Le français se réinvente au Burkina


Par Rédigé le 21/03/2019 (dernière modification le 20/03/2019)

Tout comme d'autres anciennes colonies de la France, le Burkina Faso a gardé le français comme langue officielle. Le taux brut de scolarisation au primaire dans ce pays est passé en 2016 de 86,1% à 90,7% en 2018. Une avancée notable dans la pratique de cette langue qui se découvre de nouvelles formes.


Photo d'illustration de la journée de la francophonie. (c) OIF
Contrée authentiquement multilingue dans lequel coexistent des langues dites "nationales" et "étrangères", le pays des hommes intègres entendez par là le Burkina Faso, a choisi le français comme langue officielle dans sa constitution du 27 janvier 1997.

C’est donc la langue utilisée pour la transmission des connaissances au niveau du système éducatif mais aussi l’outil de communication et de travail dans l’administration burkinabè. "Le français est considéré par notre constitution comme étant la langue officielle. Ceci étant, nous avons donc l’obligation de mettre tout en œuvre pour sa promotion, sa valorisation et son utilisation" nous confie le ministre en charge de l’Éducation nationale, le Pr Stanislas Ouaro.

Toutefois, le langage du colon pratiqué au Burkina Faso n’est pas le français standard. C’est une langue française qui, sans la base de l'écrit, se réinvente. Au fil du temps, elle a connu des transformations. Les Burkinabè se sont appropriés "ce cadeau" des colonisateurs et y ont ajouté leur touche personnelle. On pourrait ainsi parler de "français de Ouaga" même s’il reste principalement une langue parlée.

En exemples, le français courant dira: "comment ça va?" La déclinaison populaire burkinabè articulera en ces termes: "c’est comment?" ou encore: "une go" pour une fille; "demander la route" pour "demander l'autorisation, pouvoir partir"; "ça fait deux jours" pour "ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu"


Pr Stanislas Ouaro, ministre en charge de l'Education nationale. Photo (c) P. Ilboudo
Cette influence des langues africaines dans la pratique locale du français a très certainement rappelé l’importance de la valorisation des langues nationales. Des langues très utilisées notamment dans les échanges commerciaux au Burkina Faso.

Leur vulgarisation constitue l’une des priorités du ministère de l’Éducation nationale désormais en charge de la promotion des langues nationales. "Il était important pour nous de valoriser ces langues pour qu’elles permettent à côté du français à contribuer au développement de notre pays à travers la cohésion sociale" rappelle le ministre Ouaro. "Sans oublier qu’il y a dans ce pays beaucoup de personnes, qui, soit ne parlent pas le français ou sont alphabétisées dans les langues nationales" ajoute-t-il.

En cette Semaine de la langue française, d’aucuns estiment qu’il s’agit d’une célébration pour rappeler la domination française voire la colonisation des pays africains. Une théorie battue en brèche par le premier responsable de l’éducation nationale au Burkina.

"C’est un faux débat. Qu’est-ce que nous gagnons en parlant le français? C’est ce qu’il faut retenir. C’est une langue qui réunit des peuples. L’essentiel est que nous ne négligions pas nos langues nationales de façon à ce qu’elles puissent continuer de nous permettre d’affirmer notre identité culturelle. Mais aussi, nous devons profiter des avantages du français pour nous développer".

Rappelons que le français est la cinquième langue mondiale, et est parlé par trois cent millions de personnes sur les cinq continents, dont près de la moitié en Afrique.

français voix.mp3  (4.31 Mo)







Autres articles dans la même rubrique ou dossier: