Le parallèle est saisissant: au moment même où le dernier rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique, publié le 24 février après l’échec de la mission de ses inspecteurs en Iran, dénonce "l’accroissement significatif de l’enrichissement d’uranium", le New York Times du lendemain cite des analystes du "renseignement américain" selon lesquels, "aucune preuve sérieuse ne démontre la volonté iranienne de se doter de la bombe nucléaire". Coïncidence d’autant plus troublante qu’un article du Guardian du 17 février faisait état, quant à lui, des "convictions croissantes de hauts responsables de l’Administration Obama: les sanctions ne dissuaderont pas l’Iran de poursuivre son programme nucléaire et les États-Unis n’auront d’autres options que celle de lancer une attaque contre l’Iran ou regarder Israël le faire".
Outre leur communauté de destin à l’avenir des plus incertains, la Syrie et l’Iran illustrent le tragique déclin d’une société internationale dont la ridicule impuissance de l’ONU n’est qu’un des tristes avatars. Il y a plus grave: la crainte, qui n’est certes pas infondée, des redoutables conséquences régionales d’une intervention militaire israélienne sur des sites nucléaires en Iran, finit par nourrir un véritable déni du danger iranien. Au point d’occulter la menace existentielle pour l’État hébreu en prêtant des intentions rationnelles et non létales au régime des mollahs. Malgré l’échec cinglant de la mission de l’AIEA, les Européens veulent négocier à tout prix avec Téhéran mais, s’interroge Le Monde, "jusqu'où faire des concessions à l'Iran pour préserver un fil de dialogue?". Prime à l’agresseur. Il faudrait donc se convaincre d’accorder peu de crédit aux déclarations bellicistes du président Ahmadinejad menaçant de "rayer Israël de la planète": si les mots n’ont plus de poids ni de sens, il convient donc, en toute logique, de tenir pour quantité négligeable les déclarations outragées des occidentaux sur la répression en Syrie. Les "appels solennels" d’Alain Juppé adressés à Damas sonneraient-ils creux?
Outre leur communauté de destin à l’avenir des plus incertains, la Syrie et l’Iran illustrent le tragique déclin d’une société internationale dont la ridicule impuissance de l’ONU n’est qu’un des tristes avatars. Il y a plus grave: la crainte, qui n’est certes pas infondée, des redoutables conséquences régionales d’une intervention militaire israélienne sur des sites nucléaires en Iran, finit par nourrir un véritable déni du danger iranien. Au point d’occulter la menace existentielle pour l’État hébreu en prêtant des intentions rationnelles et non létales au régime des mollahs. Malgré l’échec cinglant de la mission de l’AIEA, les Européens veulent négocier à tout prix avec Téhéran mais, s’interroge Le Monde, "jusqu'où faire des concessions à l'Iran pour préserver un fil de dialogue?". Prime à l’agresseur. Il faudrait donc se convaincre d’accorder peu de crédit aux déclarations bellicistes du président Ahmadinejad menaçant de "rayer Israël de la planète": si les mots n’ont plus de poids ni de sens, il convient donc, en toute logique, de tenir pour quantité négligeable les déclarations outragées des occidentaux sur la répression en Syrie. Les "appels solennels" d’Alain Juppé adressés à Damas sonneraient-ils creux?
Soulagement occidental prodigué par le véto russe et chinois?
Le déni sur la menace iranienne se double, dans le cas syrien, d’une insidieuse hypocrisie: on s’étonnerait presque du fait qu’existent encore des "nouvelles sanctions" susceptibles d’être adoptées à l’encontre de Bachar el-Assad tellement le sens commun pouvait légitimement supposer, compte tenu des massacres d’une innommable atrocité, qu’elles étaient déjà toutes en place: châtions avec parcimonie. Angoisse de la minute de vérité laissant les responsables occidentaux devant l’alternative, comme pour l’Iran, de baisser la garde ou d’avoir à brandir les armes sur le champ de bataille. On devinerait presque, derrière les étranglements ulcérés des gouvernements européens et américains sur les martyrs de Homs, le soulagement prodigué par les vétos russe et chinois. A la proposition du Qatar et de l’Arabie saoudite, lancée lors de la réunion de Tunis, de mettre en place une "force arabe pour intervenir en Syrie", le ministre français des affaires étrangères a exigé que celle-ci reçoive l’aval du Conseil de sécurité! S’inquiéterait-on de sa réussite? Les opérations humanitaires viseront au moins à donner aux vivants une bonne conscience pour les morts qui n’en ont plus.