Photo courtoisie (c) C. Delestrade / ACM
Dès le premier acte tout est clairement annoncé: "Toujours sourire, le cœur douloureux, et sembler rire du sort malheureux. C’est notre loi: toujours sourire", chante le prince Sou-Chong au lever de rideau de cette opérette créée à Berlin en 1929.
Un peu d'histoire pour commencer: "Le Pays du Sourire" n'est ni plus ni moins que la version remaniée, un copié-collé plus raffiné dans la musique et l'esprit, de "La tunique jaune", du même compositeur qui raconte une histoire d’amour impossible entre Lisa, une jeune Autrichienne issue de la noblesse, et un prince chinois.
Coup de foudre entre les deux protagonistes à Vienne, où l'Asiatique est ambassadeur. Lorsqu'il annonce à sa soupirante son retour dans l'Empire du Milieu pour y devenir Premier ministre, ni une ni deux, Lisa décide, contre vents et marées, de l'épouser et de le suivre à Pékin.
Hélas, trois fois hélas, rien ne tournera jamais rond! Choc de deux mondes, de deux cultures, de deux civilisations. Lisa devant en plus composer avec la polygamie obligée à son mari par la coutume... Une opérette romantique qui flirte avec la mélancolie, au goût de cendres, sans happy end, voilà qui n'est pas banal!
On sait que Puccini et Lehár étaient complices et amis. Sans doute ce dernier a-t-il été inspiré par la "Turandot" pour composer sa propre légende lyrique orientalisante qui reste quoiqu'on en dise le fleuron musical d'un âge d'or d'insouciance, de légèreté mais qui allait sombrer dans une crise boursière sans précédent la même année...
Donné en co-production, importé de Tours où il a reçu un accueil délirant, le spectacle, monté presque comme une revue, pourléché, élégant, luxueux signé par Pierre-Emmanuel Rousseau a gardé tout son charme, ses costumes et décors, tout leur éclat.
Pas une once d'ennui dans cette intrigue que n'aurait pas renié la Collection Harlequin. La touche chinoise reste finalement très aérienne, le metteur-en-scène ayant préféré se concentrer sur les deux personnages principaux et sur le couple "bouffe" qui vient comme en contrepoint, et en belle harmonie, apporter sa touche de poésie et cocasserie mutine.
Autre bon point: l'intrigue a été considérablement simplifiée, les dialogues écourtés, certains personnages secondaires passant même à la trappe. Bref on y croit, certains fredonnent avec les artistes sur scène telle ou telle page, on sort de l'Opéra Confluence léger, heureux, des étoiles plein les yeux.
Dans ce show en perpétuel mouvement, ce musical franco-teuton où la chorégraphie d’Élodie Vella s'impose par sa simplicité car n'étouffant pas l'ensemble, le duo Sou-Chong-Lisa domine le plateau.
A la fois passionné et ardent, puis résigné et mélancolique sur la fin, Sébastien Droy, beau comme il n'est pas permis, incarne un Sou-Chong d'une présence, d'une impétuosité rares. Il a les emportements et le soyeux vocal d'un désespéré qui sait sa faiblesse et trouvera la délivrance de l'âme et du corps dans une surdose fatidique d'opium.
Tout Avignon a eu pour Amélie Robins les yeux de Rodrigue pour Chimène, ou l'inverse, peu importe... Quelle voix, quel tempérament chez cette jeune soprano (une Gilda, une Zerbinette en puissance!) dont on ne se lasse pas de découvrir de saison en saison le talent et l'aplomb. Son jeu scénique est d'une émouvante simplicité, de l'émancipation à la détermination, le timbre, magnifiquement flexible, a quelque chose de fragile et sûr à la fois, ce qui donne à la moindre de ses notes une pulpe sensuelle au parfum capiteux. L'ensemble se fondant idéalement dans ce grand cadre exotique et laqué.
Si Norma Nahoun ne fait qu'une bouchée de la sympathique, voire nymphomane Mi, Marc Scoffoni semble sur-distribué en Gustave. Avec une intelligence diabolique le baryton marseillais allège sa voix de bronze faite naturellement pour les imprécations. Un must!
Bien en place le reste du plateau aussi.
Nous avons dit plus haut que Puccini s'invite souvent ici, dans l'instrumentation, l'effectif orchestral, la richesse mélodique. Très attendu car auréolé des échos les plus flatteurs, Benjamin Pionnier empoigne la lourde partition de Lehár à bras-le-corps avec une lecture raffinée, précise, différenciée, hyper-lyrique. Il obtient de l'Orchestre régional Avignon-Provence, complice comme pas deux, un accompagnement étincelant, un ruissellement d'une sensualité presque énervante... au sens baudelairien du terme... Chapeau bas!
Un peu d'histoire pour commencer: "Le Pays du Sourire" n'est ni plus ni moins que la version remaniée, un copié-collé plus raffiné dans la musique et l'esprit, de "La tunique jaune", du même compositeur qui raconte une histoire d’amour impossible entre Lisa, une jeune Autrichienne issue de la noblesse, et un prince chinois.
Coup de foudre entre les deux protagonistes à Vienne, où l'Asiatique est ambassadeur. Lorsqu'il annonce à sa soupirante son retour dans l'Empire du Milieu pour y devenir Premier ministre, ni une ni deux, Lisa décide, contre vents et marées, de l'épouser et de le suivre à Pékin.
Hélas, trois fois hélas, rien ne tournera jamais rond! Choc de deux mondes, de deux cultures, de deux civilisations. Lisa devant en plus composer avec la polygamie obligée à son mari par la coutume... Une opérette romantique qui flirte avec la mélancolie, au goût de cendres, sans happy end, voilà qui n'est pas banal!
On sait que Puccini et Lehár étaient complices et amis. Sans doute ce dernier a-t-il été inspiré par la "Turandot" pour composer sa propre légende lyrique orientalisante qui reste quoiqu'on en dise le fleuron musical d'un âge d'or d'insouciance, de légèreté mais qui allait sombrer dans une crise boursière sans précédent la même année...
Donné en co-production, importé de Tours où il a reçu un accueil délirant, le spectacle, monté presque comme une revue, pourléché, élégant, luxueux signé par Pierre-Emmanuel Rousseau a gardé tout son charme, ses costumes et décors, tout leur éclat.
Pas une once d'ennui dans cette intrigue que n'aurait pas renié la Collection Harlequin. La touche chinoise reste finalement très aérienne, le metteur-en-scène ayant préféré se concentrer sur les deux personnages principaux et sur le couple "bouffe" qui vient comme en contrepoint, et en belle harmonie, apporter sa touche de poésie et cocasserie mutine.
Autre bon point: l'intrigue a été considérablement simplifiée, les dialogues écourtés, certains personnages secondaires passant même à la trappe. Bref on y croit, certains fredonnent avec les artistes sur scène telle ou telle page, on sort de l'Opéra Confluence léger, heureux, des étoiles plein les yeux.
Dans ce show en perpétuel mouvement, ce musical franco-teuton où la chorégraphie d’Élodie Vella s'impose par sa simplicité car n'étouffant pas l'ensemble, le duo Sou-Chong-Lisa domine le plateau.
A la fois passionné et ardent, puis résigné et mélancolique sur la fin, Sébastien Droy, beau comme il n'est pas permis, incarne un Sou-Chong d'une présence, d'une impétuosité rares. Il a les emportements et le soyeux vocal d'un désespéré qui sait sa faiblesse et trouvera la délivrance de l'âme et du corps dans une surdose fatidique d'opium.
Tout Avignon a eu pour Amélie Robins les yeux de Rodrigue pour Chimène, ou l'inverse, peu importe... Quelle voix, quel tempérament chez cette jeune soprano (une Gilda, une Zerbinette en puissance!) dont on ne se lasse pas de découvrir de saison en saison le talent et l'aplomb. Son jeu scénique est d'une émouvante simplicité, de l'émancipation à la détermination, le timbre, magnifiquement flexible, a quelque chose de fragile et sûr à la fois, ce qui donne à la moindre de ses notes une pulpe sensuelle au parfum capiteux. L'ensemble se fondant idéalement dans ce grand cadre exotique et laqué.
Si Norma Nahoun ne fait qu'une bouchée de la sympathique, voire nymphomane Mi, Marc Scoffoni semble sur-distribué en Gustave. Avec une intelligence diabolique le baryton marseillais allège sa voix de bronze faite naturellement pour les imprécations. Un must!
Bien en place le reste du plateau aussi.
Nous avons dit plus haut que Puccini s'invite souvent ici, dans l'instrumentation, l'effectif orchestral, la richesse mélodique. Très attendu car auréolé des échos les plus flatteurs, Benjamin Pionnier empoigne la lourde partition de Lehár à bras-le-corps avec une lecture raffinée, précise, différenciée, hyper-lyrique. Il obtient de l'Orchestre régional Avignon-Provence, complice comme pas deux, un accompagnement étincelant, un ruissellement d'une sensualité presque énervante... au sens baudelairien du terme... Chapeau bas!