Les 'SudAf' de retour à Bukavu


Par Lech Walassa Mulondani Rédigé le 09/12/2008 (dernière modification le 09/12/2008)

Des centaines de Congolais débarquent à Bukavu après leur vadrouille au pays de Nelson Mandela où ils sont allés chercher fortune. Les « SudAf », jeunes Congolais vivant en Afrique du Sud, reviennent au pays après des attaques à caractère xénophobes qui ont secoué l’Afrique du Sud il y a quelques mois.


Ils rentrent comme ils sont partis : mains bredouilles

"Ça fait cinq ans que je suis parti après mon graduat. Je n’ai trouvé que des emplois de seconde main appelés job et jamais un vrai poste. Je suis fier de revenir chez moi et de retrouver les miens. J’ai connu pas mal des déboires et de souffrance dans ce pays." Propos de Lewis KABWE, 29 ans, la mine grave.
Comme des milliers d’autres jeunes Congolais, le cas de Lewis ne fait que confirmer l’adage qui dit que l’on est mieux servi que par soi-même. Les violences xénophobes ont obligé pas mal de jeunes Congolais à revoir leur feuille de route. "Nous avons été victimes des violences et de discriminations de la part des autres noirs comme nous. Les gens là-bas nous considéraient comme des usurpateurs de leurs emplois. Tout comme les Zimbabwéens, car ils sont les plus nombreux en Afrique du Sud, nous avons subi toutes sortes de brimades de la part de ceux qui au départ ne voulaient pas travailler mais qui, par la suite, ont voulu reprendre leurs places", poursuit Lewis. "Je n’ai aucune rancune contre eux", conclut-il.

Après plusieurs semaines dans un camp de fortune où ils étaient exposés à toutes sortes d’intempéries, des jeunes Congolais se sont résolus à faire marche arrière. Bien entendu le noyau dur de l’aventure sud-africaine est resté sur place. A la question de savoir ce qu’il compte faire maintenant qu’il rentre au bercail, Lewis avoue qu’il ne va pas croiser les bras même si certains de ces compagnons d’infortune sont revenus plus pauvres qu’ils n’étaient partis.
"Je suis revenu avec un petit investissement. Trois ordinateurs de grande capacité et quelques matériels de studio. Je vais aider les jeunes talents à enregistrer leurs œuvres avec les dernières avancées technologiques. C’est ma contribution au développement du pays."

La vague de l’immigration congolaise en Afrique du Sud s’est accentuée depuis la dernière décennie durant laquelle la RD Congo a connu des conflits armés. Ils sont estimés à 800 mille, selon les statistiques de l’ambassade congolaise à Pretoria, les jeunes congolais, toutes provinces confondues, à avoir gagné le pays de Mandela à la fin du régime de l’apartheid. Ainsi, des médecins, des ingénieurs, des enseignants ou des sportifs et artistes sont allés gonflés les rangs de ce qu’on appelle ici les « SudAf  ». Ceux qui ont réussi à se faire une place au soleil austral envoient régulièrement de l’argent à leurs familles et reviennent annuellement pour des vacances. Ils reviennent pour se marier et repartent aussitôt après. Pendant que les premiers reviennent, d’autres peaufinent leur plan pour une nouvelle fuite de cerveaux vers l’Eldorado sud-africain.






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