Tetsu Nakamura ©NHK
Il est 8 heures du matin, Tetsu Nakamura circule en pick up dans les rues de Jalalabad. Soudain, des coups de feu éclatent au détour d’une rue. Un habitant témoigne : "j’ai vu des hommes armés attaquer un Japonais et ses gardes" dit-il, "les assaillants se sont ensuite enfuis dans une petite rue".
Touché à la poitrine, Nakamura est transféré dans un hôpital proche pour être opéré en urgence. Il meurt peu de temps après à l’aéroport de Jalalabad où il attendait son transfert vers la base américaine de Bagram. Attaullah Khogyani, porte-parole du gouvernement, annonce la nouvelle : "Le Docteur Nakamura est mort des suites de ses blessures reçues dans l’attaque armée de ce matin". Les 5 personnes qui l’accompagnaient dont des gardes du corps, le conducteur et un passager décéderont également.
La fusillade, qui survient après la mort d’un travailleur humanitaire dans un bombardement à Kaboul, n’a pas été revendiquée. Les talibans, par l’intermédiaire de Suhail Shaheen, condamnent fermement cette attaque et réfutent toute implication en insistant sur leurs "bonnes relations" avec les organisations "contribuant à la reconstruction de l’Afghanistan".
Mitsuji Fukumoto, membre de l’ONG PMS (Peace Japan Medical Services) dont Nakamura était le directeur, souligne que les motifs restent incertains : "nous ne savons pas s’il s’agit simplement d’un vol ou d’un conflit d’intérêts". Deux organisations sont néanmoins suspectées : Daech qui bien qu’affaiblit reste présent dans les environs de Jalalabad, et un groupe de talibans s’opposant aux négociations de paix entre les talibans et les Etats-Unis.
Touché à la poitrine, Nakamura est transféré dans un hôpital proche pour être opéré en urgence. Il meurt peu de temps après à l’aéroport de Jalalabad où il attendait son transfert vers la base américaine de Bagram. Attaullah Khogyani, porte-parole du gouvernement, annonce la nouvelle : "Le Docteur Nakamura est mort des suites de ses blessures reçues dans l’attaque armée de ce matin". Les 5 personnes qui l’accompagnaient dont des gardes du corps, le conducteur et un passager décéderont également.
La fusillade, qui survient après la mort d’un travailleur humanitaire dans un bombardement à Kaboul, n’a pas été revendiquée. Les talibans, par l’intermédiaire de Suhail Shaheen, condamnent fermement cette attaque et réfutent toute implication en insistant sur leurs "bonnes relations" avec les organisations "contribuant à la reconstruction de l’Afghanistan".
Mitsuji Fukumoto, membre de l’ONG PMS (Peace Japan Medical Services) dont Nakamura était le directeur, souligne que les motifs restent incertains : "nous ne savons pas s’il s’agit simplement d’un vol ou d’un conflit d’intérêts". Deux organisations sont néanmoins suspectées : Daech qui bien qu’affaiblit reste présent dans les environs de Jalalabad, et un groupe de talibans s’opposant aux négociations de paix entre les talibans et les Etats-Unis.
"Nous ne choisissons pas les endroits où tout le monde veut aller, mais plutôt ceux où personne ne va et où l'aide est attendue désespérément"
Né en 1946 à Fukuoka, Tetsu Nakamura étudie à l’université de Kyushu. En 1984 il se rend au Pakistan pour venir en aide aux lépreux. Il ne quittera plus cette région du globe et multipliera les interventions humanitaires en allant souvent au-delà de son domaine de compétences. "La faim, la sécheresse… La médecine ne peut pas traiter tous ces problèmes. Nous avons compris que nous devions aller plus loin que le champ étroit de la médecine" confiait-il à NHK (télévision japonaise).
Rapidement, l’aide proposée par son ONG franchit les frontières du Pakistan. En 1991 Nakamura ouvre 3 cliniques dans la région montagneuse de l’Est de l’Afghanistan. Il passe un temps considérable à l’éducation et l’entrainement des équipes médicales, toujours en respectant les cultures et les coutumes locales : "Nous n’avons pas vraiment de philosophie sur le comportement à adopter. Cependant, ce qui est clair, c’est que les choses doivent être faites du point de vue des habitants et que nous devons respecter leur culture et leurs valeurs pour que notre travail soit vraiment bénéfique" (citation PMS website).
Les projets du docteur se multiplient. Dysenterie et choléra sévissent à cause d’une eau contaminée. Mais grâce aux fonds récoltés, 1600 puits sont creusés pour garantir une eau saine. Treize autres serviront à l’irrigation des terres victimes de la sécheresse.
Fin 2001 les Etats-Unis frappent l’Afghanistan. Devant l’afflux de réfugiés à Kaboul il crée l’"Afghan Fund for Life" qui continuera à distribuer de la nourriture malgré les frappes aériennes. 150.000 personnes sont ainsi nourries jusqu’en février 2002.
Cette initiative est complétée en 2002 par le "Green Ground Project" qui a pour but de réhabiliter les villages ruraux afghans dévastés par la sécheresse. Selon Nakamura, remettre sur pied ce secteur est le besoin le plus pressant. De l’agriculture dépend la nourriture, la santé et l’économie : une question de vie ou de mort pour l’Afghanistan. C’est un travail titanesque fini en 2010 qui, encore aujourd’hui, nécessite des ajustements. Mais les progrès sont extrêmement encourageants : un canal de 25 km, 16.500 hectares de terres irriguées, 1 million d’arbres plantés pour contrôler l’érosion. Au total 650.000 agriculteurs bénéficient de ces mesures.
En 2003 Tetsu Nakamura fut récompensé par le prix Nobel asiatique Ramon Magsaysay pour la paix et la compréhension internationale. Il fut également nommé citoyen d’honneur de l’Afghanistan en octobre dernier par le président Ashraf Ghani.
Rapidement, l’aide proposée par son ONG franchit les frontières du Pakistan. En 1991 Nakamura ouvre 3 cliniques dans la région montagneuse de l’Est de l’Afghanistan. Il passe un temps considérable à l’éducation et l’entrainement des équipes médicales, toujours en respectant les cultures et les coutumes locales : "Nous n’avons pas vraiment de philosophie sur le comportement à adopter. Cependant, ce qui est clair, c’est que les choses doivent être faites du point de vue des habitants et que nous devons respecter leur culture et leurs valeurs pour que notre travail soit vraiment bénéfique" (citation PMS website).
Les projets du docteur se multiplient. Dysenterie et choléra sévissent à cause d’une eau contaminée. Mais grâce aux fonds récoltés, 1600 puits sont creusés pour garantir une eau saine. Treize autres serviront à l’irrigation des terres victimes de la sécheresse.
Fin 2001 les Etats-Unis frappent l’Afghanistan. Devant l’afflux de réfugiés à Kaboul il crée l’"Afghan Fund for Life" qui continuera à distribuer de la nourriture malgré les frappes aériennes. 150.000 personnes sont ainsi nourries jusqu’en février 2002.
Cette initiative est complétée en 2002 par le "Green Ground Project" qui a pour but de réhabiliter les villages ruraux afghans dévastés par la sécheresse. Selon Nakamura, remettre sur pied ce secteur est le besoin le plus pressant. De l’agriculture dépend la nourriture, la santé et l’économie : une question de vie ou de mort pour l’Afghanistan. C’est un travail titanesque fini en 2010 qui, encore aujourd’hui, nécessite des ajustements. Mais les progrès sont extrêmement encourageants : un canal de 25 km, 16.500 hectares de terres irriguées, 1 million d’arbres plantés pour contrôler l’érosion. Au total 650.000 agriculteurs bénéficient de ces mesures.
En 2003 Tetsu Nakamura fut récompensé par le prix Nobel asiatique Ramon Magsaysay pour la paix et la compréhension internationale. Il fut également nommé citoyen d’honneur de l’Afghanistan en octobre dernier par le président Ashraf Ghani.
L’incompréhension
Considéré par l’ONU comme "un acte insensé de violence contre un homme qui a dédié une grande partie de son existence à aider", l’assassinat de Nakamura provoque l'indignation.
Les hommages affluent, sur twitter beaucoup d’Afghans témoignent : "Le docteur Nakamura a bâti des rivières pour que les gens vivent, ces rivières sont maintenant pleines de larmes", "nous avons perdu un héros, nous n’oublierons jamais ton dévouement, tes luttes et tes efforts pour redonner la prospérité à notre pays" …
Oncle Mourad, comme l’appelaient ses amis est également salué par le président afghan qui le considère comme "l’un des plus proches amis de l’Afghanistan". Le Premier ministre japonais Shinzo Abe confie être choqué par sa mort et déclare : "En tant que médecin, M. Nakamura a réalisé de grandes choses".
La disparition de Tetsu Nakamura suscite une grande tristesse, mais son travail acharné laisse un héritage fabuleux. "Je ne connais que Kyushu et l’Est de l’Afghanistan" disait-il en plaisantant. Oncle Mourad connaissait en vérité une chose essentielle et un peu oubliée : l’amour de son prochain.
Les hommages affluent, sur twitter beaucoup d’Afghans témoignent : "Le docteur Nakamura a bâti des rivières pour que les gens vivent, ces rivières sont maintenant pleines de larmes", "nous avons perdu un héros, nous n’oublierons jamais ton dévouement, tes luttes et tes efforts pour redonner la prospérité à notre pays" …
Oncle Mourad, comme l’appelaient ses amis est également salué par le président afghan qui le considère comme "l’un des plus proches amis de l’Afghanistan". Le Premier ministre japonais Shinzo Abe confie être choqué par sa mort et déclare : "En tant que médecin, M. Nakamura a réalisé de grandes choses".
La disparition de Tetsu Nakamura suscite une grande tristesse, mais son travail acharné laisse un héritage fabuleux. "Je ne connais que Kyushu et l’Est de l’Afghanistan" disait-il en plaisantant. Oncle Mourad connaissait en vérité une chose essentielle et un peu oubliée : l’amour de son prochain.