Le roi du Bal (c) Martin Diaz
Cet événement connu sous le nom de Bal du siècle avait été organisé le 3 septembre 1951 par Charles de Beistegui décorateur et collectionneur d'art, en son palais Labia sur le Campo San Geremia de Venise, au bord du Grand canal, dans le quartier de Cannaregio. En 1948, il avait acheté ce palais célèbre pour ses fresques de Tiepolo dans la salle de bal, "La Rencontre d’Antoine et de Cléopâtre" et "Le Banquet de Cléopâtre". Cette fête qui fera date célébrait la fin des travaux que Beistegui avait engagés et était en quelque sorte une pendaison de crémaillère. Paul Morand qui naturellement y était, dira de cette soirée "Notre fastueux ami B. avait décidé de tenir tête au temps ; reconstituer un palais, c'est dire non au gouffre, c'est comme d’écrire Le Temps Perdu. Son œuvre terminée, B. s'en désintéressait". C’est ce qui se produisit, le palais fut revendu en 1964 à la RAI, radio-télévision italienne.
Charles de Beistegui était né à Paris le 31 janvier 1895 et il est mort le 17 janvier 1970, au château de Groussay qu’il possédait depuis 1938, à Montfort-l'Amaury dans les Yvelines. Il a été inhumé au cimetière de Passy. Très fortuné, il était l’héritier d’une famille d’origine basque enrichie dans l’exploitation de mines d’argent au Mexique. Cette fête coûtera cent millions de francs de l’époque, soit plus de deux millions de nos euros!!!
A partir de 22h, les 1.500 invités arrivèrent à bord de 400 gondoles et il avait fallu une heure et demie pour qu’ils entrent tous dans le palais Labia. Des gens massés sur leur parcours ou penchés à des balcons loués à prix d’or, tentaient d’apercevoir quelques célébrités. Il faut dire qu’il y en avait beaucoup venues de la Mostra de Venise toute proche. Jusqu’au dernier moment des vendeurs tentaient d’écouler de faux cartons d’invitation au marché noir. Le service était assuré par 75 valets portant les livrées de la famille Beistegui et des grandes familles de Venise. Les photographes Robert Doisneau et Cecil Beaton ont immortalisé la soirée. Le sculpteur grec Constantin Papachristopoulos dit Costi avait participé à la décoration et organisé le bal. Le peintre Alexandre Serebriakoff réalisa une série d’aquarelles représentant quelques moments du bal. Par la suite, Charles de Beisteigui en publiera 17 comme souvenir de cette nuit inoubliable, dans un petit ouvrage intitulé "Labia, une évocation d’un palais célèbre et un bal fastueux".
Un certain nombre de costumes étaient signés Salvador Dalí, Christian Dior, Nina Ricci, Jacques Fath ou Pierre Cardin. Jean Cocteau qui était présent dira "Bal de Venise. Beistegui n'avait pas invité la méchante fée: le journalisme. Beistegui avait refusé huit millions des Américains pour filmer le bal". Il y eut aussi un feu d’artifice, un spectacle de ballet et un souper fabuleux. Dans les salons, on avait dressé de somptueux buffets, écrevisses, jambons, saumons en gelée. Et on imagine aisément que le champagne coulait à flots. Dans une Europe qui se relevait péniblement de la guerre, tout cela avait suscité une certaine réprobation. Beistegui lui-même disait "Les gens trouvaient scandaleux que l'on puisse organiser un tel divertissement dans une Europe de misère".
Charles de Beistegui était costumé en procurateur de Venise et l’on pouvait croiser entre autres Barbara Hutton habillée en Mozart, un costume qui valait plus de 15.000$, Salvador Dalí et Gala, Lady Churchill, son mari avait décliné l’invitation, l’Aga Khan qui dira "Je ne crois pas qu'il nous soit donné de voir encore quelque chose comme cela". Gene Tierney, Orson Welles, Leonor Fini, Jacqueline de Ribes, le marquis de Cuevas, le couturier Jacques Fath habillé en Roi Soleil et son épouse en Reine de la Nuit et naturellement de nombreux représentants de l’aristocratie italienne. Christian Dior résumera la fête "Ce fut la plus belle soirée que je vis et verrai jamais. La splendeur des costumes égalait presque les atours triomphants des personnages de Tiepolo peints à fresque sur les murs. Toute la profondeur de la nuit italienne plaçait ce spectacle nocturne hors du temps".
Charles de Beistegui était né à Paris le 31 janvier 1895 et il est mort le 17 janvier 1970, au château de Groussay qu’il possédait depuis 1938, à Montfort-l'Amaury dans les Yvelines. Il a été inhumé au cimetière de Passy. Très fortuné, il était l’héritier d’une famille d’origine basque enrichie dans l’exploitation de mines d’argent au Mexique. Cette fête coûtera cent millions de francs de l’époque, soit plus de deux millions de nos euros!!!
A partir de 22h, les 1.500 invités arrivèrent à bord de 400 gondoles et il avait fallu une heure et demie pour qu’ils entrent tous dans le palais Labia. Des gens massés sur leur parcours ou penchés à des balcons loués à prix d’or, tentaient d’apercevoir quelques célébrités. Il faut dire qu’il y en avait beaucoup venues de la Mostra de Venise toute proche. Jusqu’au dernier moment des vendeurs tentaient d’écouler de faux cartons d’invitation au marché noir. Le service était assuré par 75 valets portant les livrées de la famille Beistegui et des grandes familles de Venise. Les photographes Robert Doisneau et Cecil Beaton ont immortalisé la soirée. Le sculpteur grec Constantin Papachristopoulos dit Costi avait participé à la décoration et organisé le bal. Le peintre Alexandre Serebriakoff réalisa une série d’aquarelles représentant quelques moments du bal. Par la suite, Charles de Beisteigui en publiera 17 comme souvenir de cette nuit inoubliable, dans un petit ouvrage intitulé "Labia, une évocation d’un palais célèbre et un bal fastueux".
Un certain nombre de costumes étaient signés Salvador Dalí, Christian Dior, Nina Ricci, Jacques Fath ou Pierre Cardin. Jean Cocteau qui était présent dira "Bal de Venise. Beistegui n'avait pas invité la méchante fée: le journalisme. Beistegui avait refusé huit millions des Américains pour filmer le bal". Il y eut aussi un feu d’artifice, un spectacle de ballet et un souper fabuleux. Dans les salons, on avait dressé de somptueux buffets, écrevisses, jambons, saumons en gelée. Et on imagine aisément que le champagne coulait à flots. Dans une Europe qui se relevait péniblement de la guerre, tout cela avait suscité une certaine réprobation. Beistegui lui-même disait "Les gens trouvaient scandaleux que l'on puisse organiser un tel divertissement dans une Europe de misère".
Charles de Beistegui était costumé en procurateur de Venise et l’on pouvait croiser entre autres Barbara Hutton habillée en Mozart, un costume qui valait plus de 15.000$, Salvador Dalí et Gala, Lady Churchill, son mari avait décliné l’invitation, l’Aga Khan qui dira "Je ne crois pas qu'il nous soit donné de voir encore quelque chose comme cela". Gene Tierney, Orson Welles, Leonor Fini, Jacqueline de Ribes, le marquis de Cuevas, le couturier Jacques Fath habillé en Roi Soleil et son épouse en Reine de la Nuit et naturellement de nombreux représentants de l’aristocratie italienne. Christian Dior résumera la fête "Ce fut la plus belle soirée que je vis et verrai jamais. La splendeur des costumes égalait presque les atours triomphants des personnages de Tiepolo peints à fresque sur les murs. Toute la profondeur de la nuit italienne plaçait ce spectacle nocturne hors du temps".