Médecins du Monde invite à 'voter santé'


Par Rédigé le 20/03/2012 (dernière modification le 20/03/2012)

Un corps d'enfant couvert de rougeurs avec la tête de Marianne... Une légende signale: 70% des enfants que nous soignons ne sont pas à jour de leurs vaccinations...


Médecins du Monde 2012 Votez Santé !

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Une autre image de Marianne adulte marchant à l'aide des béquilles avec la mention: 1/4 des personnes qui nous consultent se font soigner trop tard...

Marianne enceinte avec comme indication: 68% des femmes enceintes qui nous consultent n'ont pas accès aux soins prénataux...

Une autre effigie représentant Marianne en situation précaire couverte d'une vieille couverture: 80% des personnes qui nous consultent n'ont que cette couverture contre les maladies...

Enfin, Marianne, poitrine découverte: 1,2/1000 personnes en logement précaire sont atteintes par la tuberculose...

Ces images font partie d'une campagne d'affichage grand public conçue par l'association Médecins du Monde pour interpeller les candidats aux élections présidentielles et législatives 2012 sur le système français de santé. Ce système considéré comme le meilleur système de santé au monde est malade selon le diagnostic de Médecins du Monde.

Pour le Docteur Jean François Corty, directeur des Missions France de l'association Médecins du Monde qui vient d'effectuer une mission à Mayotte, 101e département français dans l'océan indien, la cause de cette situation n'est pas exclusivement la crise économique qui, certes, aggrave les conditions de vie et la précarité, mais c'est aussi la remise en question d'un système français de santé solidaire tel qu' il a été élaboré au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
"Aujourd'hui, nous constatons que des personnes en précarité qui sont en situation régulière ou irrégulière ont des grandes difficultés d'accès aux soins... 85% d'entre eux ont des droits ouvrables mais ne les ont pas ouverts, près de 25% de gens retardent leur accès aux soins, les médicaments sont moins bien remboursés, le reste à charge qu'ils doivent payer est plus important. On voit aussi revenir dans nos centres des personnes françaises qui gagnent paradoxalement trop pour pouvoir bénéficier de la couverture médicale universelle complémentaire et pas assez pour pouvoir se payer une mutuelle et qui ont des difficultés d'accès aux soins... C'est près de 30% de Français qui retardent leurs soins parce qu' ils ne peuvent pas payer", a expliqué le docteur Jean François Corty. Il souligne qu'il y a nécessité et urgence à remettre en question le détricotage de ce système de santé solidaire qui, du point de vue des Médecins du Monde, est le seul moyen de pouvoir soigner la population de manière équitable et de respecter les enjeux de santé publique.

Le docteur Jean François Corty a parlé également de l'application des politiques qui sont plus répressives que sociales. Celles-ci aggravent les conditions de vie et d'accès aux soins. "Il y a des politiques qui rendent malades. Elles pénalisent les plus précaires, les usagers des drogues, les prostituées, les migrants qu'ils soient communautaires (Européens) ou extracommunautaires, les personnes dans la rue... Par exemple, les expulsions répétées des lieux de vie pour les Roms aggravent leurs conditions de vie. La forte pression sur ces gens provoque leur peur de se déplacer pour se rendre aux centres des soins. Le fait d'avoir appliqué le délit de racolage passif pour les personnes se prostituant les éloigne des lieux des soins et les met en situation de plus grande vulnérabilité notamment face à l'épidémie du Sida." Il a ajouté que le non respect et la non prise en charge de l'hépatite C chez les usagers de drogues et la difficulté de pouvoir proposer des dispositifs innovants tels que les salles de consommation supervisés ne favorise pas non plus la lutte contre cette épidémie.

L'association Médecins du Monde estime que les acteurs politiques français ne mesurent pas la gravité de la situation. Elle veut convaincre, par cette campagne d'affichage dont Marianne est l'égérie, aussi bien les hommes politiques que la société civile et la population en général à s'engager plus en avant dans la lutte contre la dégradation du système solidaire français de santé.





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