Deux sordides affaires de torture ont secoué Internet la même semaine: un homme de 24 ans a été condamné à un an de prison ferme pour avoir lancé un chat contre un mur et des mineurs de 12 à 16 ans ont agressé un jeune handicapé mental. Les protagonistes ont posté la vidéo de leurs forfaits sur Facebook. Que les tortionnaires se mettent en scène et relatent avec une habile dramaturgie leurs terribles "exploits" sur la Toile n’a rien de surprenant. Explicitons-en les principales raisons.
Freud a toujours considéré "comme plus énigmatique et nécessitant une explication plus complexe, le plaisir de faire souffrir que le plaisir de souffrir". Contrairement aux acceptions du sens commun, le sadique n’est pas un tueur psychopathe qui ne se satisferait pas de la seule souffrance d’autrui. Dans cette hypothèse, il ne prendrait aucune précaution destinée à maintenir sa victime en vie. Pas d’autre moyen, rappelle le psychiatre et criminologue Jean-Claude Maleval, pour "établir sa toute puissance sur le corps de l’autre que celui de le mettre en morceaux". Le tortionnaire ne supporterait pas d’être privé du plaisir de la souffrance exercée sur un objet dont l’entière jouissance – la consomption définitive – risquerait de le priver.
Freud a toujours considéré "comme plus énigmatique et nécessitant une explication plus complexe, le plaisir de faire souffrir que le plaisir de souffrir". Contrairement aux acceptions du sens commun, le sadique n’est pas un tueur psychopathe qui ne se satisferait pas de la seule souffrance d’autrui. Dans cette hypothèse, il ne prendrait aucune précaution destinée à maintenir sa victime en vie. Pas d’autre moyen, rappelle le psychiatre et criminologue Jean-Claude Maleval, pour "établir sa toute puissance sur le corps de l’autre que celui de le mettre en morceaux". Le tortionnaire ne supporterait pas d’être privé du plaisir de la souffrance exercée sur un objet dont l’entière jouissance – la consomption définitive – risquerait de le priver.
Extérioriser sa propre détestation
Farid Ghilas a expliqué au tribunal: "j'ai vu le chat, il venait vers moi, ça m'est venu comme ça, j'ai pas réfléchi". Parfaite illustration du clivage psychique qui permet à monsieur tout-le-monde de recourir aux mécanismes de défense du Moi et de juxtaposer, sans encombre pour la psyché de l’intéressé, le pire et le meilleur. En clair: de ne pas se poser de questions et de se concentrer sur la "technicité de ses actes" accomplis sans aucun égard, moral ou physique, pour la victime. L’expulsion vers l’extérieur de sa propre détestation y gagne sans doute au change.
Reste la question de la vidéo: devenue "la règle du jeu" ainsi que l’expliquait dans un autre contexte l’universitaire Stanley Milgram pour éclairer "la soumission à l’autorité", la reconnaissance fulgurante et absolue induite par l’affichage et la publicité de l’image, rappelle le "jeu de la mort" sur France 2 en mars 2010. Bien au-delà des injonctions péremptoires de la présentatrice, seul ce qui est "vu" est "reconnu". Nouvelle "autorité légitime". Peu importe les condamnations du tortionnaire puisqu’elles confirment la dimension auto-érotique de la torture: l’excitation, selon Freud, l’emporte sur la décharge pulsionnelle. "On jouit soi-même de façon masochiste dans l’identification avec l’objet souffrant". Une jouissance par procuration.
Reste la question de la vidéo: devenue "la règle du jeu" ainsi que l’expliquait dans un autre contexte l’universitaire Stanley Milgram pour éclairer "la soumission à l’autorité", la reconnaissance fulgurante et absolue induite par l’affichage et la publicité de l’image, rappelle le "jeu de la mort" sur France 2 en mars 2010. Bien au-delà des injonctions péremptoires de la présentatrice, seul ce qui est "vu" est "reconnu". Nouvelle "autorité légitime". Peu importe les condamnations du tortionnaire puisqu’elles confirment la dimension auto-érotique de la torture: l’excitation, selon Freud, l’emporte sur la décharge pulsionnelle. "On jouit soi-même de façon masochiste dans l’identification avec l’objet souffrant". Une jouissance par procuration.