Illustration proposée par l'auteur
Si le loup a fait sa réapparition dans les Alpes depuis une décennie, avec plus ou moins de bonheur, selon le bout de la lorgnette depuis lequel on observe ce retour, pour l’ours les jeux sont faits, en Vercors, et ce depuis plus d’un siècle. Pouce baissé : "la mort !" a décrété l’empereur Sapiens Sapiens !
La disparition de l’ours participe de plusieurs phénomènes. Sédentarisé sur ce massif karstique depuis bien avant l’Homme, Ursus a partagé avec l’Homme les mêmes abris rocheux. En ces temps d’avant la néolithisation ours et Hommes cueillaient, pêchaient, chassaient.
Vint la fin d’une énième ère glaciaire, puis celui où l’Homme devient aussi éleveur s’installant à demeure sur le Vercors. Il défriche afin de gagner un peu de terres cultivables pour les graines qui se transformeront en nourriture afin de passer les rudes hivers sur ce massif d’altitude où l’Homme est devenu sédentaire. Devient-il un concurrent alimentaire qui mettrait en danger la survie des clans ? Le raccourci réducteur ne tient compte ni de cet espace montagnard - cette montagne édénique liée à la pureté du commencement et au refuge de l’arche sur lequel auraient été placés moult animaux – qui permet d’accéder aux lieux surnaturels de l’histoire quotidienne, ni de la relation entre deux espèces qui marchent sur leurs pieds : plantigrades l’ours et l’Homme ! Mais l’ours est physiquement plus grand, plus fort.
Durant des siècles, l’ours va subir des attaques de la part de l’Homme. Le Vercors est alors un vaste espace où alternent terres cultivées, pâturages des chèvres et forêts de feuillus. Après la Révolution française la loi impose à l’Homme de ne plus laisser pâturer les chèvres n’importe où : les résineux qui ne pouvaient pousser car mangés dès les bourgeons par les chèvres, envahissent l’espace et la vue ! L’ours ne s’y retrouve plus dans ces forêts de sapins et d’épicéas : il n’a plus de baies et fruits à manger. Il est probable qu’il se soit servi plus en abondance sur les réserves des humains, cherchant sa survie (chèvres, fruits de verger, céréales). Le Vercors est fendu tel un fruit, ses falaises attaquées par les explosifs : entre 1827 et 1870 les routes, enfin diront certains, désenclavent le massif jusque-là dépourvu de voies carrossables. La messe est dite pour l’ours et le glas sonne pour lui en Vercors, ultime refuge de l’ours des Alpes.
Alors qu’en 1840 seuls 3 ours morts sont répertoriés, le véritable pic se situe entre 1870 et 1879 : 15 ours abattus par balle. L’ours erre à la recherche de nourriture, il sort du bois amaigri et ne parvient plus à trouver suffisamment de nourriture pour ses réserves de graisse. Il s’endort alors à l’automne au secret de grottes et…ne se réveille plus jamais faute de graisse permettant l’hibernation.
Est-ce ainsi qu’est mort l’ours retrouvé en ces premiers jours de juin 2011, au hasard d’une chute d’une randonneuse, l’étude de ce squelette d’ursus (conservé dans les entrailles du Vercors) par les paléontologues spécialistes nous apportera les réponses.
Personne n’avait jamais retrouvé mort le dernier ours aperçu vivant en 1937. On peut toujours rêver : est-ce là le dernier ours qui avait tenté de survivre malgré tout ?
La disparition de l’ours participe de plusieurs phénomènes. Sédentarisé sur ce massif karstique depuis bien avant l’Homme, Ursus a partagé avec l’Homme les mêmes abris rocheux. En ces temps d’avant la néolithisation ours et Hommes cueillaient, pêchaient, chassaient.
Vint la fin d’une énième ère glaciaire, puis celui où l’Homme devient aussi éleveur s’installant à demeure sur le Vercors. Il défriche afin de gagner un peu de terres cultivables pour les graines qui se transformeront en nourriture afin de passer les rudes hivers sur ce massif d’altitude où l’Homme est devenu sédentaire. Devient-il un concurrent alimentaire qui mettrait en danger la survie des clans ? Le raccourci réducteur ne tient compte ni de cet espace montagnard - cette montagne édénique liée à la pureté du commencement et au refuge de l’arche sur lequel auraient été placés moult animaux – qui permet d’accéder aux lieux surnaturels de l’histoire quotidienne, ni de la relation entre deux espèces qui marchent sur leurs pieds : plantigrades l’ours et l’Homme ! Mais l’ours est physiquement plus grand, plus fort.
Durant des siècles, l’ours va subir des attaques de la part de l’Homme. Le Vercors est alors un vaste espace où alternent terres cultivées, pâturages des chèvres et forêts de feuillus. Après la Révolution française la loi impose à l’Homme de ne plus laisser pâturer les chèvres n’importe où : les résineux qui ne pouvaient pousser car mangés dès les bourgeons par les chèvres, envahissent l’espace et la vue ! L’ours ne s’y retrouve plus dans ces forêts de sapins et d’épicéas : il n’a plus de baies et fruits à manger. Il est probable qu’il se soit servi plus en abondance sur les réserves des humains, cherchant sa survie (chèvres, fruits de verger, céréales). Le Vercors est fendu tel un fruit, ses falaises attaquées par les explosifs : entre 1827 et 1870 les routes, enfin diront certains, désenclavent le massif jusque-là dépourvu de voies carrossables. La messe est dite pour l’ours et le glas sonne pour lui en Vercors, ultime refuge de l’ours des Alpes.
Alors qu’en 1840 seuls 3 ours morts sont répertoriés, le véritable pic se situe entre 1870 et 1879 : 15 ours abattus par balle. L’ours erre à la recherche de nourriture, il sort du bois amaigri et ne parvient plus à trouver suffisamment de nourriture pour ses réserves de graisse. Il s’endort alors à l’automne au secret de grottes et…ne se réveille plus jamais faute de graisse permettant l’hibernation.
Est-ce ainsi qu’est mort l’ours retrouvé en ces premiers jours de juin 2011, au hasard d’une chute d’une randonneuse, l’étude de ce squelette d’ursus (conservé dans les entrailles du Vercors) par les paléontologues spécialistes nous apportera les réponses.
Personne n’avait jamais retrouvé mort le dernier ours aperçu vivant en 1937. On peut toujours rêver : est-ce là le dernier ours qui avait tenté de survivre malgré tout ?