Seul un ancien commandant de la PJ de Marseille pouvait rendre au mieux la description de Marseille entre les deux guerres (un peu aussi avant, un peu aussi après).
Jean-Louis Pietri, avec passion, humour, amour nous fait dans son dernier opus un portrait au vitriol de la cité phocéenne à l'aube du cinéma parlant.
Tout y passe, en de savoureuses et sanglantes anecdotes dont on sort complètement abasourdi. La deuxième ville de France, à l'époque, n'avait rien à envier à Chicago! Al Capone et le duo Spirito-Carbone, même combat!
Quelques savoureuses, "avé' l'assent", confidences d'un malfrat à la retraite, quelques aveux (on espère pour l'auteur pas recueillis sur l'oreiller) distillés par une ancienne coquette tarifée du Vieux-Port achèvent de nous séduire, comme pour mieux nous plonger dans ce que la Ville avait de plus noir, sale, poisseux, inavouable, immoral.
A la lecture savoureuse et jubilatoire de ce pavé historique, rien ne manque, même pas les odeurs que l'on peut facilement deviner, entre relents d'égouts iodés, de pastis, de cuisine, de stupre et de luxure, toutes conditions sociales confondues.
Le tout sous le regard bienveillant, on vous le donne Émile, de la Bonne Mère, des politiques pourris jusqu'à la trogne, et l'arbitrage de la Maison Poulaga qui trouvait çà et là, rien n'a changé depuis, mille et une raisons de tirer les ficelles. Quitte à y laisser quelques plumes...
De la naissance du racket au trafic d'opium (on sait que la French Connection trouvera son épilogue ici dans les années pompidoliennes) tout ce que le bassin méditerranéen comptait en bandes, contrebande, s'en donnait à cœur-joie.
Abrutis d'alcool, de tabac, de paresse, d'avidité, de cupidité, de soleil, de Mistral, italiens et corses rivalisaient de rouerie, ingéniosité, parfois même de naïveté, pour s'en mettre plein les poches, la pègre trouvant dans cette immense plate-forme portuaire le terrain idéal pour acheminer, refourguer came et armes.
Bonjour et merci à la guerre d'Espagne qui a vu déferler argent sale, pots de vin, les bandes rivales (Scorpions verts, Bande noire... déjà, à l'époque on avait le sens des couleurs) n'hésitant pas à jouer du revolver pour assoir leur autorité ou leur notoriété.
Les pages - les plus savoureuses peut-être - sont consacrées au "pain des fesses", la prostitution. La ville natale de Fernandel et de Gaston Deferre comptait en ces années là 80 maisons spécialisées. Lyon, à la même époque faisait figure de parent pauvre avec ses 6 ou 7 claques officiels.
On est loin du Marseille de Pagnol et de Raimu... Plus véridique sera le "Justin de Marseille" de Tourneur (1934), "Borsalino" de Jacques Deray (1970) tirant trop vers l'opérette... Un vrai film sans concession sur le duo Spirito-Carbone restant à faire. Sans rire, qui jouerait Tino Rossi entonnant l'"Ave Maria" de Gounod aux obsèques de Carbone, au milieu des Allemands, putes et souteneurs?
Par-dessus tout transpire la misère des corps et des âmes, une industrie laissant derrière elle les savonneries réputées, un chiffre d'affaire mirobolant, monstrueux, une triste réalité, entre chômage et argent facile pour les julots, terreau idéal à la grande explosion de 1939.
Aucune once d'ennui à la lecture de ce monument qui devrait être étudié dans les écoles de Police et de Gendarmerie, figurer dans les musées, les universités, partout!
Encore une fois, sous la plume alerte et vivifiante de Jean-Louis Pietri, l'histoire, pas si petite que cela, nous renvoie notre image. Pour un recadrage, un déboulonnage en règle, un règlement de compte et un immense cri d'amour et de fascination par une ville qui n'a pas fini de nous livrer ses secrets, même les plus inavouables.
Jean-Louis Pietri, avec passion, humour, amour nous fait dans son dernier opus un portrait au vitriol de la cité phocéenne à l'aube du cinéma parlant.
Tout y passe, en de savoureuses et sanglantes anecdotes dont on sort complètement abasourdi. La deuxième ville de France, à l'époque, n'avait rien à envier à Chicago! Al Capone et le duo Spirito-Carbone, même combat!
Quelques savoureuses, "avé' l'assent", confidences d'un malfrat à la retraite, quelques aveux (on espère pour l'auteur pas recueillis sur l'oreiller) distillés par une ancienne coquette tarifée du Vieux-Port achèvent de nous séduire, comme pour mieux nous plonger dans ce que la Ville avait de plus noir, sale, poisseux, inavouable, immoral.
A la lecture savoureuse et jubilatoire de ce pavé historique, rien ne manque, même pas les odeurs que l'on peut facilement deviner, entre relents d'égouts iodés, de pastis, de cuisine, de stupre et de luxure, toutes conditions sociales confondues.
Le tout sous le regard bienveillant, on vous le donne Émile, de la Bonne Mère, des politiques pourris jusqu'à la trogne, et l'arbitrage de la Maison Poulaga qui trouvait çà et là, rien n'a changé depuis, mille et une raisons de tirer les ficelles. Quitte à y laisser quelques plumes...
De la naissance du racket au trafic d'opium (on sait que la French Connection trouvera son épilogue ici dans les années pompidoliennes) tout ce que le bassin méditerranéen comptait en bandes, contrebande, s'en donnait à cœur-joie.
Abrutis d'alcool, de tabac, de paresse, d'avidité, de cupidité, de soleil, de Mistral, italiens et corses rivalisaient de rouerie, ingéniosité, parfois même de naïveté, pour s'en mettre plein les poches, la pègre trouvant dans cette immense plate-forme portuaire le terrain idéal pour acheminer, refourguer came et armes.
Bonjour et merci à la guerre d'Espagne qui a vu déferler argent sale, pots de vin, les bandes rivales (Scorpions verts, Bande noire... déjà, à l'époque on avait le sens des couleurs) n'hésitant pas à jouer du revolver pour assoir leur autorité ou leur notoriété.
Les pages - les plus savoureuses peut-être - sont consacrées au "pain des fesses", la prostitution. La ville natale de Fernandel et de Gaston Deferre comptait en ces années là 80 maisons spécialisées. Lyon, à la même époque faisait figure de parent pauvre avec ses 6 ou 7 claques officiels.
On est loin du Marseille de Pagnol et de Raimu... Plus véridique sera le "Justin de Marseille" de Tourneur (1934), "Borsalino" de Jacques Deray (1970) tirant trop vers l'opérette... Un vrai film sans concession sur le duo Spirito-Carbone restant à faire. Sans rire, qui jouerait Tino Rossi entonnant l'"Ave Maria" de Gounod aux obsèques de Carbone, au milieu des Allemands, putes et souteneurs?
Par-dessus tout transpire la misère des corps et des âmes, une industrie laissant derrière elle les savonneries réputées, un chiffre d'affaire mirobolant, monstrueux, une triste réalité, entre chômage et argent facile pour les julots, terreau idéal à la grande explosion de 1939.
Aucune once d'ennui à la lecture de ce monument qui devrait être étudié dans les écoles de Police et de Gendarmerie, figurer dans les musées, les universités, partout!
Encore une fois, sous la plume alerte et vivifiante de Jean-Louis Pietri, l'histoire, pas si petite que cela, nous renvoie notre image. Pour un recadrage, un déboulonnage en règle, un règlement de compte et un immense cri d'amour et de fascination par une ville qui n'a pas fini de nous livrer ses secrets, même les plus inavouables.