Le Podcast Edito – Le Liban dans le brouillard régional


Par Jean-Luc Vannier Rédigé le 17/02/2013 (dernière modification le 16/02/2013)

Réunion des ministres européens des Affaires étrangères sur d’éventuelles sanctions contre le Hezbollah, incertitudes sur la tenue des élections législatives libanaises en juin sur fond de crise économique et sociale, ultimes manœuvres de Damas pour faire diversion au Liban, pressions contraires de l’Iran pour maintenir une "stabilité" servant de tête de pont à son influence dans la région, déni américain en Syrie: la légendaire "souplesse" politique libanaise est mise à rude épreuve.


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Que se passera-t-il au Liban à la chute de Bachar El-Assad? Inutile d’interroger les responsables politiques du pays: "tout le monde navigue à vue" admettent plusieurs d’entre eux tout en soupçonnant le Hezbollah d’un "agenda caché" mais dont l’échéancier, effondrement inévitable du régime alaouite oblige, se restreint "au jour le jour". Signe des temps: la perspective incertaine des élections législatives libanaises censées se tenir en juin prochain avec un projet de Loi électorale dit "orthodoxe" qui risque d’enkyster encore plus le Liban dans le communautarisme religieux. Un sauvetage temporaire. "Cela ne changera rien à la réalité sur le terrain", avait commenté le Secrétaire Général du Hezbollah au lendemain des résultats électoraux de mai 2009 donnant une courte majorité à la coalition du 14 mars emmenée par Saad Hariri. Seules comptent les armes détenues par la milice pro-iranienne avec, aujourd’hui comme hier, l’unique objectif: maintenir ses acquis au pays du cèdre. Et ce, contre la demande pressante de Damas de plonger le Liban dans le chaos pour faire diversion.

Pour ce faire, outre l’aide de l’Iran, le Hezbollah peut compter sur la légendaire "élasticité" politique des leaders libanais. Ceux du gouvernement de Najib Mikati accusé par ses pires détracteurs d’être "un faux-nez pro-syrien dont il faut recompter ses propres doigts après lui avoir serré la main" avec, par exemple, le scandale des camions citernes libanais traversant la frontière pour alimenter en carburant les militaires du régime syrien. Tout comme ceux de l’opposition: malgré le discours virulent de Saad Hariri pour la huitième commémoration de l’assassinat de son père, des "Haririens de l’intérieur" se montrent nettement plus enclins à protéger leur circonscription – et leurs rentes subséquentes – au point de réfléchir, profitant de son affaiblissement relatif sur la scène régionale, à une négociation avec le Hezbollah. Laquelle porterait sur le "maintien de son influence": Parlement au trois tiers contre une remise de son armement ou déclaration du Parti de Dieu s’engageant à n’utiliser ses armes que contre Israël. Une douce illusion.

Sanctions européennes contre le Hezbollah peu probables

Mais peut-on blâmer un borgne devant l’aveuglement de l’Europe et des États-Unis? Réunis ce lundi 18 février 2013 pour débattre des conséquences de l’enquête des autorités bulgares pointant la responsabilité du Hezbollah dans l’attentat meurtrier anti-israélien du 18 juillet 2012, les ministres européens des affaires étrangères s’abstiendront sans doute, faute d’unanimité, de prendre des mesures concrètes. Quant à Washington, la sentence des opposants libanais au Hezbollah est sans appel: "en l’absence d’une politique américaine en Syrie et par cette diplomatie d’évitement des conflits tenue pour une victoire du champ de bataille, Barack Obama est l’un des pires présidents américains" pour la région. Lourds de menaces, les mois à venir démentiront-ils ce diagnostic?





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