De gauche à droite: Odette, Martine, Jacqueline et Suzanne, les dentelières de Royat. Photo (c) Isabelle Lépine
A l’intérieur, quatre petites dames étaient assises, affairées, autour d’une table en U, dans le décor que l’on apercevait depuis la rue: des napperons. Partout! Aux murs, dans des vitrines, sur des tables… Des napperons, mais aussi tout un tas d’articles (bijoux, attrapes-rêves, décorations murales, ornements de tables…) en dentelle, et tout un tas d’objets (outils anciens, livres, productions d’époque…) autour de la dentelle.
C’est Odette qui m’accueille, et qui, très rapidement, me présente à Martine, la directrice des lieux. L’école, structurée sous forme associative, a été créée en 1985, puis installée à Royat il y a 21 ans. Martine a découvert la dentelle via une habitante de son village qui la pratiquait. Elle est tombée sous le charme, au point de bientôt passer un CAP, puis plus tard un brevet des métiers d’art.
La dentelle aux fuseaux se pratique traditionnellement sur un"carreau", une sorte de petit coussin sur lequel était fixée une roue, qui faisait défiler le patron au fur et à mesure de l’avancée de la production. Aujourd’hui, on n’utilise plus forcément de carreau; on peut se contenter de fixer de façon statique le patron, à plat sur une planche ou sur un carton. Ce qui ne change pas, en revanche, c’est la présence de fuseaux, ces petites quilles de bois sur lesquelles est enroulé le fil, et qui servent de "poignées" au tissage.
Pour réaliser un modèle, il faut donc commencer par en faire le patron, qui se dessine sur un calque, que l’on photocopie, puis que l’on dispose sur une bande de carton. Autrefois, il se faisait directement sur de la carte de Lyon, mais le procédé est plus coûteux et plus difficile à réaliser. Le but est ensuite de suivre en tissant le dessin, qui comporte des lignes et des points. Les lignes représentent le tracé du motif et les points indiquent les endroits où l’on met les épingles, qui serviront d’appui et d’intersection aux fils.
Le point de base se réalise avec quatre fuseaux, qui fonctionnent par paires, selon un principe d’entrecroisement. Les matières utilisées sont des matières nobles: lin, coton, fil d‘or… qui peuvent tenir des générations.
La technique de la dentelle permet de réaliser tout type de motifs et d’objets. Seuls les visages sont difficiles à reproduire, mais les dentellières évoquent des figurations d’animaux, de fleurs, un caducée, un bateau, et même le Viaduc de Millau…
En dépit de sa passion, Martine souligne la difficulté qu’il y a à en vivre, et surtout à vendre ses créations. En cause, un public de moins en moins nombreux, et des coûts de main d’œuvre difficiles à valoriser, même à 8 euros de l’heure, qui est le montant appliqué par l’école pour ses productions. La dentelle aux fuseaux est une pratique patiente et minutieuse, qui ne compte pas son temps. Au mur, un napperon ovale de belle taille (75x35cm environ) a nécessité 190 heures de travail!
Pas très loin, une affiche explique ce qui différencie ces dentelles de celles que l’on peut trouver à moindre prix dans le commerce. Des dentelles beaucoup moins chères (avec un ratio de 1 pour 10 ou 1 pour 12, voire au-delà), mécaniques et/ou fabriquées en Asie, mais assemblées et montées sur tissu dans la région, ce qui leur permet, selon les cas, de se parer légalement d’appellations de type "dentelle au fuseau, garantie main" ou encore "dentelle du Puy", alimentant ainsi la confusion du consommateur et l’illusion d’un artisanat qui en réalité n’est pas ou pas exactement celui que l’on croit…
Malgré cette incertitude quant à ce qu’il adviendra de son art, Martine continue à former avec passion. Elle a même eu l’occasion durant plusieurs années de proposer une initiation en milieu scolaire, qui plaisait, semble-t-il, beaucoup aux enfants. A défaut de pouvoir concurrencer les tarifs des manufactures chinoises, sa petite école continue à produire un artisanat authentique et beaucoup de chaleur humaine, au doux cliquetis des fuseaux.
C’est Odette qui m’accueille, et qui, très rapidement, me présente à Martine, la directrice des lieux. L’école, structurée sous forme associative, a été créée en 1985, puis installée à Royat il y a 21 ans. Martine a découvert la dentelle via une habitante de son village qui la pratiquait. Elle est tombée sous le charme, au point de bientôt passer un CAP, puis plus tard un brevet des métiers d’art.
La dentelle aux fuseaux se pratique traditionnellement sur un"carreau", une sorte de petit coussin sur lequel était fixée une roue, qui faisait défiler le patron au fur et à mesure de l’avancée de la production. Aujourd’hui, on n’utilise plus forcément de carreau; on peut se contenter de fixer de façon statique le patron, à plat sur une planche ou sur un carton. Ce qui ne change pas, en revanche, c’est la présence de fuseaux, ces petites quilles de bois sur lesquelles est enroulé le fil, et qui servent de "poignées" au tissage.
Pour réaliser un modèle, il faut donc commencer par en faire le patron, qui se dessine sur un calque, que l’on photocopie, puis que l’on dispose sur une bande de carton. Autrefois, il se faisait directement sur de la carte de Lyon, mais le procédé est plus coûteux et plus difficile à réaliser. Le but est ensuite de suivre en tissant le dessin, qui comporte des lignes et des points. Les lignes représentent le tracé du motif et les points indiquent les endroits où l’on met les épingles, qui serviront d’appui et d’intersection aux fils.
Le point de base se réalise avec quatre fuseaux, qui fonctionnent par paires, selon un principe d’entrecroisement. Les matières utilisées sont des matières nobles: lin, coton, fil d‘or… qui peuvent tenir des générations.
La technique de la dentelle permet de réaliser tout type de motifs et d’objets. Seuls les visages sont difficiles à reproduire, mais les dentellières évoquent des figurations d’animaux, de fleurs, un caducée, un bateau, et même le Viaduc de Millau…
En dépit de sa passion, Martine souligne la difficulté qu’il y a à en vivre, et surtout à vendre ses créations. En cause, un public de moins en moins nombreux, et des coûts de main d’œuvre difficiles à valoriser, même à 8 euros de l’heure, qui est le montant appliqué par l’école pour ses productions. La dentelle aux fuseaux est une pratique patiente et minutieuse, qui ne compte pas son temps. Au mur, un napperon ovale de belle taille (75x35cm environ) a nécessité 190 heures de travail!
Pas très loin, une affiche explique ce qui différencie ces dentelles de celles que l’on peut trouver à moindre prix dans le commerce. Des dentelles beaucoup moins chères (avec un ratio de 1 pour 10 ou 1 pour 12, voire au-delà), mécaniques et/ou fabriquées en Asie, mais assemblées et montées sur tissu dans la région, ce qui leur permet, selon les cas, de se parer légalement d’appellations de type "dentelle au fuseau, garantie main" ou encore "dentelle du Puy", alimentant ainsi la confusion du consommateur et l’illusion d’un artisanat qui en réalité n’est pas ou pas exactement celui que l’on croit…
Malgré cette incertitude quant à ce qu’il adviendra de son art, Martine continue à former avec passion. Elle a même eu l’occasion durant plusieurs années de proposer une initiation en milieu scolaire, qui plaisait, semble-t-il, beaucoup aux enfants. A défaut de pouvoir concurrencer les tarifs des manufactures chinoises, sa petite école continue à produire un artisanat authentique et beaucoup de chaleur humaine, au doux cliquetis des fuseaux.