Affirmons-le d’emblée avec un brin de provocation: Nicolas Sarkozy a autant de chances -ou de risques- de provoquer une défaite de la droite aux prochaines élections présidentielles que Martine Aubry est à même de faire perdre les socialistes en 2012. L’un et l’autre sont les meilleurs ennemis de leurs camps. Le chef de l’État et l’ancienne première Secrétaire du PS misent sur les faiblesses de l’adversaire afin de combler leurs défaillances et ainsi renforcer la perspective d’une victoire, loin d’être acquise. L’un comme l’autre raisonnent en termes purement négatifs: le président compte sur l’impossibilité pour la maire de Lille de rassembler au-delà de son camp doctrinal. Cette dernière parie sur la perte de l’électorat centriste due à l’émiettement des candidatures et sur le grignotage des voix par le Front National pour l’emporter plus facilement dans un second tour qui l’opposerait idéalement à Marine Le Pen. Nicolas Sarkozy voit trop court et Martine Aubry trop loin. Les Français réclament une vision juste de leur avenir.
Malgré les discours convenus sur le "candidat naturel" de l’UMP, les défaites successives enregistrées par le parti présidentiel jusqu’à la perte récente du Sénat et la responsabilité du locataire de l’Élysée dans cette situation -une responsabilité évoquée brutalement par l’ancien président de la Haute Assemblée Gérard Larcher à propos de "l’incompréhension des électeurs sur l’action présidentielle"- nourrissent les ambitions de "l’après Sarkozy": un thème débattu mezza voce par plusieurs jeunes ministres lors de l’université d’été de Marseille. Les ambiguïtés calculées du Ministre des affaires étrangères sur son "rôle de recours" ne constituent pas le moindre des témoignages d’une succession ouverte avant l’heure, voire une fois digérée la défaite prévisible de l’année prochaine. Les rêves diurnes présidentiables d’Alain Juppé appartiennent à la réalité.
Malgré les discours convenus sur le "candidat naturel" de l’UMP, les défaites successives enregistrées par le parti présidentiel jusqu’à la perte récente du Sénat et la responsabilité du locataire de l’Élysée dans cette situation -une responsabilité évoquée brutalement par l’ancien président de la Haute Assemblée Gérard Larcher à propos de "l’incompréhension des électeurs sur l’action présidentielle"- nourrissent les ambitions de "l’après Sarkozy": un thème débattu mezza voce par plusieurs jeunes ministres lors de l’université d’été de Marseille. Les ambiguïtés calculées du Ministre des affaires étrangères sur son "rôle de recours" ne constituent pas le moindre des témoignages d’une succession ouverte avant l’heure, voire une fois digérée la défaite prévisible de l’année prochaine. Les rêves diurnes présidentiables d’Alain Juppé appartiennent à la réalité.
Figure pompidolienne de François Hollande
L’ambiance ne vaut guère mieux rue de Solférino: Martine Aubry, dont une indiscrétion aussi vengeresse que ravageuse de Dominique Strauss-Kahn a confirmé son statut de "candidate par défaut", a failli jeter l’éponge en juin dernier: un épisode qui rappelle la névrose de destinée de son père, refusant in extremis un pouvoir que les Français lui offraient pourtant sur un plateau. Elle mène d’ailleurs une campagne d’une indescriptible fadeur à laquelle elle-même ne semble pas croire. Comme on l’enseigne aux étudiants que l’on prépare aux entretiens d’embauche: à présentateur peu convaincu, public circonspect.
Malgré un argumentaire soigneusement distillé par ses troupes, l’attentisme électoral du chef de l’État, contredit par son agenda international -Libye, Maroc, Arménie- ne correspond nullement à une stratégie mûrement réfléchie: c’est la primaire qui, parallèlement aux tempi judiciaires des sordides affaires de corruption dans cette ambiance de fin de règne, rythme finalement cette présidentielle. Une primaire elle aussi focalisée sur des personnes: voter François Hollande -une consigne des conservateurs modérés qui s’inviteront largement le 9 octobre prochain- signifie davantage barrer la route à Martine Aubry. Donner des voix à Manuel Valls veut dire peser sur le deuxième tour de cette consultation. A part la figure pompidolienne du député de Corrèze, figure d’autant plus rassurante que lui-même adopte une position tactique de retrait, on cherchera en vain les points forts d’un projet socialiste mobilisateur.
Sur ce point, et sur celui-là seulement, Dominique de Villepin a raison: "il n’y a pas de candidat providentiel". Jamais élection présidentielle sous la Vème République n’aura été, hélas, marquée par de tels faux-semblants.
Malgré un argumentaire soigneusement distillé par ses troupes, l’attentisme électoral du chef de l’État, contredit par son agenda international -Libye, Maroc, Arménie- ne correspond nullement à une stratégie mûrement réfléchie: c’est la primaire qui, parallèlement aux tempi judiciaires des sordides affaires de corruption dans cette ambiance de fin de règne, rythme finalement cette présidentielle. Une primaire elle aussi focalisée sur des personnes: voter François Hollande -une consigne des conservateurs modérés qui s’inviteront largement le 9 octobre prochain- signifie davantage barrer la route à Martine Aubry. Donner des voix à Manuel Valls veut dire peser sur le deuxième tour de cette consultation. A part la figure pompidolienne du député de Corrèze, figure d’autant plus rassurante que lui-même adopte une position tactique de retrait, on cherchera en vain les points forts d’un projet socialiste mobilisateur.
Sur ce point, et sur celui-là seulement, Dominique de Villepin a raison: "il n’y a pas de candidat providentiel". Jamais élection présidentielle sous la Vème République n’aura été, hélas, marquée par de tels faux-semblants.