A moins de réinventer les lois inconscientes du logos, les conseillers en communication de Nicolas Sarkozy auront fort à faire pour convaincre les Français d’entendre la parole présidentielle. Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre du Développement durable a beau prétendre que le président "n’est pas le même qu’en 2007", les dernières prestations du chef de l’État n’abondent pas en ce sens. Elles donnent plutôt le sentiment d’un épuisement de la phrase élyséenne qui semble chercher ailleurs qu’au sein même de celui qui la prononce, des ressources inexplorées pour la formuler. En témoigne l’obsédant discours d’une proximité avec l’Allemagne tenu par Nicolas Sarkozy dans sa dernière intervention télévisée. Une proximité d’autant plus étrange qu’elle demeure hautement sélective: déjà exploitée par l’Élysée il y a plusieurs mois afin de trouver une parade à la crise, la référence à l’Allemagne passe complètement sous silence les raisons essentielles, susceptibles d’éclairer les réussites tellement enviées du voisin outre-Rhin: des raisons certes peu glorieuses pour le pouvoir politique hexagonal (voir notre article).
De la "rupture" à la "république irréprochable" en passant par le "travailler plus pour gagner plus", autant de slogans présidentiels vidés de leurs sens et déchargés de leurs affects: rien qui ne puisse induire une identification mobilisatrice des électeurs. Dessillée, la magie de la promesse électorale ne fonctionne plus: François Hollande sait lui aussi qu’il ne pourra pas "ré-enchanter le rêve français".
De la "rupture" à la "république irréprochable" en passant par le "travailler plus pour gagner plus", autant de slogans présidentiels vidés de leurs sens et déchargés de leurs affects: rien qui ne puisse induire une identification mobilisatrice des électeurs. Dessillée, la magie de la promesse électorale ne fonctionne plus: François Hollande sait lui aussi qu’il ne pourra pas "ré-enchanter le rêve français".
Laquelle des deux variations du langage est l'authentique?
Certaines déclarations du chef de l’État laissent en outre dubitatif sur les prétendues évolutions fondamentales de la pensée élyséenne, verbalisée par Nicolas Sarkozy: "On me dit suicidaire, je suis le suicidaire le plus en forme de France", a notamment déclaré le chef de l’État, avec plus ou moins de bon goût. Pour ses stratèges en communication, il est tentant de miser sur la "détermination" à toute épreuve du probable candidat à l’élection de 2012 après l’annonce de ses "mesures choc". Une euphorie sans raison d’être en l’absence de rebond immédiat dans les sondages et dans le prolongement de cette émission jugée pourtant décisive par ses proches. Cette soudaine exaltation se révèle encore plus incompréhensible à la lumière, quelques jours plus tôt, des "vraies fausses" confidences défaitistes distillées par le chef de l’État à des journalistes présents lors de son déplacement à Cayenne: "En cas d'échec, j'arrête la politique. Vous n'entendrez plus parler de moi si je suis battu", aurait-il expliqué en "off". Des deux variations du langage présidentiel, si proches dans le temps, quelle est donc la plus authentique?
Sans doute pourrait-on déchiffrer ce ballotement ambivalent par la position intermédiaire de Nicolas Sarkozy: presque plus président mais pas encore candidat. Une explication insuffisante: ces tergiversations de discours ne seraient-elles pas plutôt la preuve d’une intime conviction du chef de l’État? Une intime conviction malmenée par le déni d’en accepter les conséquences?
Sans doute pourrait-on déchiffrer ce ballotement ambivalent par la position intermédiaire de Nicolas Sarkozy: presque plus président mais pas encore candidat. Une explication insuffisante: ces tergiversations de discours ne seraient-elles pas plutôt la preuve d’une intime conviction du chef de l’État? Une intime conviction malmenée par le déni d’en accepter les conséquences?