Réforme de l’assurance chômage : mise en difficulté des plus démunis ?
Réforme de l'assurance chômage par le pouvoir exécutif (c) Eric Niequist, Pixabay
"Réformer l’assurance chômage pour en faire un droit universel avec des exigences nouvelles pour chacun" voilà ce que promeut Emmanuel Macron dans son programme présidentiel. Deux mesures phares, mises en place depuis le 1er novembre, doivent permettre de lutter contre le chômage.
D’une part, pour obtenir les aides de retour à l’emploi, il faut aujourd’hui avoir travaillé 6 mois dans l’année (contre 4 dans les 28 mois, auparavant). D’autre part, pour recharger de nouveaux droits, la durée minimum du travail est aussi de 6 mois consécutifs, contre un dans le passé. Ces deux principales mesures toucheront 37% des chômeurs.
Elles constituent un acte de répression des chômeurs en situation de grande précarité, c’est-à-dire ceux qui décrochent des contrats de très courtes durées (< 6 mois). En clair, plus un chômeur a une situation précaire, plus il sera réprimé et démuni…
D’une part, pour obtenir les aides de retour à l’emploi, il faut aujourd’hui avoir travaillé 6 mois dans l’année (contre 4 dans les 28 mois, auparavant). D’autre part, pour recharger de nouveaux droits, la durée minimum du travail est aussi de 6 mois consécutifs, contre un dans le passé. Ces deux principales mesures toucheront 37% des chômeurs.
Elles constituent un acte de répression des chômeurs en situation de grande précarité, c’est-à-dire ceux qui décrochent des contrats de très courtes durées (< 6 mois). En clair, plus un chômeur a une situation précaire, plus il sera réprimé et démuni…
Comment aggraver le clivage entre actifs et chômeurs ?
Notre président ajoute dans son programme "Je veux par là créer des emplois, protéger efficacement chacun et améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs". C’est mission réussie ! Selon l’INSEE, en 2018, le pouvoir d’achat a bien augmenté de 4,2% pour les Français actifs… Tous Français confondus, il n’a augmenté que de 1.6%. Cela signifie-t-il que le pouvoir d’achat des inactifs (les retraités, les personnes au foyer, les étudiants etc.) et des chômeurs aurait diminué ?
La diminution du pouvoir d’achat est connue pour les inactifs, mais aucun chiffre sur les chômeurs. La question reste ouverte. Aussi, le constat de la hausse du pouvoir d’achat des ménages doit être nuancé. En effet, d’après une étude publiée en 2018 par la Direction de la recherche, des études, et de l’évaluation des statistiques (DRESS), les ménages les plus modestes voient leurs dépenses obligatoires (alimentation, transport, essence, etc.) augmenter, ce qui amoindri leur réelle capacité d’acheter.
Les chiffres du pouvoir d'achat semblent s'améliorer, mais ne sont pas directement reliés à une amélioration des conditions financières des ménages français. Non seulement, en affichant clairement son soutien aux actifs, le gouvernement est en train de créer un clivage fort entre actifs et inactifs, mais qui plus est, ne réglera rien à la question de l'augmentation de la précarité en France.
La diminution du pouvoir d’achat est connue pour les inactifs, mais aucun chiffre sur les chômeurs. La question reste ouverte. Aussi, le constat de la hausse du pouvoir d’achat des ménages doit être nuancé. En effet, d’après une étude publiée en 2018 par la Direction de la recherche, des études, et de l’évaluation des statistiques (DRESS), les ménages les plus modestes voient leurs dépenses obligatoires (alimentation, transport, essence, etc.) augmenter, ce qui amoindri leur réelle capacité d’acheter.
Les chiffres du pouvoir d'achat semblent s'améliorer, mais ne sont pas directement reliés à une amélioration des conditions financières des ménages français. Non seulement, en affichant clairement son soutien aux actifs, le gouvernement est en train de créer un clivage fort entre actifs et inactifs, mais qui plus est, ne réglera rien à la question de l'augmentation de la précarité en France.
Vers une nouvelle précarité en France ?
Suppression de l'Observatoire de la pauvreté en France (c) AD Images, Pixabay
Un fossé se creuse en France entre riche et pauvre. Chiffres à l’appui, le taux de pauvreté de 14,7% a augmenté de 0.6 points en 2018, par rapport à 2017, d’après l’INSEE. Devant cette pauvreté qui s’enrichit, Edouard Philippe, notre Premier ministre annonçait il y a quelques jours, la suppression de l’observatoire nationale de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpe) pour le 1er Janvier 2020.
Comme s’il suffisait de ne plus compter les pauvres, pour faire croire à leur disparition. Les réformes en cours (allocation chômage, suppression de l'Onpe) risquent d'engendrer des mutations sociales importantes allant vers une plus grande précarité des Français. En instaurant une dissonance entre actifs et les autres, et en voulant dissimuler les chiffres de la pauvreté, le gouvernement risque petit à petit de réinstaurer la lutte des classes ...
Comme s’il suffisait de ne plus compter les pauvres, pour faire croire à leur disparition. Les réformes en cours (allocation chômage, suppression de l'Onpe) risquent d'engendrer des mutations sociales importantes allant vers une plus grande précarité des Français. En instaurant une dissonance entre actifs et les autres, et en voulant dissimuler les chiffres de la pauvreté, le gouvernement risque petit à petit de réinstaurer la lutte des classes ...