L’urbanisation galopante rend le Vésuve particulièrement dangereux
Vésuve - Photo (c) Virginie Dubreuil
Les flancs du Vésuve ont été envahis par les habitations depuis sa dernière éruption en 1944, au point qu’un très dense tissu urbain encercle désormais le volcan. 700.000 personnes seraient directement menacées par l’invasion de flux pyroclastiques en cas d’éruption explosive du Vésuve: elles habitent en "zone rouge", un périmètre de 6,5 km situé autour du volcan, souvent dans des logements construits sans autorisation. Plus loin mais encore trop près, à seulement 12 km du cratère, bat le cœur de Naples. Au total, trois millions et demi de personnes vivent aujourd’hui sous la menace d’un réveil soudain du géant de Campanie.
Les autorités tentent bien de désengorger les pentes du Vésuve en attribuant des compensations financières aux familles vivant dans la zone rouge et qui accepteraient de déménager dans des zones moins risquées. Les bâtiments construits illégalement sont progressivement démolis et un parc national a été établi autour des flancs supérieurs du volcan pour se prémunir de toute nouvelle construction. Mais les gens sont attachés à leur logement et l’immense majorité de la population préfère s’en remettre à la protection de San Gennaro, le saint patron de la ville de Naples.
Deux fois par an, au cours d’une grande cérémonie, les Napolitains portent en procession les reliques du Saint et le prient de bien vouloir leur renouveler sa protection sur Naples. Si son sang conservé dans deux ampoules de cristal se liquéfie au cours de la cérémonie, Naples est protégée du volcan jusqu’à la prochaine invocation: il n’y a donc rien à craindre du Vésuve! Et chaque année le miracle se renouvelle, ce qui laisse les Napolitains prendre à la légère les menaces des volcanologues.
Les autorités tentent bien de désengorger les pentes du Vésuve en attribuant des compensations financières aux familles vivant dans la zone rouge et qui accepteraient de déménager dans des zones moins risquées. Les bâtiments construits illégalement sont progressivement démolis et un parc national a été établi autour des flancs supérieurs du volcan pour se prémunir de toute nouvelle construction. Mais les gens sont attachés à leur logement et l’immense majorité de la population préfère s’en remettre à la protection de San Gennaro, le saint patron de la ville de Naples.
Deux fois par an, au cours d’une grande cérémonie, les Napolitains portent en procession les reliques du Saint et le prient de bien vouloir leur renouveler sa protection sur Naples. Si son sang conservé dans deux ampoules de cristal se liquéfie au cours de la cérémonie, Naples est protégée du volcan jusqu’à la prochaine invocation: il n’y a donc rien à craindre du Vésuve! Et chaque année le miracle se renouvelle, ce qui laisse les Napolitains prendre à la légère les menaces des volcanologues.
Un plan d’évacuation contesté
La densité de population autour du Vésuve en fait le volcan le plus surveillé au monde. L’Observatoire volcanologique situé en bordure des Champs Phlégréens est d’ailleurs l’un des plus performants à l’heure actuelle. Il dispose d’un impressionnant dispositif de surveillance dédié à la détection et à la mesure des phénomènes précurseurs du réveil volcanique comme l’apparition de secousses sismiques, de déformations du sol, l’augmentation de la température, l’émission accrue de gaz, la variation de leur composition chimique, etc. Pas une vibration du volcan n’échappe aux douze stations du réseau sismique et au satellite dédié qui transmettent leurs données 24 heures sur 24 à l’Observatoire.
Le 18 mars 1944, le Vésuve avait craché des coulées de lave pendant 11 jours, faisant tout de même 26 morts et 12.000 sans-abri. Le directeur de l'Observatoire de l'époque était parvenu à donner l'alerte une semaine avant l’éruption, sauvant ainsi des centaines de vies. Le plan d’urgence actuel élaboré par la Protection civile italienne sur la base du scénario d’une éruption sub-plinienne similaire à celle de 1631 prévoit un délai de six jours pour évacuer les 700.000 personnes situées en "zone rouge". Cette zone devra être intégralement évacuée par trains, ferries, cars et autobus avant même le début de l’éruption. Chacune des dix-huit communes de cette zone est jumelée avec une région italienne qui accueillera les réfugiés en cas d’éruption. Le problème, c’est que "nous ne sommes pas sûrs que nous réussirions à les évacuer à temps" a prévenu Francesco Russo. L’actuel remaniement de ce plan prévoit de faire passer ce délai à deux ou trois jours d'ici les 20 ou 30 prochaines années grâce à la politique de désengorgement. Une modernisation essentielle quand on sait que personne n’est capable de dire précisément le laps de temps qui séparera les signes précurseurs de l’éruption elle-même.
Et puis nombre de chercheurs font valoir que c’est l’ampleur de l’éruption survenue à l’âge de bronze qui devrait être considérée comme la référence pour anticiper le pire scénario et non l’éruption sub-plinienne survenue en 1631. Or selon ce scenario, ce serait trois millions d'habitants qu'il faudrait évacuer. La communauté scientifique milite donc pour la mise en place de plans d’urgence différents, adaptés aux différentes intensités possibles d’éruptions (plinienne, sub-plinienne, strombolienne violente, émission de cendres).
Enfin le moment où débutera cette évacuation massive reste un dilemme: décidée trop tard, beaucoup de personnes pourraient être tuées, alors que décidée trop tôt, les signes précurseurs de l'éruption pourraient se révéler être une fausse alarme très coûteuse sur le plan financier. En 1984, 40.000 personnes ont été évacuées de la région des champs Phlégréens, mais aucune éruption ne s'est produite.
En attendant, pendant qu’une poignée de scientifiques surveille sans relâche le volcan, les Napolitains s’en remettent à leur saint patron. Mais qu’adviendra-t-il le jour où San Gennaro restera impassible face aux appels de ses fidèles?
Le 18 mars 1944, le Vésuve avait craché des coulées de lave pendant 11 jours, faisant tout de même 26 morts et 12.000 sans-abri. Le directeur de l'Observatoire de l'époque était parvenu à donner l'alerte une semaine avant l’éruption, sauvant ainsi des centaines de vies. Le plan d’urgence actuel élaboré par la Protection civile italienne sur la base du scénario d’une éruption sub-plinienne similaire à celle de 1631 prévoit un délai de six jours pour évacuer les 700.000 personnes situées en "zone rouge". Cette zone devra être intégralement évacuée par trains, ferries, cars et autobus avant même le début de l’éruption. Chacune des dix-huit communes de cette zone est jumelée avec une région italienne qui accueillera les réfugiés en cas d’éruption. Le problème, c’est que "nous ne sommes pas sûrs que nous réussirions à les évacuer à temps" a prévenu Francesco Russo. L’actuel remaniement de ce plan prévoit de faire passer ce délai à deux ou trois jours d'ici les 20 ou 30 prochaines années grâce à la politique de désengorgement. Une modernisation essentielle quand on sait que personne n’est capable de dire précisément le laps de temps qui séparera les signes précurseurs de l’éruption elle-même.
Et puis nombre de chercheurs font valoir que c’est l’ampleur de l’éruption survenue à l’âge de bronze qui devrait être considérée comme la référence pour anticiper le pire scénario et non l’éruption sub-plinienne survenue en 1631. Or selon ce scenario, ce serait trois millions d'habitants qu'il faudrait évacuer. La communauté scientifique milite donc pour la mise en place de plans d’urgence différents, adaptés aux différentes intensités possibles d’éruptions (plinienne, sub-plinienne, strombolienne violente, émission de cendres).
Enfin le moment où débutera cette évacuation massive reste un dilemme: décidée trop tard, beaucoup de personnes pourraient être tuées, alors que décidée trop tôt, les signes précurseurs de l'éruption pourraient se révéler être une fausse alarme très coûteuse sur le plan financier. En 1984, 40.000 personnes ont été évacuées de la région des champs Phlégréens, mais aucune éruption ne s'est produite.
En attendant, pendant qu’une poignée de scientifiques surveille sans relâche le volcan, les Napolitains s’en remettent à leur saint patron. Mais qu’adviendra-t-il le jour où San Gennaro restera impassible face aux appels de ses fidèles?