"La raison a des exigences d’explication", disait Voltaire. Au pays des lumières, le pouvoir politique, à gauche comme à droite, a trop souvent préféré le clair-obscur. A la sidération provoquée à la fois par les meurtres des soldats français de Montauban et par la sordide tuerie des enfants de l’école juive de Toulouse ont logiquement succédé le temps du recueillement et celui de l’émotion. Celui de la réflexion, aussi nationale que l’unité digne de ce nom, aurait dû suivre. Respecter les morts suppose qu’on n’enterre pas avec eux la nécessaire méditation sur les circonstances et les causes qui les ont conduits là où ils sont. On regrettera qu’il n’en soit rien.
Une réflexion torpillée, hélas, par les responsables des communautés religieuses, juive et musulmane, qui se sont empressés sur le perron de l’Élysée de se jurer leur éternelle "fraternité" et d’appeler les "Français à éviter l’amalgame". Et ce, d’une manière tellement précipitée et pesante qu’elle finit par distiller le doute. Point besoin d’être psychanalyste pour rappeler que l’énoncé d’évidences supporte mal l’exagération. Les responsables politiques ne sont pas en reste dans cette posture nourrie d’hypocrisie et de déni: nombre d’entre eux ont annoncé la "suspension de leur campagne". Un acte de campagne par excellence : comment croire qu’après des mois de mobilisation mentale, les électeurs de tous bords puissent d’un claquement de doigt se détacher des signifiants électoraux ? Les querelles bavardes des uns sur les modalités d’intervention du RAID ou celles tout aussi inutiles des autres sur les défauts de surveillance du suspect permettent finalement à tous d’éviter les questionnements plus essentiels sur les ratages de la société française.
Une réflexion torpillée, hélas, par les responsables des communautés religieuses, juive et musulmane, qui se sont empressés sur le perron de l’Élysée de se jurer leur éternelle "fraternité" et d’appeler les "Français à éviter l’amalgame". Et ce, d’une manière tellement précipitée et pesante qu’elle finit par distiller le doute. Point besoin d’être psychanalyste pour rappeler que l’énoncé d’évidences supporte mal l’exagération. Les responsables politiques ne sont pas en reste dans cette posture nourrie d’hypocrisie et de déni: nombre d’entre eux ont annoncé la "suspension de leur campagne". Un acte de campagne par excellence : comment croire qu’après des mois de mobilisation mentale, les électeurs de tous bords puissent d’un claquement de doigt se détacher des signifiants électoraux ? Les querelles bavardes des uns sur les modalités d’intervention du RAID ou celles tout aussi inutiles des autres sur les défauts de surveillance du suspect permettent finalement à tous d’éviter les questionnements plus essentiels sur les ratages de la société française.
Le cas de Merah ne réveille-t-il pas celui de Kelkal?
L’islamisme radical n’est pas nouveau en France: "nous sommes au plus haut niveau d’élévation de la menace terroriste" déclarait en septembre 2007, un des principaux responsables de l’Uclat, l’Unité française de Coordination de la Lutte antiterroriste. Le cas de Mohamed Merah ne réveille-t-il pas celui de Khaled Kelkal, identifié en 1995 comme le principal suspect dans l’affaire de la bombe sur le TGV Paris-Lyon et abattu par les gendarmes en septembre de la même année? Interviewé quelques mois auparavant par un sociologue canadien dans le cadre de son étude, il avait expliqué qu’il ne "s’identifiait pas aux différentes valeurs de la République" mais se référait à "sa" lecture du Coran. Après l’attentat meurtrier de la rue des Rosiers en août 1982, les écoles juives de Paris organisaient des chmirot, des tours de gardes nocturnes sur les toits des établissements. C’est dire.
Antisémitisme ou/et explication sociale? Cet islamisme anti-français commence déjà hors de l’Hexagone: il y a quinze ans, la vitrine publique du Centre Culturel Français au Liban était un café ouvert sur la rue en plein cœur de Beyrouth. Il faisait pâlir de jalousie les diplomates américains, coincés dans leur compound sécurisé sur les hauteurs d’Awkar. C’est aujourd’hui une place forte, barricadée derrière des soldats libanais lourdement armés. Tout un symbole.
Antisémitisme ou/et explication sociale? Cet islamisme anti-français commence déjà hors de l’Hexagone: il y a quinze ans, la vitrine publique du Centre Culturel Français au Liban était un café ouvert sur la rue en plein cœur de Beyrouth. Il faisait pâlir de jalousie les diplomates américains, coincés dans leur compound sécurisé sur les hauteurs d’Awkar. C’est aujourd’hui une place forte, barricadée derrière des soldats libanais lourdement armés. Tout un symbole.