Un des premiers enseignements de ce questionnaire illustre, chez ces jeunes, leur sentiment d’un abandon de la méritocratie: 70% d’entre eux estiment que la société française ne leur donne pas les moyens de montrer ce dont ils sont capables. Et d’en tirer plusieurs conséquences. Celle, en premier lieu, d’une quasi-certitude de subir un "déclassement": 45% de ces jeunes imaginent que leur vie professionnelle sera pire que celle de leurs parents. Ils en conçoivent, par surcroît, un impératif: pour réussir dans la vie, la moitié des répondants pense donc ne pouvoir compter que sur "soi-même".
81% indiquent par ailleurs que le travail est important dans leur vie. Et pas seulement pour gagner de l'argent. La notion psychologisante "d’épanouissement" est ainsi mise en exergue. Des réflexions qui confortent l’étude de la sociologue et professeur à l’Université Paris Dauphine Dominique Méda (Comment s’épanouir au travail?, Le Monde, 22 novembre 2011) sur le fait que les jeunes attendent du travail "la possibilité de s’exprimer et de s’épanouir, mais aussi de continuer à apprendre, de progresser et d’être utiles à la société". A l’image des dynamiques de groupes réalisées auprès des étudiants en Projet Personnel et Professionnel (PPP) à l’IUT de Nice, ils mettent en tête de leur palmarès d’une journée idéale, la "bonne ambiance au travail" et leur "besoin de reconnaissance". Substitut ambivalent pour le second, lié à la psyché infantile, de la rupture consommée entre acte professionnel et identité personnelle (Vannier, Petites psychopathologies de la vie quotidienne en entreprise, Institut de Psychanalyse et du Management, Strasbourg, à paraître).
81% indiquent par ailleurs que le travail est important dans leur vie. Et pas seulement pour gagner de l'argent. La notion psychologisante "d’épanouissement" est ainsi mise en exergue. Des réflexions qui confortent l’étude de la sociologue et professeur à l’Université Paris Dauphine Dominique Méda (Comment s’épanouir au travail?, Le Monde, 22 novembre 2011) sur le fait que les jeunes attendent du travail "la possibilité de s’exprimer et de s’épanouir, mais aussi de continuer à apprendre, de progresser et d’être utiles à la société". A l’image des dynamiques de groupes réalisées auprès des étudiants en Projet Personnel et Professionnel (PPP) à l’IUT de Nice, ils mettent en tête de leur palmarès d’une journée idéale, la "bonne ambiance au travail" et leur "besoin de reconnaissance". Substitut ambivalent pour le second, lié à la psyché infantile, de la rupture consommée entre acte professionnel et identité personnelle (Vannier, Petites psychopathologies de la vie quotidienne en entreprise, Institut de Psychanalyse et du Management, Strasbourg, à paraître).
Aucune envie de mourir pour la patrie
Plus préoccupant pour la dimension citoyenne, 46% des jeunes interrogés "ne font plus confiance" aux femmes et hommes politiques: les jeunes, surtout les plus diplômés, éprouvent le sentiment que "droite et gauche se valent". Besoin d'expression étouffé, frustrations de ne pas trouver sa place, attente d’une reconnaissance sociale, déception de ne pas pouvoir devenir des citoyens à part entière, l’enquête conclut: "un sentiment d'être privés de l'essentiel constitue un terreau fertile à la contestation". La France serait-elle isolée dans ce cas? Interrogés par l’auteur de ces lignes dans le cadre d’un séminaire de French Culture and Civilization portant sur le thème State or Nation, des étudiants étrangers (USA, Allemagne, Corée, Espagne, Pologne, Australie, Finlande, Grande-Bretagne…) du programme européen Erasmus ont tous sans hésitation indiqué "qu’ils et elles ne mourraient pas pour leur patrie". Devrait-on, hélas, les en blâmer?