la moyenne d'âge est de 29 ans, de l'enthousiasme devant l'ampleur de la tâche à réaliser. Si on a la chance de retrouver les pages du journal, on y verra quelques photos exhalant vraiment un parfum de nostalgie, mariage de Guevara avec Alcida March le 2 juin 1959, Fidel avec Sartre, les mêmes au cours d'une tournée en voiture dans la campagne, Sartre et Simone de Beauvoir dans le bureau de Guevara, alors président de la Banque nationale.
Ce texte brillamment écrit, est resté malgré tout ce que nous pouvons savoir actuellement sur la réalité cubaine, un document passionnant dont la lecture ne peut être que chaudement recommandée.
Tout cela nous ramène aux premiers temps de la révolution cubaine qui avait suscité la curiosité et beaucoup d'espoir dans le monde, ils ont fait l'objet d'un reportage que son auteur Jean-Paul Sartre avait confié à France-Soir, pour lui donner une plus large audience. Le quotidien annonçait "Un grand reportage à Cuba de Jean-Paul Sartre sur Fidel Castro". France-Soir précisait aussi qu'il n'était pas toujours d'accord avec les opinions émises mais exprimait sa fierté d'accueillir un aussi grand écrivain. Ouragan sur le sucre, tel est le titre donné par Sartre, est repris dans le numéro 649 d'avril-juin 2008 de la revue politique et littéraire Les Temps modernes, fondée en octobre 1945 par lui-même et Simone de Beauvoir. Le voyage fait à l'invitation de Carlos Franqui, directeur de la revue Revolución, fut effectué du 22 février au 20 mars 1960 en compagnie de Simone de Beauvoir. Claude Lanzmann, actuel directeur des Temps modernes, avait à l'époque rédigé pour le journal les titres et intertitres et réparti le texte en seize articles qui seront publiés du 28 juin au 15 juillet, les lettres de lecteurs parurent le 16 juillet. C'est donc le texte intégral du reportage qui figure dans ce numéro des Temps modernes, assorti de quelques notes et suivi d'un appendice qui aurait pu devenir un livre sur Cuba qui n'a jamais été écrit. Ce n'était d'ailleurs pas le premier voyage de Sartre dans cette île, il y était déjà allé en 1949 en revenant d'Haïti.
Il évoque tout au long de ces pages avec beaucoup de précision l'histoire récente de l'île, la corruption, la misère, la suprématie de la canne à sucre, les 45% d'illettrés, les 30% de chômeurs, l'invasion du marché américain. Il relate minutieusement les conditions de l'arrivée au pouvoir de Castro, l'attaque de la caserne Moncada le 26 juilet 1952, les combats dans la sierra, nous brosse un portrait de Fidel, il parle de la réforme agraire et de la redistribution des terres, des coopératives, des jeunes ministres dont la moyenne d'âge est de 29 ans, de l'enthousiasme devant l'ampleur de la tâche à réaliser. Si on a la chance de retrouver les pages du journal, on y verra quelques photos exhalant vraiment un parfum de nostalgie, mariage de Guevara avec Alcida March le 2 juin 1959, Fidel avec Sartre, les mêmes au cours d'une tournée en voiture dans la campagne, Sartre et Simone de Beauvoir dans le bureau de Guevara, alors président de la Banque nationale.
Ce texte brillamment écrit, est resté malgré tout ce que nous pouvons savoir actuellement sur la réalité cubaine, un document passionnant dont la lecture ne peut être que chaudement recommandée.