Malgré le soutien de brillants conseillers en communication, le slogan choisi par Nicolas Sarkozy "redonner la parole aux Français" se révèle très discutable. Et ce, pour au moins trois raisons. La plus évidente, en premier lieu: il ne dépend pas du bon vouloir présidentiel, quelle que soit sa couleur politique, d’inviter les Français à se prononcer en avril et mai prochains sur le futur locataire de l'Elysée. Ils prendront cette parole de plein droit. Cette apparente condescendance ajoutera sans doute au rejet que l’actuel président cristallise sur sa personne. Les spécialistes auraient pu y penser avant.
Le fait de mettre ensuite l’accent sur la consultation des Français par référendum pourrait fonctionner: à condition d’oublier, durant ce quinquennat, les évitements ô combien symboliques de l’assentiment populaire: en témoigne la ratification parlementaire en 2008, trois ans après le rejet du projet de Constitution européenne par référendum, du traité de Lisbonne. On pourra en outre regretter, sur ce point revendiqué ces jours-ci par le chef de l’État, l’inachèvement de la révision constitutionnelle de juillet 2008: malgré la mise en place de la "Question Prioritaire de Constitutionnalité" (QPC) -certainement la réforme la plus positive de ce mandat en terme de droits accordés aux citoyens-, le nouvel article 11 qui introduit le "référendum d'initiative populaire" demeure en réalité un référendum d'initiative parlementaire, sous contrôle du "fait majoritaire". Il y a donc loin de la coupe aux lèvres. Le soudain engouement pour le référendum nourrit enfin la suspicion plébiscitaire de son instrumentalisation: en clair, dans ce type de vote, la personnalité masque l’enjeu. Le sujet parasite l’objet. Il n’est pas certain que ce mécanisme profite finalement au président de la République qui accuse un grave déficit en termes d’image.
Le fait de mettre ensuite l’accent sur la consultation des Français par référendum pourrait fonctionner: à condition d’oublier, durant ce quinquennat, les évitements ô combien symboliques de l’assentiment populaire: en témoigne la ratification parlementaire en 2008, trois ans après le rejet du projet de Constitution européenne par référendum, du traité de Lisbonne. On pourra en outre regretter, sur ce point revendiqué ces jours-ci par le chef de l’État, l’inachèvement de la révision constitutionnelle de juillet 2008: malgré la mise en place de la "Question Prioritaire de Constitutionnalité" (QPC) -certainement la réforme la plus positive de ce mandat en terme de droits accordés aux citoyens-, le nouvel article 11 qui introduit le "référendum d'initiative populaire" demeure en réalité un référendum d'initiative parlementaire, sous contrôle du "fait majoritaire". Il y a donc loin de la coupe aux lèvres. Le soudain engouement pour le référendum nourrit enfin la suspicion plébiscitaire de son instrumentalisation: en clair, dans ce type de vote, la personnalité masque l’enjeu. Le sujet parasite l’objet. Il n’est pas certain que ce mécanisme profite finalement au président de la République qui accuse un grave déficit en termes d’image.
Des sondages qui enjoignent de garder la tête froide
François Hollande suivrait-il une évolution semblable? Que Le Monde du 17 février égratigne le candidat socialiste -plutôt son entourage- sur les "calculs généreux du PS" à propos des "cadeaux de Sarkozy aux plus riches" -qualifiés de "mensonges" par François Fillon- en dit long sur une rivalité moins doctrinale qu’individualisée. Serait-ce un effet pervers de sa désignation plébiscitaire aux primaires? Toujours est-il que le candidat socialiste, selon le quotidien Libération, vient d’annuler son étape électorale américaine. Malgré l’assurance d’être reçu par Hillary Clinton et celle de passer ensuite au Conseil de sécurité de la Maison Blanche -où Barack Obama serait venu rapidement le saluer-, l’ancien premier Secrétaire n’en pas moins "redouté la comparaison avec Sarkozy qui traite maintenant d'égal à égal avec Obama, tandis que lui n'aurait été officiellement reçu que par la Secrétaire d’État chargée des affaires étrangères". And so what?
On ne demande pas à Nicolas Sarkozy d’annoncer de son QG électoral "une campagne du XXIe siècle" comme on est en droit d’attendre du candidat socialiste qu’il sache mettre de côté son orgueil de challenger pour rencontrer et discuter avec les responsables américains des questions qui préoccupent les Français. Bref, un bien mauvais signal alors que deux sondages enjoignent aux prétendants de garder la tête froide: selon une enquête de Sud Ouest Dimanche, "près de 50% des Français craignent un scénario grec pour la France". Une option qui a bondi de 12 points en l'espace de trois mois. Par ailleurs, la "lutte contre le chômage constitue pour 76% d'entre eux le thème prioritaire pour les mois à venir", loin devant le relèvement des salaires (58%), selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest-France. En cas de catastrophe, inutile de compter sur le narcissisme des deux candidats pour nous consoler.
On ne demande pas à Nicolas Sarkozy d’annoncer de son QG électoral "une campagne du XXIe siècle" comme on est en droit d’attendre du candidat socialiste qu’il sache mettre de côté son orgueil de challenger pour rencontrer et discuter avec les responsables américains des questions qui préoccupent les Français. Bref, un bien mauvais signal alors que deux sondages enjoignent aux prétendants de garder la tête froide: selon une enquête de Sud Ouest Dimanche, "près de 50% des Français craignent un scénario grec pour la France". Une option qui a bondi de 12 points en l'espace de trois mois. Par ailleurs, la "lutte contre le chômage constitue pour 76% d'entre eux le thème prioritaire pour les mois à venir", loin devant le relèvement des salaires (58%), selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest-France. En cas de catastrophe, inutile de compter sur le narcissisme des deux candidats pour nous consoler.