La mère, l'enfant, le sommeil et l'allaitement

Communication de notre partenaire WIM*


Par Céline Dalla Anna / WIM Rédigé le 26/03/2016 (dernière modification le 25/03/2016)

L'Organisation Mondiale de la Santé recommande l'allaitement exclusif au sein de bébé durant les six premiers mois de la vie. Pas facile pour une jeune maman, aujourd'hui! Comment prendre le temps d'allaiter? La fatigue, voire l'épuisement maternel est un motif fréquent de consultation des jeunes mères. C'est également l'une des premières causes d’arrêt de l’allaitement maternel.
Les mères, souvent influencées par leur entourage, peuvent être amenées à penser que l'allaitement est la cause de cette fatigue. Que faut-il savoir au sujet du sommeil de la mère et de l’enfant durant l’allaitement? Quelles solutions pour "survivre" à cette période éprouvante de la vie de jeune mère?


Le sommeil est un processus qui évolue tout au long de la vie

Illustration. Image du domaine public.

Allaitement et sommeil.mp3  (258.9 Ko)

Un nouveau-né dort en moyenne 18 heures par jour dont 2 à 3h consécutives maximum. Il existe de grandes variations individuelles dans la première partie de la vie (les "petits dormeurs" qui dorment 8h par jour et les "gros dormeurs" qui dorment jusqu’à 20h par jour!).
Cette différence est déjà beaucoup moins importante aux alentours de 12 mois. A cet âge, les études montrent que les enfants dorment en moyenne entre 10 et 14h par jour.

La qualité du sommeil évolue, elle aussi, en fonction de l’âge de l’enfant. Plus l’enfant est jeune, plus la proportion de sommeil léger est importante. Un nouveau-né passe plus de la moitié de son temps total de sommeil en sommeil léger. C’est durant cette phase que la croissance cérébrale est maximale. Plus la maturité du bébé augmente, plus la proportion de sommeil lent, profond augmente et plus les phases d’éveil sont importantes.


Les phases de sommeil

Il est important de savoir que le nouveau-né qui s’endort passe par une phase de sommeil léger d’environ 20 minutes avant d’entrer en sommeil profond. Durant cette première phase de sommeil, il est susceptible d’être réveillé à la moindre stimulation. Il est donc préférable d’attendre la phase de sommeil profond pour le poser dans son lit sans le réveiller; mais attention, les phases de sommeil profond ne durent pas très longtemps, le sommeil léger restant majoritaire à cet âge!

Le sommeil du nouveau-né est réparti de manière équivalente le jour et la nuit. Ce n’est qu’au bout de quelques mois que le rythme "nuit-jour" se met en place. Les études montrent que plus on tente de réguler le sommeil des tout-petits, plus le cycle "nuit-jour" se met en place tard... Tout vient à point à qui sait attendre!
Les attentes des parents concernant le sommeil des enfants en bas-âge, souvent culturelles, sont simplement irréalistes... ce qui peut induire de l'inquiétude.

A retenir: à 3 mois, quelques bébés commencent à dormir parfois 5h consécutives; à 5 mois, 50% des bébés dorment 8h consécutives durant quelques nuits; à 12 mois, 27% des bébés ne dorment pas régulièrement entre 22h et 6h et 13% des bébés ne dorment pas régulièrement plus de 5h consécutives.

La nourriture et le sommeil de l’enfant

A la naissance, le nouveau-né sort d’une période durant laquelle il était nourri en continu par le placenta. Il doit "apprendre" à réguler - entre autres - sa température et sa glycémie. Ceci explique un rythme soutenu de tétées les 3 premiers jours. Avant la "montée de lait", un nouveau-né doit s’alimenter 10 à 12 fois par 24h et il n’est pas rare que les bébés tètent toutes les 40 minutes, les premiers jours de la vie.
Les mères doivent en être averties afin de s’adapter à cette situation et se méfier d’un bébé qui dormirait trop.
Le "sommeil refuge" du nouveau-né est une des premières raisons qui induit une perte de poids importante durant les 3 premiers jours occasionnant ainsi un retard à la "montée de lait" et un risque important d’engorgement chez la mère.

La composition du lait d’un mammifère est une composante d’espèce. Son sommeil aussi! Autrement dit, la composition du lait de femme est très spécifique aux besoins du nouveau-né. La particularité de l’être humain est qu’il nait prématurément.
La première partie de la vie est une sorte de "gestation extra-utérine". En effet, le petit humain n’est pas suffisamment mature pour se déplacer seul avant plusieurs mois. Durant cette longue période, c’est la croissance cérébrale qui va monopoliser le plus d’énergie. Pour cela, il a besoin principalement de nourriture pour son cerveau, c’est-à-dire de lactose. Aussi, le lait de femme est-il particulièrement riche en lactose (7% de lactose contre 4% de graisse et 1% de protéines).
Le lactose étant très digeste, l’estomac est vide vingt minutes après la tétée, et le bébé peut de nouveau être prêt à se ravitailler (c’est ce que l’on appelle les "tétées groupées"; elles peuvent durer jusqu’à 2h voir plus). Suite à un groupe de tétées, la vidange des seins étant de plus en plus importante, la part de graisse augmente progressivement. Ceci permet alors à l’enfant d’accumuler de l’énergie plus durable pour dormir 1 à 2h consécutives. La méconnaissance des "tétées groupées" amène souvent les parents à penser, à tort, que leur enfant à des coliques ou que le lait maternel n’est pas suffisant.


Les préparations pour nourrisson à base de lait animal ont des proportions de lactose, graisse et protéines bien différentes de celle du lait de femme. Ceci induit un "effort" de digestion plus important, ce qui a pour corollaire de modifier le sommeil de l’enfant en augmentant, de manière anti-physiologique, la proportion de sommeil profond. Mais la quantité totale de sommeil est identique que l’enfant soit allaité par la mère ou non: c’est la répartition qui est différente.

Il faut souligner qu’une meilleure connaissance de la physiologie du sommeil de l'enfant durant l'allaitement, permet aux jeunes parents de mieux comprendre la réalité de la vie avec un jeune enfant. Ce faisant, moins inquiets du comportement de leur bébé, les parents sont moins susceptibles de remettre en question les capacités nourricières des mères. Cela favorise la poursuite de l’allaitement conformément aux objectifs parentaux et aux recommandations de l’OMS qui préconise l’allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois et, en complément de la diversification alimentaire, jusqu’à au moins 2 ans.

Céline Dalla Anna
Sage femme, Grasse, France
* wim.mc






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