Bardée de diplômes divers et de prix prestigieux (Pavarotti en 2010, Colzani en 2011), encensée par la redoutable critique italienne, avec en France quelques apparitions remarquées dans Mozart, la soprano franco-nigériane Omo Bello fait son entrée dans le monde discographique avec un récital Gustav Mahler de premier intérêt qui regroupe quelques lieder du "Knaben Wunderhorn".
Une fois dit que la présence au piano de Julien Guénebaut (plus qu’une rencontre, une complicité évidente) apporte un élément de vie et d’enthousiasme supplémentaire à l’enregistrement (très beaux duos à quatre mains avec Etsuko Hirose), force est de reconnaître que l’on reste confondu devant la voix de la jeune soprano, limpide comme de l’eau de source, mélange unique de fraîcheur et de sensibilité à fleur de peau, cette intelligence du texte, cette maîtrise parfaite de la difficile partition.
L’univers de Mahler est multiple, complexe. Ces lieder composés entre 1888 et 1901, on le sait, sont entourés de mystère car quintessence de l’univers mahlérien. Ils s’imposent à l’auditeur par leur simplicité au cœur d’une texture musicale unique et une vision ironique de la vanité du monde. L’urlicht finira dans la Quatrième Symphonie… C’est tout dire.
Connus ou moins souvent chantés que d’autres, les douze numéros à la couleur toute automnale, déchirante, trouvent ici une interprétation vraie, passionnante, laissant à la voix et au piano une part égale, dans la plus exacte tradition de la mélodie allemande post-romantique.
La jolie soprano navigue à l’aise dans cette musique vénéneuse de fin de monde, entre humour juif, ironie viennoise, marches militaires presque funèbres. Par bonheur ici point d’alanguissements mous ou inconsistants.
Sa voix, noble, rend à merveille la tendresse ou les courbes voluptueuses du difficile et long "Das himmlische leben". Dans le "Es sungen drei Engel" (morceau de choix de la Troisième Symphonie) c’est tout le rayonnement enfantin qui éclate, dans une modestie du propos, une diction exemplaire, une discrétion des effets qui forcent l’admiration. Son pianiste tissant un dialogue sonore d’une pénétration et d’une poésie rares.
Comme on l’a lu quelque part, cette musique semble annoncer le monde apocalyptique, sanguinolent et déglingué du "Wozzeck" d’Alban Berg. En ces temps qui sentent la poudre à canon, un peu le nôtre, non?
Eloquentia EL 1238
Une fois dit que la présence au piano de Julien Guénebaut (plus qu’une rencontre, une complicité évidente) apporte un élément de vie et d’enthousiasme supplémentaire à l’enregistrement (très beaux duos à quatre mains avec Etsuko Hirose), force est de reconnaître que l’on reste confondu devant la voix de la jeune soprano, limpide comme de l’eau de source, mélange unique de fraîcheur et de sensibilité à fleur de peau, cette intelligence du texte, cette maîtrise parfaite de la difficile partition.
L’univers de Mahler est multiple, complexe. Ces lieder composés entre 1888 et 1901, on le sait, sont entourés de mystère car quintessence de l’univers mahlérien. Ils s’imposent à l’auditeur par leur simplicité au cœur d’une texture musicale unique et une vision ironique de la vanité du monde. L’urlicht finira dans la Quatrième Symphonie… C’est tout dire.
Connus ou moins souvent chantés que d’autres, les douze numéros à la couleur toute automnale, déchirante, trouvent ici une interprétation vraie, passionnante, laissant à la voix et au piano une part égale, dans la plus exacte tradition de la mélodie allemande post-romantique.
La jolie soprano navigue à l’aise dans cette musique vénéneuse de fin de monde, entre humour juif, ironie viennoise, marches militaires presque funèbres. Par bonheur ici point d’alanguissements mous ou inconsistants.
Sa voix, noble, rend à merveille la tendresse ou les courbes voluptueuses du difficile et long "Das himmlische leben". Dans le "Es sungen drei Engel" (morceau de choix de la Troisième Symphonie) c’est tout le rayonnement enfantin qui éclate, dans une modestie du propos, une diction exemplaire, une discrétion des effets qui forcent l’admiration. Son pianiste tissant un dialogue sonore d’une pénétration et d’une poésie rares.
Comme on l’a lu quelque part, cette musique semble annoncer le monde apocalyptique, sanguinolent et déglingué du "Wozzeck" d’Alban Berg. En ces temps qui sentent la poudre à canon, un peu le nôtre, non?
Eloquentia EL 1238