Le cri de Clémence Savelli

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Par Luc Melmont Rédigé le 20/04/2012 (dernière modification le 17/04/2012)

On parle souvent de ces acheteurs qui vénèrent le vinyle, ah le vinyle, le toucher, l’idée d’authenticité. Bon. Très bien. Si ces acheteurs étaient moins nostalgiques, moins de mauvaise foi, bref, plus en accord avec leur temps, au lieu de s’engoncer dans une époque idéalisée et révolue, ils verraient que de nos jours, il existe encore de beaux cd-s. De beaux albums, notamment en chanson. Je pense au nouvel album de Clémence Savelli, "Le cri".


L’ombre de ce couple commence à régner sur une certaine chanson dans la culture française

Je l’attendais. Je n’ai pas été déçu. Belle couverture, édition digipack, beau livret, paroles, photos sobres et léchées. Un objet sublime à la hauteur de l’extrême qualité des chansons. La chanteuse ne nous prend pas pour des cons: 18 chansons de haute volée, piano exalté, exaltant, joué par Pascal Pistone, violoncelle par Alexandre Perony, cerise sur la gâteau, présence du chœur de l’université de Bordeaux 3. Ce sont 18 chansons que ceux et celles qui aiment les beaux textes et les belles musiques ne peuvent oublier. L’esprit est marqué à jamais. Je pense d’emblée à des chansons comme "Pourquoi", "Si", "L'espoir".3 L’ouverture, "Léon" déstabilise par son mélange d’émotion et de subversion bienvenue dans une année cruciale pour le paysage politique français - le devenir des sdf, reflets de nos craintes sur le fil de nos vies.

La Savelli, parce que je pense qu’on peut l’appeler comme ça, comme on dirait la Sylvestre, la Pestel, la Juliette, nous prouve que l’année 2012 démarre superbement en chanson avec son cri. Un cri qui n’est pas sans rappeler celui exprimé en peinture expressionniste (Skrik, 1893) par le peintre norvégien Edvard Munch (1863-1944). La rage de Savelli n’est pas une rage intérieure, égoïste mais une rage au nom de nous tous. Peut-être est-ce cette rage qui nous concerne qui dérange dans le milieu du show-biz y compris dans le petit milieu chanson qui préfère décerner des prix à des chanteuses probablement talentueuses mais qui ne dégagent pas grand-chose si ce n’est de conforter les autoproclamés amoureux de la chanson française dans leurs petites certitudes et dans un ghetto doré et confidentiel: Agnès Bihl, Clarika, Gaëlle Vignaux.

Parce qu’on sent bien dans le fond la passion qui anime la chanteuse et lui attire un public inconditionnel mais aussi un nouveau public, constitué de gens qui ne se sentent pas forcément concernés par LA Chanson, son devenir etc…c’est avec surprise que j’ai discuté de son dernier disque, sur msn, avec un fan de Mylène Farmer qui faisait découvrir à son entourage toutes les vidéos de la chanteuse Savelli sur youtube. Ceux et celles séduits n’ont qu’une envie, en parler. On ne peut que les encourager. J’incite des journalistes tels Michel Kemper, Fred Hidalgo, Bertrand Dicale à ne pas passer à côté de cette personnalité hors du commun.

Je parlais du piano, je voudrais revenir sur l’importance du couple énigmatique Clémence Savelli-Pascal Pistone. Si on ne peut pas en effet pas dire que les festivals et autres Victoires de la musique leur déroulent le tapis rouge, ils sont dans une fusion artistique / humaine (forcément) totale, rare qui donne une œuvre imposante, dévorante, désarmante, flamboyante qui n’est pas faite pour les médiocres. Couple mystérieux à l’image des "couples" Laurent Boutonnat / Mylène Farmer, Denise Duval / Francis Poulenc, Jean Guidoni / Pierre Philippe etc… l’ombre de ce couple commence à régner sur une certaine chanson dans la culture française, il serait temps d’en prendre acte…et d’aimer leur œuvre…






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