Un projet sur les rails…
La future route en corniche ou route du littoral. (c) DR
Didier Robert, président de région et initiateur de cette nouvelle route du littoral n’en démord pas: l’intérêt public en terme de sécurité, mais aussi de liaison continue en dépend. Après maints remaniements, et tentatives de sécurisation durant les dernières décennies, son projet de faire passer la route sur la mer a été validé par un décret en 2012. Les travaux ont commencé: les plates-formes installées en mer sont au travail jour et nuit, draguant les fonds sous-marins, faisant un passage aux camions ramenant des tonnes de gravats pour une part importés (en substitution de matériaux non disponibles dans les délais sur l’île). La construction des deux digues routières reliées par un viaduc de 5,3 km est lancée, quoiqu’une grogne de fond soit toujours audible. Paul Vergès, sénateur et président de l’Alliance (ancien président de région) entend démontrer une mauvaise évaluation de la situation et des besoins actuels. "L'accident (éboulis sur la route du littoral durant le passage récent de la tempête Haliba) a révélé une fois de plus l'extrême fragilité de la liaison Nord-Ouest de l'île". commente-t-il. A l'argument d'un possible enrayement de ces difficultés par la nouvelle route du Littoral, il oppose un grand risque à prendre: "on va substituer au danger de la montagne, les dangers de la mer", évoquant le rapport du GIEC dont les prévisions en terme d’intensification des cyclones et d’augmentation du niveau de la mer sont formels. Nul doute que le tram train, projet porté et défendu par Paul Vergès reste pour ce dernier la seule solution envisageable, remettant au goût du jour une voie ferrée dont il fustige la suppression en 1955, lors de la départementalisation… mais aussi le point d’orgue d’une longue carrière politique anticolonialiste.
…coupant la route aux baleines
La situation est par ailleurs jugée préoccupante en terme de protection de l’environnement. L’importation de matériaux aurait selon l’avis du CNPN (Conseil national de la protection de la nature) été à prohiber, en particulier pour le risque majeur d’introduction d’espèces exotiques envahissantes dans l’île. Un bémol également quant à l’impact non évalué des carrières nécessaires au remblai des digues, menaçant certaines espèces endémiques. En réponse à la demande de dérogation du conseil Régional quant à la charte de respect de la nature (acceptée par l’État) cet avis évoque des dispositions insuffisantes de maintien de bonne conservation des espèces impactées (sur la falaise notamment). Enfin, 110 hectares de milieux marins seront détruits. Les impacts quoique révisés par la mise en œuvre de mesures d’évitement, restent forts notamment pour le grand dauphin et la baleine à bosse. La nouvelle route du Littoral saura-t-elle s’affranchir du pouvoir politique qu’elle suppose, pour se glisser dans l’eau avec délicatesse? Premiers éléments de réponses fin 2015.