Samedi 23 novembre Nice s'est rassemblé pour manifester contre les violences
Manifestation contre les violences sexistes et sexuelles lors de la journée mondiale de la femme le 8 mars (c) Jeanne Menjoulet
Samedi 23 novembre, le collectif du mouvement "Nous Toutes" des Alpes-Maritimes a organisé pour la seconde fois en deux ans la marche contre les violences sexistes et sexuelles. C'est à Nice, plus précisément sur la place Masséna et à partir de 14h30 que l'événement a débuté. C'est donc tout type de personne, femmes comme hommes qui se sont rassemblés pour ouvrir cette marche et ce, malgré la vigilance rouge placée à ce moment pour pluie et inondations. Au total, c'est une centaine de personnes qui ont su répondre à l'appel. Le but de ce mouvement ? "Dire l'exigence d'un monde dans lequel les violences n'ont pas leur place", selon l'association "Nous Toutes" de Nice. C'est une mobilisation qui veut non seulement lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants mais aussi contre toutes formes de violences et s'adresse à toutes catégories de personnes sans exception: "migrants, vulnérables, en situation d'handicap, en fonction de l'âge, de son origine sociale" et encore bien d'autres.
Les violences conjugales en France
Campagnes de sensibilisations, numéro SOS femme battues ou encore centres d'accueil pour femmes maltraitées et même s'il existe diverses mesures mises à disposition afin de lutter contre les violences dites "conjugales", on recense toujours autant de cas de femmes qui se font battre voire tuer en France. Chaque année ce sont près de 220 000 femmes qui subissent la maltraitance dont 8 femmes sur 10 qui ont été victimes de violences physiques et psychologiques. Elles sont plus d'une centaine à décéder sous les coups de leur compagnon. En 2019, c'est 119 féminicide qui ont été recensés. Pourtant, selon l'organisation "Nous toutes", le nombre de violences que subissent les femmes est beaucoup plus élevé que ça, soit 1 femme au moins meurt sous les coups de son conjoint tous les 2,5 jours. Certaines régions sont beaucoup plus touchées par ce phénomène que d'autres. Notamment dans les Dom-Tom (14,2% en Polynésie Française, 7,4% en Guyane ou encore 5,2% en Martinique. 1,2% en Normandie ou encore 1,4% en Île-de-France qui font parti des moins touchés). Toutefois, ce type de phénomène frappe chaque région du territoire français.
Témoignage d'Anaïs, victime de violences conjugales
Anaïs, 23 ans, ex animatrice de radio et ex responsable de salle de restaurant, nous partage le calvaire qu'elle a vécu durant 7 ans:
"J'avais mon appartement, une vie sociale très épanouie, le week-end je sortais avec des ami(e)s. En plus d'être animatrice radio, j'étais responsable de salle dans un restaurant très en vogue. J'aimais la vie. Tellement...Lui, je le rencontre lors d'un salon de radio. Il est parfait, tendre, attentionné. Il est brillant aussi. Il emménage chez moi au bout de 3 mois. J'avais une colocataire à cette époque. Quand il rentrait dans l'appartement, elle avait les poils qui se hérissaient. Elle est vite partie. Tout est rose, il me traite comme sa princesse".
Jusque-là ils coulent le parfait amour, lorsqu': "un jour, j'ai un mauvais pressentiment, je l'appelle et il me dit qu'il est avec une autre femme dans mon appartement. Quelques jours après je tombe enceinte, il est tellement heureux que j'oublie ce qu'il s'est passé. On prévient nos parents et je sens que ma mère est réticente. De plus, ça va trop vite pour moi, j'ai besoin de le connaître plus. Je décide donc d'avorter seule. Je lui envoie un petit message pour le lui dire".
Mais son compagnon, n'accepte pas cette décision: "il rentre prend ses affaires et retourne chez ses parents et je le suis. Je ferais tout pour qu'il me pardonne alors j'accepte ses conditions : changer de travail et quitter mon appartement pour venir vivre chez ses parents".
"Les mois passent, j'ai trouvé un travail, mais lui devient fou. J'ai des collègues hommes avec qui je dois discuter pour l'organisation et autre chose qu'il n'accepte pas. Il viendra un soir à la fermeture pour "leur montrer à qui j'appartiens". Cela fait maintenant 2 ans que nous sommes ensemble et je tombe de nouveau enceinte. Cette fois je le garde et il est tellement heureux, je deviens sa reine. Nous trouvons un appartement dans la même ville que ses parents".
Mais très vite notre relation se dégrade et vire au cauchemar: "un soir lors de mon 6ème mois de grossesse, nous nous disputions et je me retrouve envoyé contre le placard de l'autre côté du lit, le ventre frappe le sol en premier. Je suis sous le choc mais ça ne s'arrêtera pas là... S'ensuivent des mois de violences où je me retrouve étranglée, mains liéss, jets d'objets... 'Heureusement' que ma grossesse se passe mal. Je vais devoir rentrer à la maternité 2 mois avant l'accouchement pour être surveillée. Quelle soulagement. Quand il devenait fou, le soir ou le lendemain il s'excusait tellement, parfois il pleurait, il m'offrait des fleurs. Il allait changer pour moi, par amour et je le croyais par amour. Notre fils naît et nous sommes les 2 premiers mois sur un petit nuage mais l'accouchement a laissé des séquelles, je suis très sensible et je refuse donc les rapports. Mais il perd patience, il me menace d'aller voir ailleurs, que je le rend malheureux, que pour un homme c'est insupportable. Un soir pendant que je dormais, il est venu et ne m'a laissé aucune chance. J'étais brisée au plus profond de moi. Mon corps et mon âme ne m'appartenait plus. S'en est suivi un an et demi de violences verbales et physiques: j'étais une mauvaise épouse, une mauvaise mère, la maison n'était jamais assez propre, les jouets n'étaient pas toujours à leur place, je n'avais rien à dire sur l'éducation de mon fils... Les coups sont durs à encaisser le jour même mais ce sont les mots qui m'ont tué petit à petit. Je n'étais plus rien, une chose, 'sa chose' comme il disait. Je lui appartenait et je ne pouvais rien dire. Je tombe une nouvelle fois enceinte sous implant".
Plus tard, le comportement de son ex-compagnon va finir par s'améliorer : "Il se dirige vers Dieu pour être un homme meilleur. Les mois passent et il est différent: plus à l'écoute, les violences physiques et psychologiques se font rares. Je pense qu'il prend conscience de son comportement".
Avant que les vieilles habitudes ne refassent surface: «"es mots recommencent à être menaçants, je ne me sens plus en sécurité. Il me demande de quitter mon travail pour les enfants. Je le fais. Ma mère est venue passer une semaine chez nous, il se retenait. Mais un soir il recommence. Devant elle, il dénigre tout ce que je dis. Je n'ose plus parler. Ma mère lui parle mais il continue alors elle crie, elle pleure, elle n'arrive pas à comprendre pourquoi j'accepte ça. Elle a jeté la chaise et quitte la maison. J'évitais qu'elle revienne car les coups sont revenus dès son départ".
Un an après Anaïs, retrouve un emploi où elle n'est qu'avec des femmes, ce qui sera acceptable pour son mari. A son travail lorsque recevra des compliments, elle reprendra peu à peu confiance en elle et donc goût à la vie. Par ailleurs, elle rencontrera 2 amies avec qui elle liera une forte amitié. Grâce à cela, elle se confiera et ses deux amies l'aideront à remonter la pente.
Pourtant à la maison elle continue toujours à subir de la maltraitance: "En octobre 2017, je veux partir, je lui annonce, j'appelle ma mère, je lui explique la situation. Mon père n'y croyait pas. Il était si parfait aux yeux de tous. Il a les clés de chacune des pièces de l'appartement. Le soir ils enferment les garçons dans leurs chambres pour ne pas que j'aille leur dire bonne nuit. Les violences et les humiliations vont s'accentuer. Mes grands-parents viendront aussi pour essayer de le raisonner mais rien à faire. Le 29 décembre il m'attend avec la fenêtre grande ouverte et nous sommes au premier étage. Il veut me jeter. Il en a marre de mes plaintes, de mon comportement. Je suis à lui, point. Soit je me ressaisi, soit je passe par la fenêtre. Je suis terrorisée. Le lendemain en allant au travail, j'irais au commissariat. Par chance la policière qui prend ma plainte a vécu une histoire similaire. Elle aura les bon mots et de bon conseils. J'appelle mes parents, ils viendront le lendemain. Ce soir-là, j'irai dormir chez son frère. Mes parents vont rester une semaine pour 'nous aider à trouver une solution'. En réalité, c'est qu'ils vont m'aider à organiser ma fuite. Le vendredi suivant, il partira travailler et mes parents et mois partirons définitivement".
Anaïs porte plainte 3 fois au total. Elle va même jusqu'à se tourner vers une Unité Médico-Judiciaire (UMJ) pour la première fois. Toutefois après avoir partagé son témoignage, une psychologue lui explique que l'attitude de son conjoint, dû à son origine (il est Zaïros) est "normal", qu'elle doit revoir ses limites d'acceptation et qu'elle ne peut rien faire pour elle. Cette dernière ressort en pleurs. Par ailleurs, la policière qui suivait son dossier l'a redirige vers d'autres UMJ de sa région.
2 ans après être partie, les plaintes sont toujours en cours et son ex-conjoint s'est fait entendre une fois "mais depuis plus rien". Anaïs a, quant à elle, su se reconstruire petit à petit après le calvaire qu'elle a vécu durant toutes ces années.
"J'avais mon appartement, une vie sociale très épanouie, le week-end je sortais avec des ami(e)s. En plus d'être animatrice radio, j'étais responsable de salle dans un restaurant très en vogue. J'aimais la vie. Tellement...Lui, je le rencontre lors d'un salon de radio. Il est parfait, tendre, attentionné. Il est brillant aussi. Il emménage chez moi au bout de 3 mois. J'avais une colocataire à cette époque. Quand il rentrait dans l'appartement, elle avait les poils qui se hérissaient. Elle est vite partie. Tout est rose, il me traite comme sa princesse".
Jusque-là ils coulent le parfait amour, lorsqu': "un jour, j'ai un mauvais pressentiment, je l'appelle et il me dit qu'il est avec une autre femme dans mon appartement. Quelques jours après je tombe enceinte, il est tellement heureux que j'oublie ce qu'il s'est passé. On prévient nos parents et je sens que ma mère est réticente. De plus, ça va trop vite pour moi, j'ai besoin de le connaître plus. Je décide donc d'avorter seule. Je lui envoie un petit message pour le lui dire".
Mais son compagnon, n'accepte pas cette décision: "il rentre prend ses affaires et retourne chez ses parents et je le suis. Je ferais tout pour qu'il me pardonne alors j'accepte ses conditions : changer de travail et quitter mon appartement pour venir vivre chez ses parents".
"Les mois passent, j'ai trouvé un travail, mais lui devient fou. J'ai des collègues hommes avec qui je dois discuter pour l'organisation et autre chose qu'il n'accepte pas. Il viendra un soir à la fermeture pour "leur montrer à qui j'appartiens". Cela fait maintenant 2 ans que nous sommes ensemble et je tombe de nouveau enceinte. Cette fois je le garde et il est tellement heureux, je deviens sa reine. Nous trouvons un appartement dans la même ville que ses parents".
Mais très vite notre relation se dégrade et vire au cauchemar: "un soir lors de mon 6ème mois de grossesse, nous nous disputions et je me retrouve envoyé contre le placard de l'autre côté du lit, le ventre frappe le sol en premier. Je suis sous le choc mais ça ne s'arrêtera pas là... S'ensuivent des mois de violences où je me retrouve étranglée, mains liéss, jets d'objets... 'Heureusement' que ma grossesse se passe mal. Je vais devoir rentrer à la maternité 2 mois avant l'accouchement pour être surveillée. Quelle soulagement. Quand il devenait fou, le soir ou le lendemain il s'excusait tellement, parfois il pleurait, il m'offrait des fleurs. Il allait changer pour moi, par amour et je le croyais par amour. Notre fils naît et nous sommes les 2 premiers mois sur un petit nuage mais l'accouchement a laissé des séquelles, je suis très sensible et je refuse donc les rapports. Mais il perd patience, il me menace d'aller voir ailleurs, que je le rend malheureux, que pour un homme c'est insupportable. Un soir pendant que je dormais, il est venu et ne m'a laissé aucune chance. J'étais brisée au plus profond de moi. Mon corps et mon âme ne m'appartenait plus. S'en est suivi un an et demi de violences verbales et physiques: j'étais une mauvaise épouse, une mauvaise mère, la maison n'était jamais assez propre, les jouets n'étaient pas toujours à leur place, je n'avais rien à dire sur l'éducation de mon fils... Les coups sont durs à encaisser le jour même mais ce sont les mots qui m'ont tué petit à petit. Je n'étais plus rien, une chose, 'sa chose' comme il disait. Je lui appartenait et je ne pouvais rien dire. Je tombe une nouvelle fois enceinte sous implant".
Plus tard, le comportement de son ex-compagnon va finir par s'améliorer : "Il se dirige vers Dieu pour être un homme meilleur. Les mois passent et il est différent: plus à l'écoute, les violences physiques et psychologiques se font rares. Je pense qu'il prend conscience de son comportement".
Avant que les vieilles habitudes ne refassent surface: «"es mots recommencent à être menaçants, je ne me sens plus en sécurité. Il me demande de quitter mon travail pour les enfants. Je le fais. Ma mère est venue passer une semaine chez nous, il se retenait. Mais un soir il recommence. Devant elle, il dénigre tout ce que je dis. Je n'ose plus parler. Ma mère lui parle mais il continue alors elle crie, elle pleure, elle n'arrive pas à comprendre pourquoi j'accepte ça. Elle a jeté la chaise et quitte la maison. J'évitais qu'elle revienne car les coups sont revenus dès son départ".
Un an après Anaïs, retrouve un emploi où elle n'est qu'avec des femmes, ce qui sera acceptable pour son mari. A son travail lorsque recevra des compliments, elle reprendra peu à peu confiance en elle et donc goût à la vie. Par ailleurs, elle rencontrera 2 amies avec qui elle liera une forte amitié. Grâce à cela, elle se confiera et ses deux amies l'aideront à remonter la pente.
Pourtant à la maison elle continue toujours à subir de la maltraitance: "En octobre 2017, je veux partir, je lui annonce, j'appelle ma mère, je lui explique la situation. Mon père n'y croyait pas. Il était si parfait aux yeux de tous. Il a les clés de chacune des pièces de l'appartement. Le soir ils enferment les garçons dans leurs chambres pour ne pas que j'aille leur dire bonne nuit. Les violences et les humiliations vont s'accentuer. Mes grands-parents viendront aussi pour essayer de le raisonner mais rien à faire. Le 29 décembre il m'attend avec la fenêtre grande ouverte et nous sommes au premier étage. Il veut me jeter. Il en a marre de mes plaintes, de mon comportement. Je suis à lui, point. Soit je me ressaisi, soit je passe par la fenêtre. Je suis terrorisée. Le lendemain en allant au travail, j'irais au commissariat. Par chance la policière qui prend ma plainte a vécu une histoire similaire. Elle aura les bon mots et de bon conseils. J'appelle mes parents, ils viendront le lendemain. Ce soir-là, j'irai dormir chez son frère. Mes parents vont rester une semaine pour 'nous aider à trouver une solution'. En réalité, c'est qu'ils vont m'aider à organiser ma fuite. Le vendredi suivant, il partira travailler et mes parents et mois partirons définitivement".
Anaïs porte plainte 3 fois au total. Elle va même jusqu'à se tourner vers une Unité Médico-Judiciaire (UMJ) pour la première fois. Toutefois après avoir partagé son témoignage, une psychologue lui explique que l'attitude de son conjoint, dû à son origine (il est Zaïros) est "normal", qu'elle doit revoir ses limites d'acceptation et qu'elle ne peut rien faire pour elle. Cette dernière ressort en pleurs. Par ailleurs, la policière qui suivait son dossier l'a redirige vers d'autres UMJ de sa région.
2 ans après être partie, les plaintes sont toujours en cours et son ex-conjoint s'est fait entendre une fois "mais depuis plus rien". Anaïs a, quant à elle, su se reconstruire petit à petit après le calvaire qu'elle a vécu durant toutes ces années.