Le poids du passé

Écoutez un regard décalé


Par Rédigé le 25/02/2015 (dernière modification le 25/02/2015)

Ce n'est pas la première fois que je me fais cette réflexion sur la différence du poids de l'histoire dans les relations diplomatiques entre l'Europe occidentale et l'Europe centrale et orientale. Le conflit politico-économique entre la Grèce et l'Allemagne nous rappelle combien le poids de l'histoire compte.


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En France et plus généralement en Europe occidentale depuis 70 ans, tout a été fait pour que le poids de l'histoire ne pèse plus en politique. L'amitié forcée franco-allemande depuis la Seconde Guerre mondiale a laminé les anciens antagonismes. Les hommes politiques de l'époque ont fait le choix de regarder devant eux et d'ignorer le passé ou du moins de faire en sorte qu'il n'obstrue plus les relations à venir. Ce fut un choix volontariste que beaucoup dans le monde envie à la France et à l'Allemagne, à juste titre me semble-t-il. C'était très courageux, car rien n'était moins évident au vu justement du poids du passé. Et malgré tout, c'est une réussite, même s'il faut rester vigilant, encore aujourd'hui. Les difficultés que parfois peuvent rencontrer le couple franco-allemand ne sont plus celles qui existaient avant 1945. Vu les antécédents, rien n'était gagné et quand certain parle de miracle, on n'en est pas loin sans exagération. C'est un cas unique en son genre, peu d'autres exemples peuvent être ainsi trouver ailleurs dans l'histoire. Il existe encore bien évidemment des idées préconçues entre les deux populations, la française et l'allemande, mais cela ne tient plus de la haine ni du rejet systématique.
Les élites intellectuelles et politiques françaises actuelles ont été quant à eux nourris au lait de cette réconciliation. Ces hommes/femmes d'affaires, ces politiques lorsqu'ils négocient avec des interlocuteurs centre européens - nous nous limiterons à l'Europe dans ce propos - négligent le poids du passé parce que tout simplement ils l'ignorent. Durant leurs parcours d'études supérieures leur a manqué une analyse, un vécu de l'importance qu'ont ces éléments dans le poids d'une relation. Nos élites ne peuvent pas la comprendre, ils ne l'ont pas ressenti dans leur tripe, cette peur de l'autre, cette peur du voisin envahisseur. De mon expérience vécue en Europe centrale et orientale, me reste entre autres le poids de l'histoire. Il faut avoir vécu dans ces contrées par comprendre, ce qui ne veut pas dire accepter, pardonner, justifier, non juste comprendre les réactions des uns et des autres vis-à-vis par exemple des Russes, ou encore de la communauté juive. Juste comprendre.

L'exemple des relations gréco-russes du moment sont parlantes à ce titre. Combien est lourd le contentieux de la Seconde Guerre mondiale entre les Grecs socialistes ancien communistes et les Allemands et combien fut naturel et évident leur orientation vers la Russie... comme si celle-ci était encore communiste. Le contexte n'est absolument plus le même, mais les réflexes sont revenus naturellement. Comme si les 70 ans passés avaient disparu.
Et c'est sans parler du conflit russo-ukrainien où l'on ne parle plus que de néofascistes pour les Ukrainiens occidentaux et d'Ukrainiens inféodés à Moscou pour les autres.
Il ne s'agit pas ici de penser qu'un chef d’État ou de gouvernement est plus "honnête" qu'un autre, dans le cadre d'une quelconque négociation, chacun travaillant pour soi et pour son pays. Mais rappelons-nous du poids du passé. Rappelons-nous du prisme positif qu'avait François Mitterrand nourri à la serbophilie de l'Entre-deux-guerres. Rappelons-nous du temps qu'il a fallu à cet homme intelligent et cultivé pour s'en défaire, pour comprendre ou non d'ailleurs la manipulation à laquelle consciemment ou inconsciemment nous sommes continuellement soumis dans le cadre de la société dans laquelle nous évoluons.





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