Photo (c) Charlène Jamet
Le week-end pascal débute dès le vendredi saint, jour qui est d’ailleurs férié. Les Martiniquais fidèles à la tradition chrétienne vivent, en ce jour particulier, au rythme de la passion du Christ en empruntant le chemin de croix qui mène aux différents calvaires de l’ile. Ainsi ils marquent ensemble, à travers les quatorze stations, la montée du Christ vers sa crucifixion. Le vendredi saint annonce la fin d’un jeune et d’une abstinence de 40 jours, rompus par la tradition des acras. Ces boules de pâte frites, agrémentées généralement de légumes, de morue ou de crevettes répondent au besoin de manger maigre. Les ventes d’acras fleurissent donc à travers les communes, et d’année en année, les vendeurs de rue rivalisent d’inventivité en offrant des saveurs toujours plus surprenantes: concombre, oursin ou chatrou (ndlr: poulpe local) par exemple. Une tradition gourmande à laquelle personne ne peut déroger.
Un temps de repos en famille
Pâques est donc une célébration religieuse mais aussi un temps de rassemblement familiale précieux. Ainsi, bien que ce ne soit pas non plus une obligation, il est de mise durant le week-end pascal de réunir les membres d’une même fratrie, et les amis, à se retrouver sur les plages pour quelques jours de camping jusqu’au lundi de Pâques. Les tentes sont visibles sur les plages quelques jours auparavant car les places où installer son campement sont rares. Musique, baignades, rires et parties de dominos sont les invités vedette de ce week-end si apprécié. Mais le moment tant attendu reste la dégustation de crabes, qui en Martinique, vole la vedette à la chasse aux œufs, telle que le veut la tradition.
Le matoutou, une tradition culinaire
Le matoutou de crabe est cette spécialité culinaire incontournable et traditionnelle du lundi de Pâques. Élaborée à base de crabes de terre locaux nichés dans la mangrove, le plat mijote des heures dans une sauce épicée à base de pâte à colombo. Mais avant d’atterrir dans nos marmites, les crabes font l’objet de toutes les attentions. En effet, l’élevage de crabe, c’est tout un art! Des mois de travail à chasser, nourrir et choyer ses petites bêtes qui ravissent les papilles de leur saveur corsée si particulière. Ce plat incontournable de la gastronomie martiniquaise fait aussi l’objet d’un concours, le Crabe d’or, qui récompense chaque année le meilleur matoutou de crabe.