Il y eut, en 1975, le premier et fastueux Sommet du G6 à Rambouillet. Il y eut ensuite la "mobilisation de deux concordes" pour les déplacements de François Mitterrand et "les dernières dépenses de la présidence Chirac". A lire "L’argent de l’État", l’ouvrage rédigé par le député René Dosière et publié aux Éditions du Seuil, tous les chefs de la Ve République, mis à part le Général de Gaulle qui ne rechignait pas, selon l’auteur, à sortir son carnet de chèque personnel, ont épousé sans état d’âme les moyens matériels et financiers de la fonction présidentielle. Après "L’argent caché de l’Élysée" (Seuil, 2007) destiné à dénoncer des dépenses élyséennes "dissimulées dans les budgets d’une quinzaine de ministères", l’enquête menée par le député socialiste de l’Aisne montre une triple rupture instaurée par Nicolas Sarkozy: la mise en place d’un "budget consolidé", plus lisible donc, de la présidence de la République et un changement subséquent de l’activité présidentielle qui déplace le centre de gravité décisionnelle de Matignon vers la "ruche" de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Paradoxe de ces mutations pourtant positives au regard de la comptabilité publique, cette étude éclaire par surcroît la relation pour le moins narcissique de Nicolas Sarkozy avec le pouvoir élyséen.
En témoignent la "hausse de son traitement de 172%" afin d’éviter une rémunération du président "inférieure" à celle de son premier ministre ou les "sommes vertigineuses" consacrées aux déplacements présidentiels donnant "le sentiment que l’Élysée ne se sent pas le moins du monde concerné par les économies à réaliser dans le pays". Des déplacements au cours desquels, selon l’auteur, Nicolas Sarkozy passe moins de temps à "recueillir des avis" qu’à "balayer les remarques que lui adressent ses convives". Des séjours en outre critiqués pour leur "délire sécuritaire" donnant lieu à l’exploitation disproportionnée des forces de l’ordre.
En témoignent la "hausse de son traitement de 172%" afin d’éviter une rémunération du président "inférieure" à celle de son premier ministre ou les "sommes vertigineuses" consacrées aux déplacements présidentiels donnant "le sentiment que l’Élysée ne se sent pas le moins du monde concerné par les économies à réaliser dans le pays". Des déplacements au cours desquels, selon l’auteur, Nicolas Sarkozy passe moins de temps à "recueillir des avis" qu’à "balayer les remarques que lui adressent ses convives". Des séjours en outre critiqués pour leur "délire sécuritaire" donnant lieu à l’exploitation disproportionnée des forces de l’ordre.
Un sommet à 58.000 Euros la minute
Deux autres exemples dans ce livre nourrissent en particulier cette ambiguïté qui semble spécifique à l’actuel hôte de l’Élysée: celle de ne pouvoir personnellement se contenter des attributs constitutionnels inhérents à son élection au suffrage universel direct. En premier lieu, celui de "Air Sarko One": un airbus présidentiel qui possède, à en croire les journalistes qui ont voyagé à son bord, un "aménagement de qualité, sans luxe ostentatoire" mais dont les raisons et les péripéties de l’acquisition ont durablement alimenté l’impression d’un président obnubilé par "la folie des grandeurs". Ne serait-ce qu’une mauvaise communication alors que les effectifs dévolus à l’image et à la parole présidentiels ont été "multipliés par cinq"? Et, surtout, le sommet de l’Union Pour la Méditerranée organisé au Grand Palais le 13 juillet 2008: "58.000 euros la minute", selon les calculs de l'auteur qui s’appuie également sur le rapport féroce du regretté Philippe Seguin, premier Président de la Cour des comptes de l’époque: "une forme de record, par son ampleur, le caractère irrégulier des procédures suivies et son impact massif sur les finances publiques".
Ce "rythme d’évolution des dépenses élyséennes sept fois supérieur à celui du budget de l’État" trahit finalement les éternelles dérives monarchiques du système politique de la Ve République. Outre le devoir de "combattre le cumul des mandats" exécutifs et locaux, et celui de fustiger l’excessive et malsaine concentration des pouvoirs dans la capitale, "la République, explique en conclusion René Dosière, doit adopter un mode de fonctionnement plus modeste et diversifier le recrutement de ses élites politiques". Mais le parlementaire ne souffle mot du refus, par les députés de l’Assemblée, de réduire de 10% leurs indemnités dans le cadre de l’effort national. A quoi bon alors citer en exergue Charles Péguy: "la mystique républicaine, c’était quand on mourrait pour la République, la politique républicaine, c’est à présent qu’on en vit"?
Ce "rythme d’évolution des dépenses élyséennes sept fois supérieur à celui du budget de l’État" trahit finalement les éternelles dérives monarchiques du système politique de la Ve République. Outre le devoir de "combattre le cumul des mandats" exécutifs et locaux, et celui de fustiger l’excessive et malsaine concentration des pouvoirs dans la capitale, "la République, explique en conclusion René Dosière, doit adopter un mode de fonctionnement plus modeste et diversifier le recrutement de ses élites politiques". Mais le parlementaire ne souffle mot du refus, par les députés de l’Assemblée, de réduire de 10% leurs indemnités dans le cadre de l’effort national. A quoi bon alors citer en exergue Charles Péguy: "la mystique républicaine, c’était quand on mourrait pour la République, la politique républicaine, c’est à présent qu’on en vit"?