Le jour où la liberté de la presse est morte au Burundi


Par Rédigé le 12/06/2013 (dernière modification le 12/06/2013)

Les Burundais et la communauté internationale, après les multiples appels espéraient que le président n'allait pas porter ce coup très dur à la démocratie burundaise. Jeudi dernier, il a signé une loi liberticide.


Le président du Burundi enterre la presse

burundi.mp3  (1.28 Mo)

Au Burundi, les journalistes sont sonnés. Dans la rédaction du Groupe de Presse Iwacu, les journalistes, hagards, m'ont demandé: "Qu'est-ce qu'on fait?" Pendant des heures les téléphones ont sonné. "C'est une journée noire pour la liberté de l'information au Burundi. Le pays vient de faire un bond de plus de vingt ans en arrière", a déclaré Reporters sans frontières après la promulgation par le président Pierre Nkurunziza de la loi sur la presse adoptée en avril par le Parlement.

La Belgique, un grand bailleur de fonds pour le Burundi va sortir un communiqué très peu diplomatique regrettant cette décision car "le texte tel qu’adopté par le Parlement pose de très sérieuses restrictions à l’exercice du métier de journaliste au Burundi". Le Secrétaire Général de l'ONU pour sa part va exhorter le gouvernement du Burundi à "mettre sa législation en conformité avec la tradition démocratique du pays et les normes internationales des droits de l’homme. La promulgation de cette loi est un désastre sur le plan national et international alors que le pays compte sur l'aide internationale".

Une loi vague à souhait

Les juristes contactés soulignent que tous les articles seront soumis à l'interprétation du magistrat, tellement ils sont imprécis. "C’est une loi vague à souhait", déplore le président de l’Union Burundaise des Journalistes. "Que signifie atteinte à l’unité nationale?" demande Alexandre Niyungeko. "C’est une aubaine pour les corrompus, car cette loi interdit de porter atteinte "à l’économie nationale" et la formulation est tellement vague que dénoncer une corruption pourrait très bien conduire un journaliste en prison", déplore Gabriel Rufyiri, un militant de la lutte contre la corruption.

Dans les radios locales, la population demande aux journalistes de ne pas céder. "J'espère que les journalistes ne seront pas trop intimidés et s'autocensurer" ont dit au téléphone plusieurs auditeurs à la radio Bonesha, une station associative qui émet depuis Bujumbura. Aujourd’hui, les journalistes burundais étudient le moyen de combattre cette loi devant la justice car elle viole un droit constitutionnel: la liberté d’expression. Mais le combat sera long et dur face à un régime décidé à mettre au pas les journalistes. Mais il en va de la survie même du métier.





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