Meilleur article de la semaine passée: Des obsèques plus nationales en définitive qu'internationales


Par Rédigé le 20/04/2010 (dernière modification le 25/04/2010)

Deux jours après les obsèques du président Lech Kaczynski et de son épouse Maria, l'heure est au bilan. Les Polonais semblent en majorité, malgré quelques voix discordantes, satisfaits de l'hommage rendu à leur chef d'État.


Le chef de l'Etat polonais Lech Kaczynski et son épouse Maria décédés dans un accident d'avion et inhumés dans le Panthéon polonais à Cracovie (Wikipedia Common, Mathiasrex)
Les Polonais ont tout fait pour faire de ces cérémonies un événement international. Touchés dans leur sentiment patriotique et nationaliste – dans le sens originel du terme –, ils ont tenté de faire de cet accident d'avion, survenu il est vrai dans un contexte politique et symbolique extrêmement fort, un rendez-vous de l'histoire. Ils n'y ont que partiellement réussit. Après avoir tergiversées, les autorités polonaises – suivant ainsi les volontés de la famille – ont maintenues les dates des funérailles prenant le risque qu'une partie des 80 délégations étrangères invitées ne se désistent. C'est ainsi que moins de la moitié se sont rendues aux obsèques, prétextant de l'impossibilité de voyager en avions à cause du nuage volcanique. Si les gouvernants allemand, américain, anglais, français, italien et de l'Union européenne ont renoncé au voyage – alors que le président du parlement européen, citoyen polonais, Jerzy Buzek a quant à lui fait le trajet en voiture depuis Bruxelles, comme d'ailleurs le chef de l'État estonien (1300 km, 18 heures de voiture pour cause de manque d'autoroutes), le plus attendu, le président russe Medvedev était présent. Une polémique a d'ailleurs éclaté, suite à un article du « The Washington Times », où l'ont voit le président Obama jouer au golf le jour des obsèques de son homologue polonais.
De leur côté, les organisateurs attendaient un million de Polonais, c'est environ 150000 qui se sont déplacés. Dans ces circonstances exceptionnelles, les sentiments ont peut-être dépassé la raison et Lech Kaczynski n'est pas Jean-Paul II.

Les cérémonies ont débuté samedi matin et se sont déroulées entre Varsovie, la capitale et Cracovie, l'ancienne résidence royale, puisque c'est là qu'ont en définitive été enterrés le couple présidentiel, dans la crypte de la cathédrale de Wawel, Panthéon polonais, là même où sont déjà inhumés les souverains et les grands hommes de la Pologne. Ce choix a d'ailleurs été l'objet d'une dissension au sein de la population où certains n'ont pas reconnu à Lech Kaczynski la stature d'un grand homme de la nation. Il est vrai qu'en Pologne, les présidents sont généralement enterrés à Varsovie.

Une présence symbolique

Si il est regrettable que les chefs d'État et de gouvernements n'aient pu en majorité se rendre en Pologne, le principal invité était quant à lui présent et a répondu largement aux attentes des Polonais. Après avoir décrété un jour de deuil national en Russie, le président Medvedev n'a pas hésité à déclarer qu'un "rapprochement était nécessaire entre les deux pays". Nombreux sont ceux qui y voient un symbole d'espoir. Pourquoi pas ? Toutefois le contentieux historique reste très lourd et ne date pas du massacre de Katyn. Il est tout simplement le ferment de la force du sentiment patriotique des Polonais. C'est contre – entre autres – les Russes que la Pologne s'est fondée. Aujourd'hui, il est vrai, les Polonais ont été particulièrement sensibles à l'attitude du chef de l'État russe, il ne tient plus maintenant qu'aux dirigeants de tenter de construire une nouvelle page d'histoire sur cette tragédie. Une page d'histoire qui devra être plus forte que les réalités de politique étrangère et d'intérêts économiques.





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