Il y aura peut-être une ultime ressemblance entre Hafez Al-Assad et son fils Bachar : l’ancien président syrien se vantait toujours d’être le dernier Etat arabe qui signerait la paix avec Israël. L’actuel dirigeant sera probablement le plus jeune et dernier des dictateurs de la région à être emporté par les révoltes. Question de temps. Les violents troubles qui secouent la Syrie ne sauraient étonner : la dynamique régionale favorable à l’émergence de mouvements démocratiques se double d’un activisme déterminant des réseaux sociaux qui relient la tumultueuse jeunesse de ces pays et décuplent ses légitimes exigences. Les titulaires de comptes Twitter dévolus à scruter les prolongements de la révolte iranienne de juin 2009 ou les épisodes de la guerre en Libye se sont ainsi instantanément mobilisés pour transmettre en temps réel les informations sur la rébellion syrienne. Enfin, une vigilance plus scrupuleuse des puissances occidentales leur permet de se déculpabiliser auprès de leurs opinions publiques afin de faire oublier leurs étroites relations avec les anciennes dictatures. Une hyménoplastie politique qui vise par surcroît à compenser les impopulaires mesures d’austérité interne imposées par la crise économique.
Gouvernement d’une minorité alaouite honnie par la majorité sunnite qui n’a jamais pardonné les terribles massacres de Hama en 1982, puissant voisin détesté par une majorité de Libanais qui n’oublieront jamais les trente années de tragique occupation et le chantage de Damas à la déstabilisation du Liban pour négocier avec l’occident, régime arabe parmi les plus répressifs en raison du quadrillage paranoïaque du pays par les tristement célèbres « Moukhabarat », les services de sécurité qui ont instauré un authentique climat de peur et de délation, la Syrie suscite en outre la plus grande méfiance de la communauté internationale pour son exploitation systématique du double langage : malgré les visites répétées de Claude Guéant au conseiller du président syrien Assaf Chawkat en vue de découpler la Syrie de l’Iran, la France en a été la candide victime.
Gouvernement d’une minorité alaouite honnie par la majorité sunnite qui n’a jamais pardonné les terribles massacres de Hama en 1982, puissant voisin détesté par une majorité de Libanais qui n’oublieront jamais les trente années de tragique occupation et le chantage de Damas à la déstabilisation du Liban pour négocier avec l’occident, régime arabe parmi les plus répressifs en raison du quadrillage paranoïaque du pays par les tristement célèbres « Moukhabarat », les services de sécurité qui ont instauré un authentique climat de peur et de délation, la Syrie suscite en outre la plus grande méfiance de la communauté internationale pour son exploitation systématique du double langage : malgré les visites répétées de Claude Guéant au conseiller du président syrien Assaf Chawkat en vue de découpler la Syrie de l’Iran, la France en a été la candide victime.
Visites de Claude Guéant à Damas
Si les opposants peuvent espérer prendre leur revanche, il leur faudra pourtant compter avec des facteurs extérieurs à la Syrie. Le sort de Damas se décidera aussi à Tel-Aviv. Bien qu’ils se félicitent des revendications populaires susceptibles de rapprocher ce pays des standards internationaux de la démocratie, les Israéliens ne dissimulent pas non plus leur ambivalence envers les événements de Syrie: parfaitement informé des transferts d’armes au Hamas et au Hezbollah, transferts facilités ou initiés par Bachar El Assad, l’Etat hébreu a cependant fini par s’acclimater à la dictature syrienne, finalement moins risquée qu’un régime militaire de radicaux sunnites. A l’image de la révolution islamique en Iran -un traumatisme en lien direct avec la survie d’Israël- et des lourdes incertitudes sur le devenir de la révolte égyptienne suspectée de faire la part belle aux Frères Musulmans lors des prochaines législatives, la chute éventuelle du dictateur syrien conduit une majorité d’Israéliens à s’interroger : « qui pour remplacer Bachar Al-Assad ? ». Et d’y répondre par une formule : « un ennemi connu vaut mieux qu’un inconnu imprévisible ». S’ils n’émettront jamais d’avis officiel -la propagande syrienne exploiterait immédiatement à son profit un soutien ou une critique aux protestataires- les dirigeants israéliens ne manqueront sans doute pas de relayer leur évaluation auprès de leurs homologues occidentaux. Lesquels prendront à leur tour publiquement position. La perception qu’en aura in fine le président Assad conditionnera en partie sa marge de manoeuvre. Souhaitons toutefois pour l’avenir de la démocratie en Syrie et la tranquillité du Liban qu’il n’ait le choix qu’entre deux options : partir et partir vite.