Le Podcast Edito : Au bon plaisir du remaniement


Par Jean-Luc Vannier Rédigé le 07/11/2010 (dernière modification le 08/11/2010)

Le Podcast Journal ouvre désormais ses colonnes à un éditorial hebdomadaire de Jean-Luc Vannier sur des faits politiques ou de société, à l’échelon national de la France ou à l’étranger. Un Edito où l’acuité du psychanalyste le disputera, souhaitons-le, à la verve de l’éditorialiste. Premier sujet abordé : le feuilleton du remaniement gouvernemental français.


A entendre son entourage, Nicolas Sarkozy semble s’en divertir. A constater leur grogne lors des manifestations, les Français beaucoup moins. Au jeu biaisé du remaniement, chaque matin apporte, sentences élyséennes ou énoncés apocryphes, son lot encourageant ou assassin d’indiscrétions sur l’un des prétendants à Matignon. Colportées d’un lointain château, propos mesquins, anecdotes vengeresses et saillies drolatiques ponctuent, comme le saint du jour d’un calendrier dont la secrétaire arrache machinalement la page en arrivant au bureau, le piètre quotidien journalistique du citoyen. Ces tergiversations capricieuses et condescendantes sur le choix du premier des ministres donnent au public le sentiment de privilégier, si l’on ose dire dans un langage plus contemporain, le poste de travail à l’agent de métier, la minceur communicante de l’image à la consistance d’une action, somme toute la préférence pour le style du fauteuil aux dépens de la personnalité qui s’y assied. Une pure négation de l’humain et de ses pensées. Au-delà du bouleversement institutionnel, un effondrement sans précédent de la parole politique. N’y aurait-il donc plus rien à dire d’authentique et de crédible sur quelque sujet que ce fût ?

A l’image de la Commission Européenne qui oblige la population d’un Etat-membre à revoter lorsque le résultat d’une première consultation ne lui convient pas, le site web du Figaro, à quelques jours d’intervalle, a sondé à deux reprises son fidèle lectorat sur l’arrivée éventuelle, rue de Varenne, de Jean-Louis Borloo. Après une deuxième rebuffade, aussi massive qu’une sanction aggravée en Cour d’Appel, le quotidien s’emploie désormais à mesurer la popularité -intacte malgré tant d’avanies- de François Fillon. Coller au pouvoir en place pour un organe de presse requiert toujours un peu de contorsion.

Les Français finissent par trouver aussi malsaine que ridicule cette loterie gouvernementale censée définir leur mode de vie et celle de leurs enfants. Dans cette attente, ils se trouvent réduits à scruter l’oracle d’un perron, annonciateur de la bonne nouvelle : dans ce maelstrom d’irrésolutions, le maintien de l’actuel Premier ministre en serait finalement une. A défaut d’être irréprochable, la République y gagnerait sans doute en sobriété.





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